"Le monde de l'ERP et des technologies d'entreprise sont à un point d'inflexion", explique PCS en préambule. D'un côté, de nombreux éditeurs et non des moindres proposent de nouvelles technologies pour leurs solutions phares et de l'autre de nombreux DSI et autres décideurs restent sceptiques quant à la relative immaturité de ces nouveaux produits. En d'autres termes, en 2018, nous allons assister à l'émergence de nouvelles tendances intéressantes, mais nous allons aussi voir l'existant prolonger sa vie et continuer à fleurir. Voici donc la vision de PCS et plus particulièrement celle de son dirigeant, Eric Kimberling.
Les investissements dans les projets de transformation numérique vont se poursuivre
Tandis que l'économie mondialisée poursuit son chemin, que de plus en plus d'entreprises sont à la recherche de croissance et que les investissements en capital vont continuer à prendre de l'ampleur, les organisations seront plus enclines à investir dans leur transformation numérique. Parmi les autres facteurs contribuant à cette tendance, on peut noter que des entreprises de plus en plus nombreuses atteindront les limites de leurs systèmes hérités, qui bien souvent datent du début des années 2000, et que de plus en plus de secteurs d'activité vont entreprendre une transformation majeure, poussés en cela par le marché. Pour s'en convaincre, il suffit de penser au secteur de la grande distribution, qui se bat contre la disruption créée par Amazon et plus généralement par la tendance au e-commerce tous azimuts. Ces divers facteurs vont inciter de plus en plus d'entreprises à reconsidérer leur stratégie en matière de logiciels d'entreprise à l'aube de la nouvelle année et au-delà.
L'ERP dans le cloud va atteindre un point critique
Aux États-Unis, on observe une tendance à aller vers des systèmes dans le cloud depuis plusieurs années maintenant. C'est toutefois un peu moins vrai en France, où la tendance existe, certes, mais reste très timide. C'est en tout cas ce que montre l'étude annuelle de CXP Group sur le sujet, menée tous les ans en partenariat avec erp-infos.com, qui montre que les installations on-premise restent ultra-majoritaires : voir "Étude ERP du CXP 2017" pour plus d'information.
Dans ce contexte, PCS considère que 2018 sera la première année où les principaux éditeurs vont mettre les bouchées doubles sur leur offre cloud. SAP S4/HANA, Oracle Cloud, Microsoft Dynamics 365 ou encore Infor Cloud ne sont que quelques exemples de produits phares ayant été promus de manière plutôt agressive par les éditeurs leaders du monde des ERP. Seule ombre au tableau : la relative immaturité de ces produits et l'absence de visibilité sur des projets en production et éprouvés. Il faut y ajouter que les décideurs ont toujours tendance à privilégier leur zone de confort et préféreront bien souvent une installation on-premise au risque potentiel que représente une installation dans le cloud. Pour Eric Kimberling, l'année qui s'annonce pourrait bien être celle où l'une de ces tendances contradictoires l'emportera et où les systèmes dans le cloud seront plus largement acceptés – ou au contraire celle où la tendance à aller vers le cloud fera long feu.
De plus en plus d'organisations seront contraintes d'abandonner leur ancien système ERP
Si de plus en plus d'éditeurs d'ERP investissent dans des solutions cloud d'un côté, il est fort probable que ces mêmes éditeurs vont restreindre leur investissement en R&D dans un certain nombre d'autres produits, souvent anciens. Par exemple, des produits qui en sont au crépuscule de leur vie comme Oracle EBS, Great Plains de Microsoft (uniquement disponible aux États-Unis – NdlR) ou Prelude d'Epicor (lui aussi non distribué en France – NdlR) sont susceptibles d'être victimes d'un désintérêt assez rapide de la part de leurs éditeurs respectifs, que ce soit en développement ou en support. Les éditeurs seront moins enclins à apporter de nouvelles fonctionnalités à ces produits ou à assurer leur support sur le long terme, sachant qu'ils sont en fin de vie. En conséquence, de nombreuses organisations en concluront qu'elles n'ont guère le choix et qu'il va leur falloir passer sur des technologies plus modernes. Si l'on additionne ce constat aux deux autres points évoqués plus haut, les décideurs devraient avoir tendance à remettre en question leur système et à faire le choix d'une technologie susceptible de leur assurer un support sur le long terme.
De plus en plus d'entreprises rejetteront l'ERP
Le corollaire au moins partiel du point précédent est que si la tendance va être à migrer vers des systèmes basés sur des technologies plus actuelles, il s'en trouvera aussi un certain nombre pour remettre carrément en question leur système ERP classique. Leur relation historique, souvent de 20 ans ou plus, avec les ERP monolithiques traditionnels est tout sauf un long fleuve tranquille. Jalonnée d'embûches et de défis variés et fréquents, les entreprises n'auront peut-être pas envie de repartir pour un cycle du même genre et lorgneront sur les alternatives aux ERP. Parmi celles-ci, des systèmes pour lesquels une montée de version ne constitue pas un casse-tête, des systèmes qui font la part belle au BPM (Business Process Reengineering) ou encore des solutions métier. Quelles que soient les solutions alternatives envisagées, PCS estime qu'en cours d'année prochaine l'accent sera mis par les décideurs sur des réponses plus immédiates à des problèmes opérationnels, de terrain, et à la récolte de fruits plus immédiatement accessibles.
Les organisations sont de plus en plus allergiques à la conduite du changement
Pour Eric Kimberling, il s'agit là de la tendance la plus intéressante et la plus surprenante qu'il lui ait été donné d'observer sur le marché. De plus en plus d'organisations deviennent de toute évidence allergiques au terme "conduite du changement", alors même qu'elles sont tout à fait conscientes de la nécessité d'accompagner les aspects humains de la transformation numérique. D'un côté elles voient bien le risque qu'il y a à ne pas accompagner le changement, mais de l'autre elles sont souvent échaudées par leurs expériences passées en la matière.
Autrement dit, on peut considérer que le conduite du changement souffre d'un problème d'image et de marketing, qui commence dès que l'on utilise des expressions plus précises, comme "mise à niveau des collaborateurs", "groupe de travail de transition", "mise en place de processus business" ou d'autres encore. Quoi qu'il en soit, les mots restent des mots et il est d'autant plus important que les organisations prennent conscience de la nécessité d'une conduite du changement efficace, un domaine dans lequel Eric Kimberling estime que la plupart des éditeurs d'ERP, de consultants et d'intégrateurs ne sont pas très bons.
2018, année de transition
Les tendances évoquées ci-dessus ne constituent que les plus importantes aux yeux de PCS, qui en conclut que l'année devrait être passionnante car comme dans toute transition il va falloir que le DSI navigue parmi tous ces changements en cours pour rendre son entreprise plus compétitive.
Benoît Herr, d'après "Top Predictions for the ERP Software Industry in 2018" de Panorama Consulting Solutions