Vers le multicloud
2018 a été une année importante pour le cloud, avec des avancées majeures qui en ont fait un levier encore plus important des stratégies informatiques que déploieront les entreprises. De nombreux DSI ont parié sur la possibilité d'utiliser plusieurs fournisseurs concomitamment alors même qu'ils ne savaient pas si ces différents environnements étaient interopérables. Cette année encore, la tendance est clairement à l'utilisation simultanée de plusieurs plate-formes de cloud, ce qui amène les fournisseurs à collaborer pour proposer une expérience transparente.
D'ici quelques années, la majorité des DSI devront gérer de nombreux environnements cloud, contrats de service et d'agréments de niveaux de service (SLA : Service Level Agreement), points de contact et autres flux de données, sur différentes plate-formes. Les prestataires qui sauront relever ce défi en collaborant avec leurs pairs et en éliminant les obstacles à la création d'une expérience fluide entre les différents environnements cloud auront alors le vent en poupe. "C'est dans ce schéma que cherche à s'inscrire Virtustream", explique Stéphane Ollier, senior manager, pre-sales solution architecture Europe du Sud (c'est-à-dire France, Italie, Espagne et Benelux).
Stéphane Ollier, Virtustream
Virtustream est une société d'origine américaine créée en 2009 par Rodney Rogers et Kevin Reid, rachetée par EMC en 2015, lui-même racheté comme on le sait par Dell en 2016. En 2014 elle est devenue le 7ème partenaire certifié sur SAP HANA et a lancé en 2016 la plate-forme de stockage hyper-scale Virtustream Storage Cloud. "En France, nous sommes aujourd'hui une douzaine de personnes, 400 à 500 en Europe et 2 500 dans le monde", précise Stéphane Ollier. Le chiffre d'affaires de l'entité n'est toutefois pas communiqué, car consolidé avec celui de Dell.
"Nous supportons 28 produits SAP différents et avons été les premiers à faire tourner une Business Suite dans le cloud, puis HANA dans le cloud", se satisfait Stéphane Ollier. Très orientée SAP, donc, même si ce n'est de loin pas sa seule activité, l'entreprise compte parmi ses clients emblématiques le pétrolier espagnol Repsol, Volvo, Coca Cola, General Electric, Technip... "Au total, nous dénombrons plus de 300 clients SAP et sommes aussi sous-traitants de SAP dans certains cas", ajoute Stéphane Ollier. La filiale française a démarré ses activités il y a quelque deux ans et compte aujourd'hui une quinzaine de clients, dont la filiale française de General Electric.
Mais SAP n'est pas la seule offre, même si elle représente de l'ordre de 80 % des clients : deux solutions verticales sont également proposées, Guidewire, une solution destinée aux assureurs, et Epic, dédiée quant à elle à la gestion d'hôpitaux, mais elles ne sont guère présentes en France. "Sur ces trois solutions nous assurons le service complet, c'est-à-dire incluant l'administration du logiciel. Et puis il y a aussi souvent des applications tierces complémentaires à SAP. Mais nous savons aussi héberger un Oracle ou un Infor, si le client le demande. Dans ce cas, notre service va s'arrêter au niveau de l'exploitation de la base de données. Nous n'irons pas jusqu'à l'exploitation applicative", ajoute notre interlocuteur tout en précisant que "les SLA resteront les mêmes".
Migrer vers le cloud, une priorité pour les DSI
De plus en plus d'applications historiques, de charges de travail complexes et de charges de travail critiques sont aujourd'hui transférées dans le cloud, ce qui amène les entreprises à gérer les migrations. À mesure que les applications courantes et historiques se déplacent vers le cloud, les fournisseurs doivent donc logiquement accompagner efficacement les entreprises dans cette démarche.
Virtustream est orienté "mission-critical" et l'architecture de son cloud va dans ce sens, car conçue pour répondre aux besoins complexes des entreprises. Il s'agit d'un cloud public sécurisé et donc pseudo-multi-tenant ("pseudo" parce que les espaces sont partagés, mais chaque client utilise sa propre occurrence des logiciels, qui ne sont quant à eux donc pas partagés). "Il ne s'agit pas non plus de véritable cloud public, car nous ne permettons pas aux clients de se connecter depuis n'importe où et de souscrire avec une simple carte de crédit, comme le font des fournisseurs comme AWS, Azure ou Google", précise Stéphane Ollier. D'ailleurs, les charges de travail de la zone interne ne quittent pas la zone interne (entendez du centre de calcul qui héberge l'application) et sont physiquement séparées les unes des autres. De fait, Virtustream se positionne différemment des entreprises de cloud et des outsourceurs comme IBM, T-Systems ou DXC.
"Lors de la création d'une VM 'Core', celle-ci est automatiquement en haute disponibilité et intégrée dans un programme de reprise après sinistre (ou DR - Data Recovery). Tout est pré-construit", assure Stéphane Ollier. "Nous proposons aussi les services associés, comme l'étude préalable, l'administration, l'exploitation technique de la base de données et de l'application (gestion des utilisateurs, des historiques etc.). L'idée est que l'entreprise n'ait qu'un seul fournisseur pour toutes les étapes".
SLA, μVM et facturation
Le fournisseur propose divers agréments de niveau de service pouvant aller jusque'à une disponibiité de 99,999 %. Il s'engage aussi sur les temps de réponse, qui peuvent être de trois niveaux : 0,8 seconde, 1 seconde et 1,2 seconde. Cet engagement repose sur l'utilisation d'un concept propre, appelé μVM (ou micro-VM) et sur la zone dans laquelle réside la VM (Virtual Machine), c'est-à-dire soit en DMZ (DeMilitarized Zone) soit en interne. La disponibilité est meilleure dans la zone interne et convient mieux à l'hébergement d'applications critiques tandis qu'en DMZ les applications bénéficient d'un équilibrage de charges.
Une µVM est constituée de 200 MHz de CPU, 768 Mo de mémoire, 40 IOPS (Input/output OPerations per Second ou opérations d'entrée/sortie par seconde) et de 2 Mbits/s de bande passante réseau. Cette notion de μVM est une technologie brevetée qui permet de gérer les ressources cloud, ce qui fait dire à Stéphane Ollier que "nous avons une véritable facturation à l'usage . Nous mesurons les quatre consommations précitées toutes les 5 minutes. Celles-ci sont ensuite moyennées sur le mois et nous facturons donc la moyenne de la consommation réelle, ce qui permet de lisser la consommation et d'avoir un vrai paiement à l'usage".
Planisphère (cliquez pour agrandir)
Enfin, en termes de centres de calcul, ceux de Virtustream sont répartis tout autour du globe (voir planisphère). Virtustream en possède un en France, hébergé chez Equinix, deux en Allemagne, trois à Londres, un aux Pays-Bas, et bien sûr pléthore aux États-Unis, mais aussi au Japon et ailleurs. Tous ne sont pas en propre et sont opérés par des partenaires. "En ce qui concerne les clients français, ils demandent en général à être hébergés en France. C'est ce que nous faisons, le back-up étant alors réalisé aux Pays-Bas, ce qui garantit un éloignement géographique suffisant tout en restant en Europe", précise Stéphane Ollier
Objectifs
"L'avenir est au multicloud", martèle Stéphane Ollier. C'est dans ce contexte que cherche à s'inscrire Virtustream, pour devenir à moyen terme l'orchestrateur du multicloud pour les applications critiques. L'atteinte de cet objectif passe notamment par la mise à profit du portail Xstream, disponible sous forme d'API, ce qui permet de développer le multicloud. Et bien sûr, la présence de l'entreprise étant récente dans l'Hexagone, elle cherche à se développer sur le marché français.
Benoît Herr