En préambule de la conférence de presse semestrielle de Syntec Numérique, son président Godefroy de Bentzmann, a annoncé avec fierté "une croissance de 3,4% en 2017 pour le secteur des logiciels et services, un taux record depuis 2011, soutenu par les projets de transformation numérique, de plus en plus nombreux". Dans le détail, l'édition de logiciels a généré 4,4 % de croissance, le conseil en technologie 4,2 % et le conseil et les services 2,9 % (voir schéma 1), dans un marché évalué à 53,9 milliards d'euros. Le marché a également été porteur en termes d'emplois, avec 9 000 créations nettes d’emplois en 2016 et plus de 3 440 demandeurs d’emploi formés et recrutés en 2017 via la Préparation Opérationnelle à l’Emploi (POE), soit près de 11 900 personnes en 4 ans.
Schéma 1 (cliquez pour agrandir)
En 2018, une forte croissance devrait venir du secteur du conseil en technologie. Et Godefroy de Bentzmann de citer les SMACS avec plus de 16 % de croissance et les projets de mise en conformité règlementaire, en particulier le RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données), dont on rappelle que la date d'entrée en vigueur est fixée au 25 mai 2018, et qui devrait générer près d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires en logiciels et services en 2018. Mais le SaaS continue à porter la croissance chez les éditeurs de logiciels, alors que le on-premise a tendance à stagner. Dans le détail, l'édition de logiciels reste en tête en termes de croissance avec 4,7 % de croissance prévue, suivie du conseil en technologie à 4,5 % et du conseil et des services avec 3,0 % (voir schéma 2).
Schéma 2 (cliquez pour agrandir)
Cap sur la formation
Si le secteur – qui compte 447 000 salariés – est créateur d'emplois, et ce pour la septième année consécutive, il fait preuve de cruelles difficultés à recruter et d'un grand manque de compétences adaptées. C'est ce que rappellent une nouvelle fois les dirigeants du syndicat, comme par exemple Gilles Mezari, administrateur de Syntec Numérique, pour qui "les besoins des ESN sont lies a l'accompagnement des clients autour de la donnée et il y a un manque de formation évident". Ces éléments limitent les perspectives de croissance, comme le pensent 65 % des entreprises. Chez les éditeurs, les difficultés à trouver les compétences sont même passées de 28 % au premier trimestre à 49 % au troisième trimestre 2017. Les besoins et les manques concernent les nouvelles technologies, comme l'IoT par exemple, car les compétences requises sont en évolution dans le secteur : parmi les métiers sur lesquels existent le plus de tensions on peut citer les architectes de systèmes d'information, les data scientists ou encore les spécialistes de la sécurité.
Godefroy de Bentzmann, président de Syntec Numérique
Pour Soumia Malinbaum, administratrice de Syntec Numérique, "la formation est un levier stratégique. C'est pour cela que le secteur consacre 5 à 6 % de son chiffre d'affaires à la formation continue, contre 2 % pour l'ensemble des entreprises, tous secteurs confondus". Divers dispositifs sont mis en œuvre par le syndicat, parfois via l'association Pascaline, qui réunit 85 établissements d'enseignement supérieur autour de Syntec Numérique et de Cinov-IT. Et d'insister sur la promotion des métiers auprès du public féminin, car "le secteur ne compte que 27 % de femmes, contre 46,9 % pour l'ensemble de l'économie", ajoute Soumia Malinbaum.
Prêt pour le RGPD ?
Une étude IDC indique que 42 % des entreprises se déclarent pas prêtes pour le RGPD, ce qui ne laisse pas de surprendre Godefroy de Bentzmann, qui estime qu'il y en a beaucoup plus. "En réalité, très peu d'entreprises seront prêtes en 2018 et la CNIL en est consciente". Thierry Siouffi, président du collège ESN, rappelle "qu'il importe d'avoir initié une démarche réelle et sérieuse" pour prouver sa bonne fois et laisse sous-entendre qu'une certaine tolérance sera de mise au début de la mise en application du règlement.
Des ressentis partagés par l'avocat Alain Bensoussan, qui intervenait dans une autre conférence de presse, organisée par la Ficime (Fédération des entreprises internationales de la mécanique et de l'électronique) sur le sujet, qui avoue estimer à quelque 90 % le ratio des organisations qui ne seront pas prêtes au 25 mai prochain. Il met les entreprises en garde car il pense que le nombre des actions judiciaires dans le domaine de la protection des données à caractère perso va augmenter, du fait du changement d'échelle dans le montant des amendes.
Benoît Herr