Car ce qui relie les divers témoins qui sont intervenus lors de cette journée d'échanges, c'est la longévité de leur installation. Ils rivalisaient même en direct et c'était à qui avait adopté Qualiac il y a le plus longtemps. La palme revient aux Hôpitaux Universitaires de Genève, qui travaillent avec cette solution depuis 1995. "C'est un outil extrêmement important pour notre hôpital, qui compte quelque 10 000 utilisateurs sur un total de 13 000 employés en tout", témoigne Evrard de Bondy, DSI et responsable des domaines logistique, finances et exploitation. " L'ERP est utilisé vraiment partout, par tous les métiers, y compris les non-administratifs". La solution a beaucoup évolué depuis cette époque antédiluvienne, pour s'adapter aux besoins, cela va sans dire. Une solution qui, au groupe Figaro par exemple, du fait de l'évolution des besoins, justement, a été remise en cause en 2009 et adoptée à nouveau : "nous avons alors refait un cahier des charges et une consultation du marché. Et nous sommes repartis de zéro, mais toujours avec Qualiac", raconte Benoît Billot, directeur administration des ventes.
Un ERP pour les 10 prochaines années
"Simple, connecté et sûr", telle est la nouvelle façon de voir l'ERP chez Cegid, selon Laurent Leenhardt, directeur exécutif du marché ERP. "Avec Cegid XRP Ultimate, nous avons réussi le pari de replacer l'utilisateur au centre et de passer d'un ERP permettant la maîtrise de la chaîne des dépenses à un XRP qui optimise l'ensemble de la chaîne de valeur des grandes organisations", déclare-t-il.
Surfant sur l'excellente intervention du journaliste et auteur François Lenglet (voir encadré) sur les facteurs et risques de disruption auxquels les entreprises vont devoir faire face, Laurent Leenhardt a détaillé les facteurs internes et externes de ces disruptions, s'appuyant en cela sur une étude de PwC appelée "CEO Pulse". Elles concernent la production, la législation, la distribution, les clients et la concurrence. Il constate que ces différents facteurs interviennent quasiment à parts égales dans la disruption.

L'offre issue du rachat de Qualiac en 2017 constitue le haut de la gamme XRP de Cegid (voir Un nouvel ERP dans le paysage hexagonal) et se destine aux moyens et grands comptes. Cegid XRP Ultimate s'appuie sur une architecture ouverte pour répondre au besoin d'interopérabilité entre tous les systèmes d'information de l'entreprise pour accélérer les processus et favoriser une organisation agile et unifiée. Des connecteurs avec de nombreuses solutions partenaires dans de multiples domaines fonctionnels, allant de la fiscalité, à la consolidation jusqu'à l'élaboration budgétaire ou la gestion de trésorerie, sont proposés.
Atalian : l'inconnu aux 65 000 salariés
C'est ce que titrait Le Monde le 28 octobre 2015 à propos de ce géant français du nettoyage et des services. "En général, les gens ne connaissent pas notre nom. Mais lorsqu'on leur a expliqué ce que nous faisons, ils commencent à voir et à identifier de nombreuses personnes portant des blouses arborant notre logo", ajoute Pascal Froger, directeur des systèmes d'information d'Atalian.
Groupe indépendant et familial basé à Virty sur Seine intervenant dans les services externalisés aux entreprises, il existe depuis 1944 (initialement créé sous le nom de TFN : Technique Française du Nettoyage) et génère actuellement de l'ordre de trois milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel. En plus de 70 ans d'existence, le groupe a racheté pas moins de 250 sociétés. C'est dire si ce type d'opération fait partie de son quotidien.
Pour – entre autres – gérer ces opérations de croissance externe, le groupe s'est lancé depuis longtemps dans une transformation numérique et s'est doté de services innovants. "Dans un métier à faible valeur ajoutée, il faut mettre en place des méthodologies et des process de suivi au jour le jour pour s'assurer qu'on dégage le maximum de bénéfices", précise Pascal Froger. Deux raisons principales ont guidé cette transformation : d'abord la règlementation, très lourde dans le domaine. Ainsi Atalian utilise-t-il des des puces RFID pour savoir à quel moment l'agent est passé à un endroit donné. "L'"ultra-propreté", en est une autre application. Dans les salles d'opération, par exemple, qui sont très réglementées, notamment pour l'évacuation des déchets, nous avons développé des balances spéciales en interne pour quantifier ces déchets", détaille Pascal Froger. Et puis il faut répondre aux besoins des clients, en perpétuelle évolution, par exemple pour géolocaliser des chariots de bagages dans les aérogares. "Un autre exemple concerne le nettoyage de centres commerciaux : nous équipons nos agents de tablettes, non seulement pour pouvoir renseigner les personnes, mais surtout pour savoir où ils ont été appelés. C'est ce qu'on appelle le nettoyage sur mesure ou "smart cleaning"".
Atalian utilise Qualiac (désormais XRP Ultimate) depuis 1999 et l'ERP reste le cœur du système d'information. Lors d'une opération de croissance externe, "les temps d'intégration d'une nouvelle société sont de 3 à 6 mois et la nouvelle entité se doit d'utiliser l'ERP en place", explique Pascal Froger.
Et de conclure que "les entreprises n'ont pas attendu les éditeurs de logiciels pour se transformer. Mais quand on se transforme, on sort de sa zone de confort. Et notre ERP est une base solide, sur laquelle nous fondons notre transformation".
Dix engagements
Laurent Leenhardt a clos la plénière de la matinée sur les dix engagements et caractéristiques remarquables de Cegid par rapport à XRP Ultimate, à commencer pas le constat de la fin de l'ERP monolithique. Mais il a aussi insisté sur la nécessaire minimisation des développements spécifiques, vecteurs de coûts cachés, même s'il est arrivé à l'éditeur de faire du co-développement avec ses clients, comme par exemple avec Bayard Presse sur le module de gestion des droits d'auteurs. Parmi les autres engagements citons l'architecture ouverte, évoquée plus haut, la mobilité, la robustesse, l'expérience utilisateur repensée, sans oublier la veille légale, l'un des points forts de Cegid depuis toujours.
Benoît Herr
Les facteurs et risques de disruption auxquels les entreprises vont devoir faire face
François Lenglet, journaliste et auteur, est intervenu de manière très pédagogique sur ce thème pour expliquer comment les facteurs économiques, politiques et sociétaux s'interpénétraient pour aboutir à la situation que nous connaissons aujourd'hui, dans laquelle "ce qu'on croyait stable et solide est en train de se déliter, d'où le retour des nationalismes. Nous assistons à une rupture économique dans laquelle l'accumulation de dettes est sans précédent et les politiques monétaires de plus en plus en difficulté", constate-t-il.
Faisant un point de la situation à la fin de chaque décennie écoulée, il a commencé par 1969 et la génération des baby boomers, "un mouvement mondial, incluant la Chine, de désir de renouveau et de renversement de l'ordre ancien". À la fin des années 70, "les baby boomers ont commencé à travailler et le libéralisme est passé dans le monde économique. Il n'y a qu'un pays qui a fait le contraire, la France, avec l'élection de François Mitterand".
En 1989, le monde libéral a connu son apogée, avec la chute du mur de Berlin et celle du bloc soviétique. "Mais c'est aussi le début de la mondialisation et de la délocalisation, qui, alors que les riches s'enrichissent encore plus, met les personnes non-qualifiées des pays occidentaux en difficulté, car elles subissent la concurrence de celles des pays en voie de développement".
1999 marque le début de la rupture et de l'automne du cycle libéral, puis 2009 celui de la crise financière. "On constate que non, finalement, la Grèce et l'Allemagne ne présentaient pas le même risque financier". Et chaque pays de se recentrer sur sa spécialité : "l'Allemagne sur l'industrie, l'Espagne sur la construction d'un million de logements et la France sur les 35h et l'embauche de fonctionnaires", ironise-t-il.
En 2019, le désir de liberté s'est effacé : "il y a aujourd'hui une demande de protection, qui va guider l'évolution de la société. Cela ne pourra se faire qu'avec le retour d'une forme de frontières".
Et de conclure que "crise politique et crise financière sont les deux enfants de la même mère". Quant aux technologies, il estime que "l'argent circule toujours à la vitesse de l'information : si l'information est instantanée, l'argent circule instantanément".
BH