SAP assurera, contractuellement, l'assistance sur ECC (ERP Central Component) jusqu'en 2025. Au-delà, il faudra avoir évolué vers S/4HANA pour bénéficier du support. Mais d'ores et déjà, le maintien de ce support n'implique pas pour autant l'accès aux dernières innovations de l'éditeur, qui consacre l'essentiel de ses ressources de R&D à S4/HANA. Bill McDermott, CEO, avait qualifié S4/HANA à sa sortie de "lancement le plus important que l'entreprise ait connu depuis 23 ans, voire même le plus important de toute l'histoire de l'éditeur".
Pour diverses raisons, bon nombre d'utilisateurs sont réticents à l'idée de passer à S/4HANA. Généralement satisfaits de leur système en place, ils ne voient pas l'intérêt d'investir dans une migration, d'autant qu'ils considèrent le plus souvent S4/HANA comme un simple "upgrade" et non comme une solution complètement différente. En réalité S/4HANA est le support de la transformation numérique de l'entreprise et à des implications majeures sur la stratégie.
Delaware ne tarit pas d'éloges
Non seulement le livre blanc démonte-t-il une à une les craintes et les idées présentées comme fausses que se font les utilisateurs, mais le prestataire ne voit en S4/HANA que des avantages. S4/HANA coûte cher ? "Certes, mais les effets positifs se font ressentir sur le long terme, ce qui rend leur portée effective difficilement appréciable au départ. Le coût de la migration pour les utilisateurs SAP existants est certes plus élevé que pour les mises à jour périodiques, mais beaucoup plus abordable que le montant à débourser pour mettre en place un nouveau système de zéro".
Il faut tout refaire ? "C'est faux", affirme Delaware. "La crainte selon laquelle la migration pourrait compromettre des années d'efforts cumulés est compréhensible. Le code
personnalisé devra être migré avec soin au moment du passage à S/4HANA et peut effectivement être déplacé progressivement au cours de la migration globale". Chez TVH Consulting, autre intégrateur, notamment de SAP, on souligne que plus le système ECC en place continue d'être enrichi, plus l'effort de migration devra être important. Et d'insister sur la disponibilité des consultants SAP qui, si elle est aujourd'hui encore bonne, le sera de moins en moins au fur et à mesure que la date fatidique va approcher. Même son de cloche chez Swisscom, entreprise de télécommunications helvétique majeure, qui œuvre également dans l'intégration SAP, et qui relève que la pénurie ne saurait conduire qu'à une flambée des prix.
La migration va nécessiter beaucoup de temps ? Si elle est évidemment éminemment variable d'une entreprise à l'autre, la durée de la migration se chiffrera certainement en mois. Mais "le temps
d'interruption du système est très court. Le transfert en lui-même se fait pendant le week-end et cause dès lors très peu de désagréments à l'entreprise. Les activités se poursuivent normalement pendant la
procédure de migration", rassure Delaware.
Au chapitre des avantages que Delaware trouve à S4/HANA, relevons le temps réel et l'exploitation de l'IoT (Internet des objets). "La technologie in-memory SAP HANA est conçue pour traiter instantanément de grandes quantités de données et facilite une collaboration efficace", insiste le livre blanc. Une autre caractéristique de S/4HANA réside dans l'expérience utilisateur améliorée grâce à Fiori. Cette interface propose une expérience utilisateur grand public à base de rôles pour tous les secteurs d'activité, tâches et appareils. Elle avertit par ailleurs les utilisateurs lorsqu'il y a des tâches urgentes à accomplir et les aide à prendre des décisions éclairées à partir des données.
Schéma 1 (cliquez pour agrandir)
Après avoir détaillé les étapes de la migration et insisté sur l'évaluation technique du système en place et des spécifiques, et non sans évoquer l'offre du prestataire, le livre blanc conclut que bien que le passage à S/4HANA devienne obligatoire pour les utilisateurs ECC actuels d'ici 2025, "les sociétés disposent d'une marge de manœuvre confortable pour planifier et réaliser leur migration à leur guise. Chaque client profitera d'une plateforme finale et de conditions de migration uniques".
Pour se faire une idée des avantages et des inconvénients des deux solutions, voir le schéma 1.
Un support au-delà de 2025 ?
Tout le monde n'est cependant pas convaincu de l'arrêt du support de ECC pour 2015. Ainsi en va-t-il par exemple d'Andrew Powell, general manager APAC (Asie-Pacifique) chez Rimini Street, entreprise qui se spécialise dans le support alternatif, essentiellement sur les produits Oracle et SAP (voir Aller au-delà du support) , qui rappelle que déjà en 2014, SAP avait étendu le support de ECC 6/Business Suite de 5 ans, de 2020 à 2025, "ce que la plupart des observateurs analysaient alors comme une réponse de l'éditeur à la demande des clients, qui voulaient plus de temps pour absorber et évaluer le changement de direction produit vers HANA et S/4HANA".
Les 100 plus gros clients de SAP dans le monde sont certainement ceux qui seront le plus impactés par cette fin de support en 2025. Mais ce sont aussi ceux qui ont le plus d'influence sur SAP. Il serait raisonnable que ces entreprises démarrent leur projet de migration dans les deux ans à venir pour tenir la date de 2025, mais toutes ne vont sans doute pas le faire. Ce sont aussi elles qui ont le plus à perdre à quitter un produit robuste, qui répond très bien à leurs besoins. C'est ce qui fait dire à Andrew Powell qu'une extension du support au-delà de 2025 va sans doute être annoncée dans les quelques années à venir.
Car en maintenant sa deadline de 2015, SAP va courir le risque que sa base installée aille voir si l'herbe est plus verte ailleurs ou a minima opte pour une solution hybride, dans laquelle le cœur ECC serait complété par des solutions innovantes, émanant sans doute d'autres éditeurs. Et Andrew Powell de prêcher pour sa paroisse en indiquant que les sociétés de prestations de support alternatif comme la sienne sont à même d'assurer le service 15 ans au moins au-delà de la date fatidique.
Benoît Herr