"Qui dit digital, dit cloud...", a lancé l'un des intervenants lors d'une table ronde. Pour dire que le cloud est désormais une part incontournable du paysage IT. Il en vrai que le cloud est omniprésent dans les préoccupations des DSI, y compris dans le monde des ERP, comme en attestent les nombreux témoignages recueillis par nos confrères d'Alliancy en parallèle de la Cloud Week. Nous avons retenu l'un de ces témoignages, celui de Didier Pawlak, DSI du groupe Pénélope, qui se spécialise dans les métiers de l'accueil. Pour éditer les quelque 7 000 bulletins mensuels, le système de paie repose depuis décembre dernier sur une solution cloud. "L'externalisation nous permet d'avoir un ERP à jour des évolutions législatives régulières dans ce domaine et évite la mise en œuvre d'une infrastructure", commente Didier Pawlak. En fait, chaque renouvellement de contrat de maintenance est l'opportunité pour la DSI d'aller un peu plus loin dans le cloud. Le logiciel de trésorerie est externalisé chez l'éditeur, tout comme l'ERP de recrutement Talentsoft, sans compter les serveurs de messagerie Microsoft Office 365.
"À mon sens, il devrait y avoir deux DSI, l'une prête à lâcher la partie technique et plus proche du business et une autre qui puisse gérer toute la partie 'legacy'. Trop souvent perçue comme un centre de coût, la DSI devrait être vue comme des entités métiers de l'entreprise capables de profiter des opportunités techniques pour gagner en compétitivité", estime Didier Pawlak.
Un DSI technophile ou proche des métiers ?
Les deux, sans aucun doute. C'est ce qui ressort de la table ronde intitulée "Image et compétitivité de la DSI : peut-on ré-enchanter la relation avec les métiers ?", qui réunissait Laurent Bédé, directeur innovation et nouveaux usages chez Hermès, Fabien Ramos, DSI d'Ingenico, Damien Giroud, directeur France solutions datacenters de la division ITD de Schneider Electric et Michaël Pressigout, CIO de l'Institut Pasteur autour d'Antoine Jacquier, associé de Nuagéo et modérateur.
De G. à D : Antoine Jacquier, associé de Nuagéo et modérateur, Michaël Pressigout, CIO de l'Institut Pasteur, Damien Giroud, directeur France solutions datacenters de la division ITD de Schneider Electric, Laurent Bédé, directeur innovation et nouveaux usages chez Hermès et Fabien Ramos, DSI d'Ingenico
Pour Damien Giroud, le seul non-DSI autour de la table mais autoproclamé "meilleur ami de ceux-ci", "le DSI doit être informaticien, mais aussi électricien, climaticien etc.". En d'autres termes polyvalent. Le sujet irrite un peu Fabien Ramos, qui constate qu'auparavant les DSI étaient dans une relation maître/esclave avec la direction générale et qu'aujourd'hui ils veulent être proches des métiers. "Je suis plutôt pour un retour des informaticiens à l'informatique... il vaut mieux qu'ils connaissent l'informatique et la technologie", estime-t-il. "On rencontre de plus en plus de gens des métiers qui font de l'informatique. Chez Ingenico, nous réembauchons des informaticiens. Il faut aussi les rassurer quant à leur employabilité". En des termes moins tranchés, Michaël Pressigout acquiesce : "il est vrai que l'on oublie trop souvent le côté technologique. En ce qui me concerne, je suis DSI de l'Institut Pasteur depuis 7 ans. J'avais alors une vision de mon rôle très orientée services. J'ai repositionné les sujets technologiques en faisant appel à mes experts, qui avaient vécu auparavant une période de défaut de crédibilité vis-à-vis des métiers. Puis, nous avons évolué vers moins de technologie et plus vers l'avenir de l'analyse biomédicale. Dans ce cadre, j'ai monté un centre d'expertise et de recherche en informatique pour faire une diffusion de compétences, ce qui a recréé du lien avec les métiers. Et cette diffusion des compétences a généré de nouveaux usages. Nous avons opéré notre transformation de cette manière".
Faut-il nécessairement que le DSI siège au comité exécutif (comex) de l'entreprise ? Les avis sont partagés et plutôt flous sur cette question. Si Fabien Ramos y attache peu d'importance, Michaël Pressigout estime qu'il "faut être opportuniste et savoir sentir les possibilités de collaboration avec les métiers. Il convient de commencer petit et de travailler en mode agile". De son côté, Laurent Bédé conseille "d'oublier les discours de peur ultra-conservateurs et de commencer à parler d'évaluation des risques avec les membres du comex". Damien Giroud résume en affirmant que "quoi qu'il en soit, le DSI va avoir de quoi 's'éclater dans son job', dans la période qui s'ouvre".
Quant au côté technophile, Laurent Bédé estime que le DSI doit le rester, car "le cloud et les autres technologies n'ont pas d'aspect magique. Si l'on veut que la DSI retrouve ses lettres de noblesse, il faut qu'elle ajoute une corde à son arc avec l'agilité. Si la DSI veut ré-enchanter les métiers, elle doit se positionner comme un moteur de l'innovation". Un avis partagé par Fabien Ramos, qui est "partisan de mettre de la technologie au sein du comex. La technologie s'introduit en fait dans tous les secteurs de l'entreprise. Les membres du comex doivent comprendre qu'ils doivent murir eux-aussi et faire aussi un pas dans cette direction". Michaël Pressigout est plus réservé et pense "qu'en comex il ne faut passer pour le technophile".
Transformation à tous les étages
Temps fort de la journée, l'intervention de Christel Heydemann, présidente de Schneider Electric France. Sur le thème "mon entreprise, ma transformation numérique et moi", la dirigeante a détaillé les divers pans de la transformation de son entreprise. "Dans un groupe comme Schneider Electric, on porte deux transformations : la numérique et l'énergétique", a-t-elle souligné. "Et c'est vecteur de nombreux changements". Des changements qui imposent, selon elle, à tout un chacun, à un moment ou à un autre, de passer de droitier à gaucher ou inversement.
Christel Heydemann, présidente de Schneider Electric France
Elle recense trois grands chantiers : celui des RH, avec les nouveaux outils, la collaboration etc., qui "fait prendre conscience que les données sont une monnaie et que la donnée n'est utile que si elle est partagée". Mais elle estime que "ce n'est pas le plus difficile". Autre chantier majeur, celui de la relation client. La clientèle de Schneider Electric va de l'artisan électricien aux grands acteurs du cloud, comme Salesforce, IBM ou Microsoft, ce qui complexifie sérieusement la transformation numérique. Enfin, la transformation liée à l'IoT (Internet of Things) est sans doute le chantier majeur pour Christel Heydemann : "quand tous les produits qu'on vend deviennent interconnectables et connectés, il faut innover", lance-t-elle. "Et dans le monde du hardware c'est différent de celui du service : il faut que les produits puissent durer 20 ans ou plus". Après une première phase au cours de laquelle de nombreuses Apps ont été créées, l'adoption n'était pas forcément au rendez-vous. "Il nous a donc fallu nous intéresser aux usages, ce qui nous a amenés à créer une architecture commune pour tous les objets liés à l'IoT, ainsi qu'une organisation interne destinée à aider les unités métiers à mettre l'IoT en place". Christel Heydemann insiste sur la nécessité de savoir gérer le temps lors d'une transformation : "Faire des plans à 10 ans, c'est trop long. Il faut faire des plans à 3 à 5 ans", précise-t-elle. Et de conclure : "la transformation numérique n'est jamais qu'un moyen, pour économiser de l'énergie, dans notre cas. La technologie nous permet par exemple de gagner jusqu'à 60 % d'électricité au siège de notre entreprise à Rueil Malmaison". Une finalité à ne jamais perdre de vue.
Benoît Herr
Eurocloud France en passe de rejoindre Cloud Community Europe
En février dernier, l'association Eurocloud Luxembourg est devenue Cloud Community Europe – Luxembourg : au vu des évolutions intervenues dans le monde du cloud européen, les associations Eurocloud de plusieurs pays ont décidé de créer cette nouvelle association, baptisée Cloud Community Europe. Dans le cadre de la Cloud Week Paris région 2017, Eurocloud France a invité cette nouvelle association à organiser son premier kick-off européen à Paris, le 6 juillet dernier. Plusieurs pays, dont l'Espagne, les Pays-Bas ou la Pologne, ont déjà rejoint Cloud Community Europe et il n'est pas impossible qu'Eurocloud France fasse de même assez rapidement. La décision reste cependant subordonnée à l'approbation du conseil d'administration de l'association.
BH