Grandes tendances
En 2017, les ERP ont continué à évoluer et à intégrer de nouveaux concepts, de nouvelles fonctionnalités et de nouvelles technologies comme l'IA (Intelligence Artificielle), l'IoT ou le machine learning ont fait leur apparition en leur sein. Même si certaines de ces avancées sont encore timides, la tendance est bien là. L'automatisation des processus et l'amélioration de la visibilité ont contribué à réduire les coûts et à améliorer la productivité des entreprises.
L'essor de l'ERP intelligent : un ERP dit "intelligent" diffère des ERP classiques en cela qu'il intègre des possibilités telles que l'Internet des objets (IoT), le machine learning, de l'IA ou encore des capacités analytiques permettant d'exploiter le Big Data. Il en découle des possibilités d'analyse et de prévision améliorées, qui se traduisent par une optimisation des processus et de l'utilisation des ressources. Cette nouvelle génération d'ERP devrait connaître un succès grandissant.
Nombreux sont ceux qui pensent que l'ERP dans le cloud connaîtra un tournant cette année. C'est le cas par exemple du cabinet de conseil américain spécialisé dans les ERP Panorama Consuling Solutions, qui estime que les grands éditeurs, SAP, Oracle et Microsoft en tête, vont mettre les bouchées doubles sur leurs solutions cloud (voir 2018, année de transition). Cela se vérifie notamment déjà pour Oracle, qui espère faire passer tous ses clients ERP sur une architecture cloud à terme (voir Oracle et ses ERP). Des freins à l'adoption du cloud subsistent cependant encore, quoi qu'en disent les éditeurs, comme par exemple les réticences des directions générales, qui restent souvent attachées à leur solution on-premise. Les analystes estiment toutefois que cette situation pourrait changer cette année et que les dirigeants pourraient être plus sensibles aux arguments comme la disponibilité ou la synchronisation des données facilités, qui font d'un ERP dans le cloud un avantage majeur pour des entreprises internationales. Citons également l'utilisation d'une occurrence unique du système, accessible depuis une poste de travail via un browser ou des unités mobiles, ou la facilité de déploiement dans de nombreux endroits du monde. À noter que les avantages du cloud sont également de nature à séduire les PME, coûts et vitesse d'implémentation en tête.
Les traitements en mémoire (in-memory) constituent une autre tendance : les vitesses de traitement accélérées (multipliées par un facteur 100 à 1 000 par rapport à un stockage classique) que fournit cette technologie vont de pair avec l'accroissement des volumes de données à traiter. Et de plus, la consolidation des données, toutes forcément stockées en mémoire, est facilitée et permet d'exploiter des analyses plus pertinentes en quasi-temps réel. Au-delà du in-memory, les ERP devraient continuer à s'enrichir fonctionnellement, en particulier dans les domaines de la sécurité des données, de la mobilité, de l'automatisation des processus et des interfaces utilisateurs – la fameuse UX, ou expérience utilisateur.
La transformation numérique dans un contexte de globalisation de l'économie est porteuse de changement d'ERP potentiel au sein des entreprises, les systèmes en place montrant souvent leurs limites. La mobilité et le besoin d'accès ubiquitaire à son ERP constituent d'autres moteurs de ces projets, d'autant que ces technologies deviennent matures aujourd'hui.
Bonnes pratiques à mettre en œuvre
Au chapitre des bonnes résolutions et quel que soit le point où l'on se trouve dans son projet ERP, voire dans la phase d'exploitation de celui-ci, les bonnes pratiques sont toujours les bienvenues afin de limiter les risques et augmenter ses chances de succès.
Comme par exemple mettre l'accent sur la formation et la veille. Le risque d'échec est plus élevé si le projet est conduit par des personnes insuffisamment formées et/ou expérimentées au contexte et à la conduite d'un projet ERP. Sans nécessairement avoir recours à des formations formalisées et couteuses, une veille s'impose. Il existe de nombreuses ressources en ligne, souvent gratuites – au-delà de notre site... – ou des conférences dans des salons spécialisés, pour se documenter sur les bonnes pratiques et les problématiques comme la conduite du changement, le choix d'un ERP ou les avantages de l'ERP dans le cloud. Permettez à vos équipes d'y allouer le temps nécessaire.
Car les échecs ne viennent pas, le plus souvent, de la technologie, mais bien des personnes : et quand bien même le projet serait mené à son terme, c'est la phase de démarrage, avec son lot de résistance au changement, qui le mettra potentiellement en péril. Une gestion efficace du changement s'impose, avec une stratégie basée entre autres sur la formation, la communication, une étude d'impact et une réorganisation des processus. Là encore, les coûts ne sont pas nécessairement importants, surtout si on les compare aux possibles conséquences d'une négligence de la gestion du changement.
Ne cédez pas à la pression : c'est vous qui maîtrisez le planning et non l'éditeur, qui cherche à vous faire signer au plus vite, essentiellement parce que le vendeur doit boucler son chiffre du trimestre. Pas plus que l'utilisateur qui vous incite à lui fournir des livrables au plus vite pour des motifs divers. Prenez le temps d'élaborer un planning solide et réaliste, de mettre les ressources nécessaires en face, de définir des étapes intermédiaires et des indicateurs. En menant le projet à votre rythme, sans précipitation, mais sans perdre de temps non plus, vous gagnerez à la fois de l'argent et du temps sur le long terme. C'est votre projet. C'est vous qui lui imprimez son rythme.
Dans le même registre, ne cédez pas aux sirènes des éditeurs pour qui, à les écouter, en dehors du cloud point de salut, par exemple (cf. supra). Il importe de rester critique par rapport aux messages que portent les avant-ventes et les commerciaux. Mais les éditeurs ne sont pas les seuls à distiller des messages biaisés : c'est l'ensemble du marché qui réagit avant tout à des intérêts économiques. Même la presse professionnelle – et il m'en coûte de l'admettre – obéit parfois à des intérêts économiques. Il y a fort longtemps trônait déjà dans la rédaction une affichette qui disait : "sans publicité, les journaux professionnels seraient plus faciles à lire : il n'y en aurait pas". Et la situation n'a guère changé depuis.
Enfin, un œil extérieur nuit rarement : un consultant indépendant saura apporter une vision différente et objective à votre projet. Et ce à tous les stades : définition de stratégie, choix d'un système, mise en place, gestion du changement, voire mise à plat d'un système devenu inextricable. Là encore, l'investissement peut se révéler payant, surtout si on le compare à la perte potentielle de temps et de ressources en restant enfermé sur soi-même.
Benoît Herr