Mais l'ERP a aussi fait l'objet de deux sessions parmi les douze proposées, qu'on se rassure. Et lors de cette édition point de démonstrations, souvent lénifiantes, mais essentiellement des témoignages utilisateurs.
Déployer un ERP dans le cloud pour maîtriser le budget
Telle était la thématique de la première de ces deux sessions. Elle réunissait Isabelle Saint-Martin, chef de marché ERP chez Sage, Jeremy Jeanjean, évangéliste produits chez IFS, Stéphane Leroux, responsable des ventes chez Allgeier ES, un client SAP mais aussi l'un de ses partenaires, et Armelle Soustiel, analyste financière chez Actility et utilisatrice de la solution Netsuite. Chacun était venu avec son cas utilisateur.
Dans son introduction, Patrick Rahali, director and market leader ERP au CXP, a rappelé les enjeux de l'ERP pour l'entreprise et insisté sur l'importance du cloud, de la donnée, des services métier, de la simplicité d'usage et de la réactivité. "Nous sommes dans un marché qui connait une croissance de 3 à 5 % par an, mais la croissance des ERP cloud est estimée à 14,7 % par an jusqu'en 2020". Et c'est sur le cloud public que le taux de croissance est le plus important, avec 20 à 30 % annuels. "Autrement dit, le cloud est en train de gagner beaucoup de terrain, notamment le cloud public", insiste Patrick Rahali, qui rappelle également que le paysage des ERP se métamorphose, avec la fin annoncée du support de certaines solutions on-premise par les éditeurs, éditeurs qui transforment leurs offres. "Et par ailleurs, on observe de nouveaux entrants sur ce marché, comme Workday ou Netsuite", poursuit l'orateur.
Le robot Pepper sait compter et même deviner le chiffre entre un et dix que vous avez choisi.
Et de conclure sur trois points à retenir : "il faut avant tout choisir une solution qui réponde au besoin de l'entreprise et ne pas se focaliser a priorisur le cloud, exploiter les avantages du cloud en rationalisant l'organisation et mesurer les risques dans tous les domaines : interopérabilité, TCO, rôle de l'intégrateur, gestion du changement, contrats..."
À propos de Netsuite, le témoignage d'Armelle Soustiel fût des plus intéressants. Arrivée il y a deux ans dans cette jeune société spécialisée dans les réseaux IoT, en croissance exponentielle, pour faire de l'analyse financière, on l'a également chargée de mettre en place un système de gestion. "J'ai commencé par faire un état des lieux et comme nous vendons du cloud, il m'a semblé logique d'opter pour une solution ERP dans le cloud. En outre, au vu de notre croissance exponentielle, je voulais une solution qui soit en mesure d'accompagner cette croissance". La société voulait aussi être "propriétaire" de sa solution, non pas au sens premier du terme, mais sur le plan fonctionnel, c'est-à-dire pouvoir prendre la main dessus pour gérer des workflows ou des KPI par exemple.
C'est sur ces critères que la solution Netsuite a été retenue en octobre 2016, date de la signature du contrat, soit quelque trois mois après le rachat de l'éditeur par Oracle. Le projet a été mené en six mois, avec le concours de l'intégrateur Audaxis (plus d'information sur cet intégrateur belge ici). "Ça a été intense", se souvient Armelle Soustiel, "mais nous étions le client idéal, puisque nous partions de rien". Envisagée au départ pour faire de la finance, la solution a vu son périmètre fonctionnel élargi ultérieurement et "aujourd'hui je me retrouve avec un ERP. J'ai donc beaucoup gagné", estime Armelle Soustiel qui met en garde sur l'importance de la gestion du changement, car "le consensus mou est un frein à l'adhésion totale".
Chez Allgeier ES, importante ESN allemande (580 M€ de chiffre d'affaires pour 800 collaborateurs et 3 000 clients, présente dans 30 pays, filiale du groupe Allgeier SE) spécialisée dans l'ERP et évidemment partenaire SAP, on a mené un projet franco-allemand dans un premier temps, avec comme objectif d'étendre l'utilisation de la solution aux autres pays ultérieurement. "Nous sommes partis sur un cloud public avec SAP", explique Stéphane Leroux. "Ça n'a pas été simple, mais SAP apporte une version tous les trimestres, automatiquement, et met à disposition une plate-forme technologique et la possibilité de faire du développement et de l'EAI. Ce sont ces atouts qui nous ont décidés à opter pour SAP Cloud Platform".
Le projet a été déployé en trois mois sur le cœur ERP et les premiers retours en interne sont très positifs, notamment sur l'optimisation de la saisie des temps. "Mais les bénéfices vont bien au-delà. Les retours d'expérience sont très riches et nos services financiers sont en train de tester une solution de machine learning pour automatiser la réconciliation", conclut Stéphane Leroux.
Transformer l'ERP en une plateforme connectée et collaborative
Lors de son introduction, Frantz Killi, directeur de mission au CXP, a rappelé le caractère structurant de l'ERP et son rôle premier, qu'il estime être l'amélioration des performances financière et opérationnelle de l'entreprise, et insisté sur le manière de trouver les ressources nécessaires pour faire évoluer son ERP vers une plate-forme connectée et collaborative. S'il faut, à une degré ou un autre, investir dans une nouvelle plate-forme, il peut aussi s'avérer nécessaire de faire des économies sur l'existant. Pour Frantz Killi, "un équilibre entre présent et futur est nécessaire", mais il faut aussi "chercher le meilleur compromis entre l'ERP généraliste et l'ERP métier". Et de conclure en rappelant l'importance d'une définition exhaustive des objectifs et du périmètre du projet ainsi que du respect des règles d'or des projets informatiques et de la gestion du changement.
Sophie Kong, chef de projet en excellence opérationnelle et amélioration continue chez BigMat France, était venue apporter son témoignage de mise en place et d'utilisation de la solution Infinity de Divalto, un témoignage sur lequel nous reviendrons en détail lors d'une prochaine édition.
Ce que disent les sondages
Brice Teinturier, directeur général délégué France d'Ipsos
Comme à chaque édition du Forum CXP, un invité VIP a assuré la plénière de l'après-midi. Cette année, il s'agissait de Brice Teinturier, directeur général délégué France de l'institut de sondages Ipsos. Accueilli sur scène par le petit robot Pepper, il était venu évoquer le numérique et s'est déclaré plutôt surpris par les résultats de ses propres études, plus positifs qu'attendu. Le sondeur a présenté un patchwork de plusieurs études Ipsos portant sur le numérique, des études dont les résultats, assez massivement positifs, ne laissent pas de l'étonner : "surtout dans un pays marqué par la différence et une certaine tendance à l'auto-dénigrement". Par exemple, à la question du bouleversement provoqué par l'essor des techniques numériques, de l'informatique et de l'Internet, les Français répondent à 76 % qu'ils le vivent comme une opportunité pour leur entreprise, à 68 % pour leur emploi et à 75 % pour l'économie française.
Le ressenti des Français sur la place de la France en Europe à propos de l'économie numérique a été une autre occasion de se déclarer surpris pour Brice Teinturier, "eu égard à la tendance au pessimisme chronique en France". Si un peu moins de la moitié des répondants (48 %) estiment que notre pays est plutôt en retard sur le sujet, une courte majorité (52 %, donc) est de l'avis contraire. Et parmi ceux-ci ils sont 7 % à estimer que nous sommes plutôt en avance par rapport à nos voisins. Et Brice Teinturier de conclure : "la France est un pays pessimiste mais technophile".
Benoît Herr