Revendiquant aujourd'hui quelque 3 700 salariés et 10 000 clients dans le monde (contre seulement 2 400 en 2015, il y a à peine quatre ans - voir IFS aime le neuf), IFS a connu une croissance importante ces dernières années (et 12 ans consécutifs de croissance du chiffre d'affaires). "Mais le rythme annuel de cette croissance a augmenté, passant de 3 % dans les années 2000 à 10 % entre 2014 à 2017 et aujourd'hui à 18 %", commente Constance Minc, directrice financière depuis six mois et incidemment fille de l'essayiste et conseiller politique bien connu Alain Minc. "Ainsi, de 590 millions de dollars en 2018, le chiffre d'affaires est passé à 711 millions en 2019". Et ceci uniquement en organique, en tout cas depuis 2017, date de la dernière acquisition de l'éditeur, le spécialiste du "Field Service Management – FSM" (ou gestion des interventions terrain) Workwave. Pour rappel, le chiffre d'affaires était de quelque 320 millions d'euros en 2015. Objectif pour 2021: dépasser le milliard de dollars.

IFS s'est aussi diversifiée : de mono-produit (l'ERP IFS Applications) la société est passée à trois produits, ajoutant la gestion des interventions terrain et la gestion d'actifs à son offre. Elle adresse toujours ses cinq marchés de prédilection que sont l'aérospatial et la défense, l'industrie, l'énergie et les "utilities", les services et l'ingénierie, la construction et les infrastructures, à l'exclusion du reste ou presque. Et, consciente de son importance relative sur le marché face à des géants comme SAP, Oracle ou Infor, elle se positionne là dessus comme une alternative, un challenger, à l'instar des clients et partenaires qu'elle souhaite servir et voir se développer. Nous reviendrons sur la nouvelle stratégie de l'éditeur dans un article à venir très bientôt. Car l'actualité a été riche lors de cette "WoCo"... et avant l'événement également.
Acumatica
C'est presque en catimini que EQT Partners, le fond d'investissement détenant la quasi-totalité des parts (96 %) d'IFS, a racheté au mois de juin dernier 100 % des parts de l'éditeur américain, basé dans la région de Seattle, WA, Acumatica. On se souvient que le nouvel ERP lancé par Cegid au printemps dernier, XRP Flex, est justement basé sur le noyau d'Acumatica (voir Un nouvel ERP dans le paysage hexagonal) et s'appuie sur un accord de type OEM conclu pour une vingtaine d'années. Et voilà que trois mois plus tard à peine, l'éditeur est racheté et devient un partenaire fort de l'un des concurrents directs de Cegid, jetant ainsi une pierre dans le jardin de l'éditeur lyonnais. Mais ce-dernier ne semble pas s'inquiéter de ce rachat, les deux offres ne ciblant pas le même marché, Acumatica ciblant plutôt les PME, IFS les ETI et désormais les grands comptes.
Pourtant, dans l'absolu tout est possible, comme une fusion entre les deux entités, surtout compte-tenu de la différence de taille, 275 personnes pour Acumatica, 3 700 pour IFS. "Les deux sociétés sont différentes, mais il y a des synergies possibles, bien qu'IFS soit en avance", assure Christophe Ceze, directeur de la "market unit" FBI (France, Bénélux et péninsule Ibérique). "Une fusion n'est pas dans les plans, sans quoi cela aurait été IFS qui aurait racheté Acumatica et non EQT Partners", rassure-t-il.
Surprise
La WoCo a été l'occasion pour Darren Roos, CEO d'IFS, d'annoncer encore un autre rachat, celui de son concurrent dans le FSM Astea International. Avec son produit Enterprise Service Management, IFS fait tout pour émerger et devenir leader dans le domaine et a enregistré une impressionnante progression organique de 119 % en 2019 par rapport à 2018. Spécialiste du domaine, Astea est bien reconnu sur ce marché et cette acquisition devrait permettre à la combinaison des deux entités d'accéder à une position dominante et de dépasser les 10 000 clients, dont 8 000 sont d'ores et déjà des clients FSM. Pour 2020, IFS s'attend à une croissance du chiffre d'affaires des licences FSM de plus de 40 %, dont environ 80 % de récurrent.

Comptant quelque 200 collaborateurs, Astea affiche une expérience de plusieurs décennies sur le marché ; elle s'adresse à des entreprises de tailles moyenne et grande dans des secteurs comme les télécommunications, les instruments de contrôle, médicaux, de sécurité, les équipements industriels et de la grande distribution. Parmi ses clients, Astea compte de nombreuses multinationales et des entreprises Fortune 500 ; l'entreprise figure parmi les rares acteurs du marché qui se sont assuré la reconnaissance de Gartner pour les puissantes possibilités de son produit. Il en va de même pour IFS, également reconnue dans le domaine du FSM par les analystes de Gartner, qui la placent depuis 2014 parmi les leaders dans son Magic Quadrant des logiciels de Field Service Management.
Ce rachat a été approuvé à l'unanimité par la direction d'Astea International. Il reste toutefois soumis à l'approbation des actionnaires, dont Zack Bergreen, CEO et fondateur, qui possède une majorité de blocage. Elle devrait être finalisée dans le courant du quatrième trimestre 2019.
D'autres annonces
Dan Matthews, CTO (Chief Technology Officer) d'IFS, a annoncé la publication de plus de 15 000 nouvelles API dans IFS Applications, à des fins d'extensibilité, d'intégration et de flexibilité de la suite logicielle. En tant que nouveau membre de l'OpenAPI Initiative (OAI), IFS promeut les applications ouvertes qui apportent une liberté de développer et de connecter des sources de données aux clients et partenaires. En accordant la priorité à ces applications ouvertes, l'éditeur signe définitivement la fin de l'ERP monolithique et favorise l'innovation et le centrage sur le client. Il propose en particulier des API RESTful nativement Odata (Open Data Protocol) à travers l'ensemble de la suite logicielle ERP, mais aussi EAM et FSM. Elles ont été conçues sur la base d'Aurena, la nouvelle UX (eXpérience Utilisateur) de l'éditeur, désormais disponible pour tous les clients sur l'ensemble de IFS Applications. Aurena bénéficie d'une conception dite "responsive", qui permet à toute la suite logicielle de s'adapter automatiquement aux différents formats ainsi que de concevoir et de créer des applications réellement natives pour iOS, Android et Windows.
"Ce qui nous distingue de nos concurrents, c'est le fait que ce que nos annonçons aujourd'hui, nous pouvons le fournir aujourd'hui", affirme Christian Pedersen, Chief Product Officer d'IFS. "En fournissant et en utilisant nous-mêmes un ensemble fait de milliers d'API, nous garantissons qu'elles apportent de la valeur également à nos clients et partenaires".
L'éditeur réinvente également son portefeuille d'offres de services. "Nous nous focalisons sur les problématiques métier de nos clients, d'où ces trois nouvelles offres de services", précise Darren Roos. Elles se veulent conçues pour apporter un maximum de valeur tout en assurant des coûts, des délais et des résultats prévisibles. Ces offres sont différenciées pour satisfaire aux besoins de chaque entreprise, quelle que soit sa taille. Les nouvelles offres s'appuient sur les supports Gold et Platinum et se nomment Select, Success et IFS Tools and Methodologies. Select est le niveau d'engagement le plus élevé de la part d'IFS, une sorte de framework de services global. Elle se destine aux clients qui ont placé IFS au centre de leur stratégie métier.
Success propose un framework de services qui permet aux utilisateurs de choisir leurs composants en fonction du résultat escompté et de ce qu'ils estiment pertinent pour leur activité. Les quatre principaux composants de Success sont l'assurance de valeur, l'AMS (Application Management Services), la sauvegarde et le Customer Success Management.
Enfin, Tools and Methodologies s'inscrit dans une démarche d'amélioration continue du déploiement et de l'utilisation des logiciels. La méthodologie d'IFS a été complétée par des phases de réalisation de valeur en post-production pour intégrer l'évolution des besoins métier.
Les éléments ci-dessus ne sont qu'un aperçu de ce qui a pu être dit et annoncé lors d'une conférence aussi riche et complète que la WoCo, qui a réuni des milliers de personnes, utilisateur, partenaires, collaborateurs, analystes... On se doute par exemple que des sujets comme l'intelligence artificielle, la RPA, les chatbots, le machine learning ou encore l'IoT n'ont pas pu ne pas être abordés à Boston. Ils seront eux aussi évoqués dans un article à venir.
Benoît Herr