L'USF compte 3 352 organisations adhérentes dont 75 % des entreprises du CAC40 et 66 % du SBF120. Son président, Gianmaria Perancin, a rappelé que les deux missions de l'USF sont "d'une part le partage d'expériences entre utilisateurs, en toute indépendance vis-à-vis de l'éditeur, et d'autre part le rôle de porte-voix au sein de l'écosystème SAP". Si l'on en croit la dernière enquête annuelle menée auprès des adhérents de l'USF, 96 % estiment que le travail de l'association répond à leurs attentes (57 % plutôt d'accord avec cette assertion, 39 % tout à fait d'accord).

Le président de l'USF a qualifié "les relations entre l'USF et SAP de dynamiques et même parfois d'un peu musclées". Les deux sujets de discussion les plus chauds concernent d'une part bien sûr le modèle de licence et d'autre part la localisation. "Il reste beaucoup à faire pour atteindre un modèle de licence équitable et acceptable", a déclaré Gianmaria Perancin. "Nous souhaitons que soit adopté un modèle à l'utilisateur ou à la consommation". Concernant la localisation, c'est-à-dire une meilleure intégration par SAP des différentes manières de travailler de chaque pays, au delà des seules obligations réglementaires, "un livre blanc publié cet été par SAP a apporté un premier éclaircissement : l'USF prépare une demande de publication d'une version plus complète pour guider SAP dans les fonctionnalités prioritaires à localiser".
Concernant la migration vers S/4 HANA, Gianmaria Perancin a enfin souligné que "les adhérents de l'USF ont encore du mal à vérifier un réel retour sur investissement", ce qui constitue bien sûr "un frein important à l'adoption. Cette migration ne doit pas être un projet technique de plus mais au contraire une source de valeur pour les métiers".
SAP S/4 HANA : les chemins pour y aller
Un atelier sur ce thème a connu une très forte fréquentation, ce qui démontre qu'il s'agit d'un questionnement partagé par de nombreux adhérents. Les intervenants y ont présenté les résultats d'une note de perspective rédigée par un groupe de travail mis en place par l'USF et qui a mesuré en mars 2019 les différents stades de mise en œuvre de S/4 HANA chez les clients francophones de SAP : plus de 90 % des 80 répondants aux profils variés ont déclaré avoir lancé des études amont. Pour Bertrand Cottinaud, animateur du groupe de travail, "S/4 HANA est un sujet pour quasiment tous les clients SAP". 51 % sont en veille active (contre 43 % en mai 2018), 32 % en étape de cadrage (contre 46 %), 4 % en implémentation (contre 10 %) et 14 % l'ont déployé sur tout ou partie de leur périmètre (contre 1 %).
Concernant les raisons motivant la migration, les leviers fonctionnels prennent aujourd'hui nettement l'avantage sur les leviers techniques (59 %/41 % en mars 2019, 52 %/48 % un an plus tôt). L'augmentation de l'intérêt des métiers, qui prennent "le relais des DSI qui ont poussé en premier les projets", est démontré par le fait que l'optimisation des processus métiers est le premier levier cité (39 % des répondants contre 29 % un an plus tôt). Bertrand Cottinaud a d'ailleurs expliqué que "S/4 HANA constitue une révolution dans la manière de travailler : l'information est maintenant poussée vers l'utilisateur et va alimenter grandement la réflexion des métiers".

Par ailleurs, l'obsolescence et la fin de vie d'ECC annoncée pour 2025 restent les principaux leviers techniques mais régressent à 16 % des répondants contre 27 % en mai 2018. Les principaux freins à l'adoption concernent les difficultés à faire la preuve des bénéfices (51 % des répondants), ce qu'avait déjà souligné le président de l'USF, les coûts (50 %), la reprise des spécifiques, la jeunesse de la solution (37 %), la couverture fonctionnelle (35 %), la maîtrise des risques (30 %).
Lors de l'atelier de présentation des résultats de l'étude, Christian Charvin, presales customer solution manager chez SAP, a déclaré "que les premières organisations qui se sont lancées menaient des projets de transformation de leur ERP, par exemple dans le cadre de fusions. Nous constatons aujourd'hui davantage de projets de conversion progressive, avec en ligne de mire des résultats rapides et concrets, sans l'effet tunnel associés aux gros projets". Il a également souligné que plusieurs partenaires se sont spécialisés sur les missions de migration vers SAP S/4HANA, "industrialisant en partie l'implémentation et proposant des conversions à partir de 100 jours homme pour un budget de 200/300 k€".
David Bizien, directeur de l'innovation chez Inventy, qui a justement développé Performer for SAP, qui "accélère la phase de cadrage et objective la valeur business d'une migration", a souligné de son côté que "les formations vont être un enjeu majeur car si SAP travaille pour éliminer les contraintes et améliorer la solution aujourd'hui mature techniquement, cela entraîne beaucoup d'évolutions lors des changements de version".
Retour d'expérience de Boulanger Production
David Périn, responsable du pôle informatique offre & supply chez Boulanger, est venu présenter son expérience de migration vers S/4 HANA chez Boulanger Production, filiale de Boulanger, entreprise de HTM Group. Le rôle de Boulanger Production est de concevoir et d'approvisionner les produits des marques propres pour tout le groupe HTM. Comptabilisant 4 000 références actives et 10 millions de produits par an, Boulanger Production emploie 160 collaborateurs.
L'ERP SAP, appuyé sur une offre Oracle, a été déployé dans l'ensemble du groupe Boulanger en 2014 et "la solution d'analyses HANA est utilisée par certains métiers depuis plusieurs années", a expliqué David Périn. La direction informatique a ainsi opté pour S/4 HANA dans son entité Boulanger Production, dans le but "de bénéficier d'une plateforme récente intégrant HANA et Fiori, d'accéder aux nouvelles fonctionnalités, notamment d'analyses embarquées et de préparer la 'numérisation' de l'entreprise". Boulanger Production a donc endossé le rôle de poisson pilote et de porteur de l'innovation au sein d'HTM Group, avec ce projet constituant "la première brique d'une transformation plus large et qui visait à démontrer la faisabilité d'une migration vers S/4 avant de l'étendre à l'ensemble du groupe".
Loïc Montignac, directeur de projet conversion S/4 HANA chez PasàPas, "premier expert SAP à avoir mené à bien une intégration S /4 HANA en France", a détaillé les étapes du projet de 7 mois, qui présentait une date butoir liée à la sortie d'Oracle programmée pour décembre 2018. Il a notamment insisté sur l'importance du développement d'un PoC (Proof of Concept) dans le cloud, qui "a permis de ne pas toucher à l'existant, de faciliter le déroulé du projet et d'envisager dès cette étape les premières opportunités d'utilisation de la solution, par exemple grâce à Fiori" et ses outils de personnalisation et de simplification de l'expérience SAP.
En effet, David Périn a concédé que "l'équipe s'est lancée dans le projet sans savoir ce que S/4 HANA allait vraiment apporter. Nous nous sommes construits progressivement notre conviction que l'ERP répondait à nos besoins grâce au PoC, à un avancement pragmatique et une série de décisions feu vert, feu rouge".
Hervé Baconnet