Pas d'annonces fracassantes non plus à l'occasion de ce Salesforce World Tour Paris 2019, si ce n'est le rappel du lancement de sa solution de gestion centralisée des données clients (CDP : Customer Data Platform), disponible avec la nouvelle version de Customer 360, mais de nombreux témoignages clients, en revanche. Et une foule vraiment impressionnante : on faisait la queue sur plus de 100 mètres avant même de pourvoir accéder au Hall 7 de Paris Expo. Plus de 14 000 visiteurs inscrits (tous ne sont pas venus, cependant : sans doute de l'ordre de 10 000 présents), 100 sessions et 77 partenaires, le Salesforce World Tour Paris proposait à tous les pionniers du numérique – les "trailblazers" – un programme consacré à l'innovation, la formation et l'engagement.
Alexandre Dayon, président et Chief Strategy Officer de Salesforce
"Le CRM est le plus gros marché de l'informatique. Toute entreprise se doit d'investir dans le 360 clients", déclare Alexandre Dayon, président et Chief Strategy Officer de Salesforce. Le rapport intitulé "The 2019 Digital Transformation - HCM, and ERP Report" (Transformation numérique – rapport 2019 sur les SIRH et les ERP), de Third Stage Consuting Group, le nouveau cabinet de consulting indépendant d'Eric Kimberling (anciennement Panorama Consulting Group – voir Une vision de l'ERP élargi), place Salesforce en cinquième position dans la liste des "Top ERP Systems 2019", juste après Workday, un autre acteur qui jusqu'ici n'avait pas sa place dans une telle liste. "Longtemps considéré comme un leader du CRM, Salesforce devient lentement légitime dans la liste des systèmes ERP. Financial Force et son écosystème intégré d'applications tierces a permis à Salesforce de répondre aux vastes besoins situés au-delà des fonctionnalités du CRM. Le fait que Salesforce ait été construit nativement dans le cloud est un autre atout. Pendant que d'autres éditeurs d'ERP crapahutent pour migrer les applications héritées dans le cloud, Salesforce met à jour en permanence sa solution cloud relativement mature. Sa souplesse et sa facilité de mise en œuvre sont deux autres atouts qui ont contribué à placer le produit dans le top 5", explique le rapport.
Lorsqu'on lui fait part de ces éléments et du positionnement de Salesforce, Alexandre Dayon s'esclaffe et s'étonne. "Il y a certes un overlap entre Customer 360 et les ERP, parce que les couches intermédiaires sont désormais écrasées. Et il y a une évolution des esprits qui rend l'ERP beaucoup moins stratégique", constate-t-il. "Mais nous ne sommes pas stricto sensu un ERP, même si les modèles basculent vers le client, qui est aujourd'hui central. Ceci dit, l'ERP se transforme et Salesforce aussi. D'où un certain rapprochement".
Oui, enfin... nous avons déjà évoqué Financial Force un peu plus haut. Il existe de nombreux autres produits construits sur la plateforme Salesforce, comme Rootstock, par exemple, un ERP très complet orienté production et distribution, qui débarque en ce moment même en France (article sur le sujet à venir très bientôt). Ainsi, de nombreux partenaires viennent compléter Salesforce en termes de fonctionnalités, pour en faire un outil de gestion des plus complets. Et puis n'oublions pas Mulesoft, racheté en mai 2018 pour 6,5 milliards de dollars, soit une douzaine d'années de chiffre d'affaires de l'entreprise et la plus grosse acquisition de Saleforce à date... avant Tableau !
Que fait Mulesoft ? De l'intégration de données, d'applications et d'unités. Avant cette acquisition, il y a eu Demandware, un acteur du monde du e-commerce, en 2016, pour 2,8 milliards de dollars. Ou encore MapAnything en avril, ou Griddable.io en début d'année... pour ne citer que les plus récents. Et donc Tableau en juin 2019 (voir Salesforce rachète Tableau). À nouveau, avec un deal à 15,7 milliards de dollars, il s'agit de la plus grosse acquisition de Salesforce à date. Une somme équivalant à 15 ans de chiffre d'affaires de Tableau ! C'est à ce prix que Salesforce met un pied dans la business intelligence, le Big Data et l'exploitation de la donnée. Brique après brique, le géant californien construit son univers.
Et Alexandre Dayon a beau dire que Salesforce n'est pas un ERP, ça commence à y ressembler fortement. Il a beau ne pas être autorisé à commenter le rachat de Tableau tant que celui-ci n'est pas finalisé, il n'est pas très difficile de lire entre les lignes et de comprendre où l'éditeur cloud veut en venir : brouter sur les terres des SAP, Oracle et autres Microsoft.
Les trailblazers témoignent
Lors de la plénière d'ouverture, Alexandre Dayon a insisté sur l'expérience client dans tous les domaines, l'humain et les valeurs éthiques, qui sont plus que jamais fondamentales. La donnée et la transformation des entreprises étaient au cœur de son discours. Il en a profité pour rappeler les valeurs de son entreprise, qui sont confiance, succès client, innovation et égalité. "Et dans cet ordre", a-t-il précisé. "Par exemple, pas d'innovation si le succès client n'est pas au rendez-vous". Et d'en rappeler également la puissance : "la Salesforce Economy, ce sont 3,3 millions de nouveaux emplois créés dans les 3 prochaines années, selon IDC, 250 000 consultants certifiés d'ici 2022 et 859 milliards de dollars de PIB supplémentaires". À noter que parmi les futurs emplois à pourvoir d'ici 2030, 85 % n'existent pas encore.
Les trailblazers témoignent : ici Alinéa (au centre, Audrey Goutille, directrice de la transformation)
Essilor, Alinéa, la Matmut, Michelin, Natixis, Doctolib ou encore le site de vente en ligne de matériel outdoor Snowleader, tous étaient venus témoigner de leur utilisation de Salesforce et expliquer comment les nouvelles technologies ont transformé leur engagement clients et leur métier.
Alexis Mulliez, président d'Alinéa, avait fait le déplacement pour intervenir lors de la plénière ; un signe fort. La première enseigne d'ameublement à avoir proposé la commande en ligne et le retrait en magasin renouvelle son approche du numérique et du e-commerce pour relancer ses ventes. En s'appuyant sur Commerce Cloud et sur Service Cloud, Alinéa accède à une meilleure connaissance client et à une unification de son parcours. "Nous nous sommes demandé quel était l'acteur capable de réaliser notre projet en six mois. Et au bout de trois semaines, nous avons décidé de travailler avec Salesforce", se souvient Audrey Goutille, directrice de la transformation chez Alinéa. Essilor aussi, est intervenu dans la plénière et investit dans la numérisation de sa relation client avec Salesforce pour servir son ambition, aussi simple que difficile à mettre en œuvre : tout simplement éradiquer la mauvaise vision dans le monde d'ici 2050.
Salesforce a également renouvellé son engagement pour accompagner la transition numérique en France, développer les compétences de demain, et favoriser l'égalité des chances dans l'accès à l'emploi et la formation (150 000 emplois créés en France d'ici 2022) : il avait été annoncé l'an passé un investissement de deux milliards d'euros sur cinq ans. Les opérations concrètes ont démarré, avec la création de deux centres de R&D et un centre de données sur le territoire. En outre, Salesforce est désormais certifié HDS (Hébergement de Données de Santé) et renouvelle son fonds à destination des start-up à hauteur de 125 M€.
Benoît Herr