Vue de l'Hexagone, une manifestation de cette ampleur – 7 200 personnes réunies pendant trois jours – autour de l'ERP dans le cloud Netsuite, pas aussi développé ici, peut paraître étonnante. C'est pourtant ce qui s'est passé la semaine dernière à Las Vegas, où tous ces professionnels sont venus chercher des informations émanant de l'éditeur et de ses dirigeants, mais aussi des plus de 125 partenaires présents sur l'exposition (dont Deloitte Digital, Boomi, Visa, RSM, Worldpay... et de nombreux acteurs locaux), des représentants d'Oracle et aussi – et surtout – de leurs pairs.
Un savant mix
Placée sous le thème "Grow beyond...", c'est-à-dire "Se développer au-delà...", SuiteWorld a poussé à l'extrême la logique du show à l'américaine, mêlant interventions sérieuses, humour, vedettes du grand et du petit écran et "entertainment", dans une ville où tout est pensé pour servir ce mix.

Se développer au-delà... des objectifs, des attentes, du quotidien, du plafond de verre... se surpasser, bien sûr. Chacun pouvait imaginer ce qu'il voulait pour compléter ce slogan à sa manière. Un slogan plaçant la conférence sous le signe de la croissance, une croissance portée et supportée par les outils de Netsuite, ça va sans dire. Un slogan martelé en grand, en très grand, en énorme, dès 9 heures du matin par un groupe de funk faisant danser une troupe tout droit sortie du Bronx et un final en feu d'artifice avant l'entrée en scène d'Evan Goldberg, executive vice-president Oracle Netsuite et co-fondateur de l'entreprise en 1998.
Le ton est donné. S'il faut rester sérieux, on n'en peut pas moins s'amuser. Charité bien ordonnée commençant par soi-même, Evan Goldberg résume la croissance de Netsuite dans le temps égrenant les étapes importantes de cette aventure, tout en avouant avoir eu quelques surprises, comme par exemple : "nous avons vu les industriels utiliser notre solution bien plus que ce à quoi nous nous attendions, et il a fallu s'adapter".
"Les clients de Netsuite croissent plus vite", assène-t-il. "Aujourd'hui, nous sommes présents dans 212 pays et territoires dépendants, la solution se décline en 21 versions localisées et est utilisée par plus de 20 000 entreprises ou filiales dans le monde. Et 50 % des nouvelles filiales utilisatrices sont internationales". Puis, il détaille un plan de gestion de la croissance en cinq points : visibilité, contrôle, agilité, productivité et collaboration. Il détaille trois de ces points, pour lesquels il fait monter un client sur scène afin qu'il témoigne de sa manière de prendre à bras le corps cet aspect particulier des choses : Rob King, CFO de l'American cancer society, Shawn Assad, Global Controller and Chief Accounting Officer de Vice Media, ou encore Kelly Leonard, Executive Director de Second City Works.
Oracle en soutien...
Après un entretien avec l'acteur, comédien et scénariste Jason Sudeikis (La Couleur de la victoire, Colossal, Permission, Downsizing, Driven...), c'est une autre vedette, américaine dans tous les sens du terme, qui investit la scène : Mark Hurd, CEO d'Oracle. Non prévu au programme officiel de la conférence, celui-ci déclare tout de go que "nous proposons désormais deux ERP réellement SaaS, Netsuite et ERP Cloud, tandis que personne d'autre sur le marché n'en a réellement pas même un seul", oubliant au passage des solutions comme Business ByDesign de SAP qui, il est vrai, s'il existe depuis 2007 est un peu moins porté par l'éditeur ces derniers temps. "50 % de nos clients sont dans le cloud. C'est une approche qui permet de réduire les risques. Et cette tendance n'est pas réversible". Et de justifier la coexistence des deux ERP au portefeuille, au-delà de la segmentation purement marketing et commerciale déjà évoquée précédemment (voir Premières annonces de SuiteWorld) : "les noyaux de Fusion et de Netsuite ont été conçus différemment et n'adressent pas les mêmes besoins".

La recherche & développement de Netsuite est en effervescence, à l'heure actuelle, en grande partie pour le développement de micro-verticaux. "Nous construisons des fonctionnalités spécifiques destinées à plus de secteurs différents", explique Evan Goldberg. "Les micro-verticaux nous ouvrent de grandes possibilités, si nous en développons de l'ordre de 4 ou 5 pas an", estime Mark Hurd.
Il apporte son soutien inconditionnel à Netsuite et confirme que les infrastructures et les outils d'Oracle viennent en appui de l'ERP dans le cloud. Nous sommes encore en mode apprentissage, depuis le rachat par Oracle". Un développement à l'international qui passe aussi par la création de datacenters, notamment en Europe. S'il en existe déjà un à Dublin et un à Amsterdam, deux autres sont prévus, à Londres et Francfort. Ce dernier sera construit au sein d'une infrastructure Oracle. Une localisation géographique en Allemagne qui ne doit rien au hasard et qui aura les yeux tournés vers Walldorf. Mark Hurd conclut en déclarant que "nous allons poursuivre nos investissements dans Netsuite et lui souhaitons longue vie".
...mais pas que
Gary Wiessinger, senior vice-president product management, avertit : "S'il est bien de connaître la croissance, il n'est pas facile de croître. Selon le magazine Fortune, aux États-Unis, 2/3 des entreprises à la croissance la plus rapide échouent". Et de rappeler les étapes les plus importantes pour Netsuite depuis sa création, avec les tableaux de bord en 2002, Oneworld en 2008, le commerce omnicanal en 2013, SuitePeople, la solution RH, en 2017 et enfin IntelligentSuite en 2018. "Au total, ce sont 19 millions d'heures qui ont été investies dans le développement de la suite, soit près de 10 000 années/homme. Dans un seul produit", souligne-t-il.
Et que faut-il attendre de l'éditeur à l'avenir ? "La réponse passe par celle aux questions 'à qui ?', 'comment ?' et 'pourquoi ?'", explique Gary Wiessinger. "À qui vendons-nous ? Aux gens du métier. Comment ? À travers notamment Suitesuccess". Suitesuccess est une solution cloud préconfigurée pour divers secteurs sur la base de bonnes pratiques reconnues. Des micro-verticaux qui permettent de réduire les temps d'implémentation. Et pourquoi ? "Pour obtenir de la visibilité, du contrôle, de l'agilité, de la productivité et de la collaboration". La boucle est bouclée.
Plus de détails sur les annonces dans un article à venir.
Benoît Herr