Syntec Numérique surfe aujourd'hui sur son succès "en quelques années, nous avons doublé le nombre de nos adhérents", se félicite Godefroy de Bentzmann. Ce nombre dépasse désormais les 2 000, grâce notamment à l'adhésion de nombreuses start-up, qui bénéficient d'un tarif préférentiel de 200 euros annuels contre 600 pour les TPE et 50 000 pour les grands groupes. "Nous avons notre propre définition de la start-up", précise Laurent Baudart, délégué général de Syntec Numérique. "Une entreprise de moins de 3 ans, comptant moins de 10 salariés et générant moins de 300 000 euros de CA annuel. Et nous enregistrons 30 à 40 nouvelles adhésions tous les mois et un taux de recouvrement de 98,2 %, ce qui est un record.". Godefroy de Bentzmann explique ce succès par "une offre originale et unique, comme par exemple une assurance du crédit impôt recherche contre le contrôle fiscal".
Syntec Numérique se positionne donc comme l'interlocuteur privilégié dans le secteur des logiciels et services. "Nous sommes les leaders, mais ouverts à toutes les propositions et nous serons heureux de collaborer avec d'autres structures". En disant cela, Godefroy de Benzmann pense notamment à Tech In France (ex-AFDEL), qui avait fait l'objet d'une tentative de rapprochement avortée. Mais le syndicat patronal veut aller plus loin : "Nous pourrions élargir notre représentativité à tous les éditeurs mais aussi à des acteurs d'autres secteurs, comme l'automobile, la chimie ou de la restauration ; le numérique n'est pas une activité verticale", ambitionne le président.
Quant aux instances officielles, il se félicite de la prise en compte et de l'importance du numérique dans la politique du gouvernement et du président actuels, car ce n'était pas le cas précédemment. "On se souvient de l'élection de 2012, dont le numérique était dramatiquement absent", dit-il. Mais il demeure très circonspect voire critique quant aux pouvoir de Mounir Mahjoubi, le secrétaire d'État au numérique, aux possibilités du Conseil national du Numérique, aujourd'hui en panne suite à la démission de sa présidente, Marie Ekeland, le 19 décembre dernier, et de la quasi-totalité de ses membres. "Il y a beaucoup de gens qui veulent faire avancer les choses. Mais le CNNum fait du sociétal et n'est pas tourné vers le business", estime Godefroy de Bentzmann.
Godefroy de Bentzmann, président de Syntec Numérique (à D) et Laurent Baudart, délégué général de Syntec Numérique
Dans ce contexte, l'idée de Syntec Numérique est de dynamiser le secteur en regroupant notamment sous un même toit les grands acteurs du numérique en France et en particulier les trois principaux syndicats du secteur que sont la FFT (Fédération Française des Télécoms), l'AFNUM (Alliance Française des Industries du Numérique) et donc Syntec Numérique, pour faciliter la collaboration et les projets communs. Autrement dit, "le hard, les télécoms et les logiciels et services, que nous représentons", insiste Godefroy de Bentzmann.
Quatre chantiers prioritaires
Se félicitant également de la croissance de 3,4 % en 2017 du secteur des logiciels et services (voir Syntec Numérique mise sur 3,6 % de croissance en 2018), un chiffre qu'il a fallu revoir à la hausse en cours d'année, le président de Syntec Numérique a annoncé quatre grands chantiers pour l'année qui s'ouvre :
- l'économie des données, dont naturellement la mise en conformité au RGPD. "Nous avons annoncé notre idée de rassembler tous les acteurs impliqués sur le sujet, quel que soit leur avis, pour déterminer comment concilier protection des données personnelles et innovation dans les entreprises", explique Godefroy de Bentzmann. "Il y aura plusieurs débats sur le sujet, dont l'anonymisation des données personnelles. Nous avons rencontré plusieurs fois la CNIL à propos du RGPD et avons de bons rapports avec elle". Mais le sujet du moment, pour le syndicat, est la responsabilité des sous-traitants dont la reponsabilité, rappelons-le, peut engagée et pour lesquels "la situation n'est pas claire et la tendance des donneurs d'ordres est naturellement de se défausser sur eux", d'après le président.
- la formation professionnelle et la reconversion. "Dans les années à venir, les individus vont changer de métier plusieurs fois dans leur vie. C'est un défi qu'il faut relever dès maintenant, mais on est confronté à un énorme conservatisme sur le sujet", commente Godefroy de Bentzmann. Syntec Numérique a de nombreuses initiatives dans ce domaine et compte bien ne pas en rester là (voir Syntec Numérique mise sur 3,6 % de croissance en 2018) ;
- la modernisation du dialogue social, avec notamment la mise à profit des nouveaux outils que fournissent les ordonnances réformant le Code du travail ;
- et enfin, un chantier plus interne : "s'adapter à un monde qui change très vite" : pour le président, "il faut repenser notre manière de travailler et nous transformer en tant que syndicat".
Le syndicat a donc le vent en poupe et compte bien profiter de ce mouvement pour conserver la tête dans le secteur. Pour cela, il reste encore du pain sur la planche.
Benoît Herr