Organisé par le pôle de compétitivité Systematic Paris-Region, le Paris Open Source Summit est soutenu par les principales associations représentatives de l'écosystème, notamment le CNLL (Conseil National du Logiciel Libre), organisation représentative de la filière économique du logiciel libre en France. On peut y trouver un programme de conférences très complet et diversifié, allant des conférences plénières aux ateliers techniques en passant par des conférences écosystème, techniques ou solutions. Ces dernières permettent notamment de découvrir des ERP Open Source comme Axelor, Nexedi ou Dolibarr.
Un certain nombre d'événements associés viennent compléter le dispositif : le Forum RH, la Student Demo Cup ou encore des réunions ouvertes, du comité Open Source de Syntec Numérique ou de la députée Paula Forteza. À noter aussi la présence de villages, dédiés à OW2, à l'innovation francilienne ou aux technologies appliquées au droit. Appelé Legaltech, ce dernier propose des pitchs, des ateliers et des conférences thématiques.
Le marché
À l'occasion de l'Open Source Summit, le CNLL, Systematic Paris-Région et Syntec Numérique commanditent annuellement une étude visant à mettre en évidence le poids économique de la filière Open Source, son impact sur l'ensemble de l'économie et notamment sur l'emploi et l'innovation. Elle a été réalisée par PAC (CXP Group) et des chercheurs des universités de Valenciennes et Lyon 3.
Elle met en évidence une croissance du chiffre d'affaires en France de 8 % entre 2016 et 2017. Le chiffre d'affaires généré par le secteur en 2017 est estimé à 4,5 milliards d'euros, dont 4,2 milliards en services et 278 millions en édition de logiciels, soit 10 % (9,9 %, pour être précis) du marché IT français. Sur la période qui s'ouvre et jusqu'en 2021, PAC prévoit une croissance annuelle de +8,1 % pour l'ensemble de la filière (+12,6 % pour l'édition et +7,8 % pour les services), ce qui représente environ le double des prévisions de croissance pour l'ensemble du secteur du numérique (4,2 %).
Lorsqu'on compare ce marché à celui des autres pays européens, la France se positionne devant le Royaume-Uni et l'Allemagne, que ce soit en valeur absolue (4,5 milliards en France contre 4,2 au Royaume-Uni et 4,0 en Allemagne) ou en part de l'Open Source dans le marché IT global (9,9 % en France contre 6,5 % au Royaume-Uni et 6,4 % en Allemagne). Ce tiercé de tête devrait rester le même d'ici 2021, la France devant passer à 11,50 % de parts de son marché IT en 2021.
Le secteur du logiciel libre et Open Source poursuit donc sa croissance en s'appuyant sur ses positions historiques dans l'infrastructure, le middleware et le Web. Il reste tiré par ses fondamentaux que sont la mutualisation des coûts, l'interopérabilité et l'indépendance vis-à-vis des fournisseurs, mais trouve aussi de nouveaux relais de croissance de par son implication dans les nouveaux segments de marché technologiques, comme le le Big Data, l'intelligence artificielle, les nouvelles générations d'outils de développement orientés DevOps ou les technologies cloud.
Au-delà des enjeux économiques du libre, les entreprises de la filière partagent toujours les valeurs du monde de l'Open Source que sont la transparence, l'ouverture et la collaboration et sont souvent en première ligne sur des sujets transversaux comme la souveraineté numérique de la France et de l'Europe, la neutralité du Net, l'interopérabilité ou la transparence des algorithmes.
L'emploi autour du libre
Le secteur a représenté 45 000 équivalents temps plein en 2017 et les perspectives de croissance évoquées ci-dessus laissent prévoir un besoin de recrutement net de 4 000 personnes par an d'ici 2021, pour atteindre 56 500 équivalents temps plein en 2021.
Les postes les plus recherchés sont ceux de développeurs, avant les chefs de projets et les administrateurs systèmes. Mais des recherches de data scientists commencent à émerger. Les recherchent portent surtout (à 63 %) sur de l'emploi qualifié, c'est-à-dire des profils Bac +5 et plus. Il est intéressant de noter que l'emploi local et de proximité est privilégié, ce qui est caractéristique d'une économie de services. La sous-traitance et l'offshore restent marginaux. Enfin, 44 % des répondants identifient un manque de compétences techniques et juridiques comme le principal frein au développement du logiciel libre en France. Un effort autour de la formation semble donc s'imposer.
Le taux d'adoption
Les principales motivations des entreprises à adopter le logiciel libre sont la maîtrise et la ré-internalisation des systèmes d'information (82 % des répondants), la mutualisation et la rationalisation des investissements logiciels (82 % des répondants souhaitent mutualiser et réduire les coûts de développement) et l'accélération des programmes d'innovations stratégiques (70 % des répondants).
Les principaux freins à l'adoption du libre sont le manque de référencement par les directions achats des entreprises, l'incertitude des utilisateurs sur la maintenance et le support et le manque de compétences techniques et juridiques évoqué plus haut.
Selon l'enquête, l'Open Source est un levier majeur d'innovation numérique pour 72 % des répondants. L'impact du logiciel libre sur la transformation numérique des organisations et sur l'innovation est lié à l'avance technologique dans des secteurs clés comme le Big Data, les API ouvertes, le social business, la blockchain, les services cloud, l'agilité de l'IT ou l'intelligence artificielle. Les technologies sur lesquelles le logiciel libre devrait créer le plus de valeur à l'horizon 2020 sont le traitement de données, les outils de développement et les applications métiers.
Benoît Herr