SAP, dont le directeur général pour la France, Gérald Karsenti, rappelle qu'il est prévu que deux milliards d'euros soient engagés en France pour l'innovation dans les cinq ans à venir, a inauguré récemment son accélérateur de start-up parisien, dans des locaux du 9e arrondissement, sur 3 rue Moncey : plus de 275 m2 y sont dédiés, incluant un "design thinking room" des salles de réunion et un jardin intérieur. Le lieu est stimulant et favorise l'échange entre les start-up.
"Nous avons trois façons d'investir en France", explique Gérald Karsenti : "racheter des sociétés, comme ce fut le cas pour Recast.AI, qui propose aux développeurs une plate-forme collaborative de création de chatbots, et qui a été la première start-up sortant de Station F à être rachetée, financer des start-up, comme Andjaro ou Shippeo, en entrant à leur capital, ou accélérer des start-up. C'est le rôle de SAP.iO Foundry. Cet accélérateur de start-up est très important car il permet de fréquenter des entrepreneurs qui prennent des risques. Et la France est très recherchée dans ce domaine, pour ses talents et pour sa capacité à avoir des idées".
Construire un écosystème complémentaire
SAP.iO Foundry est un réseau mondial d'accélérateurs de start-up destiné à construire des logiciels innovants au travers de jeunes pousses déjà matures. Aujourd'hui, il en existe cinq (cf. carte) : San Francisco, New-York, Berlin, Tel-Aviv et désormais Paris, qui supportent plus de 75 start-up. Chaque centre se spécialise dans un domaine. L'an prochain, SAP va ouvrir un nouveau centre en Asie, mais sa localisation ne peut pas encore être dévoilée, ainsi qu'un autre, ailleurs en Europe.

L'objectif de SAP est loin d'être philanthropique mais est clairement de favoriser "la construction d'un écosystème complémentaire aux solutions du catalogue, étendant celui-ci et donc la valeur pour les clients", explique Sébastien Gibier, directeur de SAP.iO Foundry France, qui travaille sur cette mission depuis deux ans et précise qu'il dispose d'une représentation à Station F "pour repérer les start-up intéressantes".
Un programme sur dix semaines
Pour les start-up, l'intérêt de la démarche est d'accéder aux clients SAP, qui "a une empreinte forte dans les grands comptes mais aussi dans les PME/PMI", poursuit Sébastien Gibier. Alexa Gorman, en charge des SAP.iO Foundries en Europe et responsable des financements de start-up confirme que la création de la Business Unit SAP.iO en 2016 a été réalisée pour favoriser les produits complémentaires à l'offre SAP. "Nous proposons trois services aux start-up : l'aide à la vente, l'aide à l'utilisation des technologies et des API de SAP et l'accès à nos clients". Elle ne communique toutefois pas sur les montants investis dans ce programme.
Les start-up retenues à l'issue du processus de sélection bénéficient d'un programme sur 10 semaines dans les trois domaines précités. Assez soutenu, ce programme est piloté par deux mentors que les start-up se choisissent parmi les 12 proposés. À l'issue du programme, elles sont libres et peuvent continuer à dialoguer aves les équipes de SAP. "L'objectif est que la start-up rejoigne l'app-center de SAP et intègre l'écosystème", insiste Sébastien Gibier.

Une première vague de six start-up matures (appelée "cohorte") a été lancée en octobre 2018. "Nous avions 70 dossiers de candidature pour n'en retenir que six. Le jury est constitué de 25 personnes présentes sur une journée (12 le matin, 12 l'après-midi), pour moitié issues de SAP et pour moitié externes, venant notamment de l'écosystème. Nous retenons des start-up matures, disposant déjà d'une équipe commerciale, et pas celles qui en sont au stade du PoC ou de l'idée", se souvient Sébastien Gibier. La prochaine cohorte verra le jour au printemps 2019, sur une nouvelle thématique. Il est prévu qu'il y en ait ainsi deux par an.
Les six start-up constituant la première "cohorte" sont :
- Brennus Analytics : issue de Station F, elle propose une solution d'optimisation des prix de vente mettant à profit l'IA ;
- Citodi, qui développe une solution d'optimisation de tournées en temps réel mettant elle aussi à profit l'IA. L'algorithme attribue les missions au fil de l'eau et s'adapte à l'ensemble des contraintes ;
- Energiency, une solution d'intelligence énergétique s'adressant aux grosses entreprises industrielles et utilisant des algorithmes apprenant des données énergétiques ;
- Scortex, qui propose une solution de "qualité intelligente" innovante permettant l'automatisation des inspections visuelles de chaînes de production ;
- Supervizor, dont le produit d'audit contrôle automatiquement les écritures, se connecte à tous les ERP, extrait des données, les enrichit et les restitue à l'utilisateur. La solution participe du mouvement vers un contrôle automatisé, sans interaction avec le contrôlé ;
- Wakeo, une plate-forme SaaS de tracking en temps réel des conteneurs dans le monde. Grâce à des algorithmes originaux et au machine learning, elle enrichit les informations fournies par les capteurs pour anticiper et gérer par exception les déviations et les retards.
Benoît Herr