Créé en 1979, l'éditeur fête donc son 40ème anniversaire cette année. L'occasion pour lui de revenir sur ces quarante années, qui l'ont placé là où il se trouve (après 11 années de croissance ininterrompue), et de faire de la prospective pour les quarante années à venir. Un objectif pour le moins ambitieux. Mais écoutons le dirigeant de l'entreprise, après avoir fait un point sur le marché.
Des enjeux majeurs pour l'entreprise
Lors de son intervention, Patrick Rahali, director and Market Leader ERP au CXP - teknowlogy Group, a préconisé que les entreprises optimisent leur existant tout en modernisant l'ERP, sans secousses, en "transformant leur SI à leur rythme, avec un ERP garant de la continuité. Car l'organisation, les hommes, les systèmes hérités sont déjà en place, d'où le terme de transformation. Il ne s'agit pas de mettre en place quelque chose de nouveau". Et de lister les enjeux qu'il perçoit au sein des organisations : cloud et sécurité, données, métier et légal (RGPD), numérique et innovation, ressources humaines.

Il pointe sept difficultés perçues comme des obstacles à l'agilité, établies par l'enquête teknowlogy Group sur les ERP (voir Etude CXP 2018 : les ERP progressent dans le cloud et ERP Survey 2018 : CXP donne des noms), au premier rang desquelles les technologies et infrastructures vieillissantes (57 % des cas) ; un système trop ancien consomme un budget qui pourrait servir à l'innovation (56 %). Suivent le nécessaire changement culturel pour les équipes IT (56 %), l'intégration du numérique (55 %), le recrutement de compétences (48 %), la collaboration entre les métiers et l'IT (39 %) et les investissements dans l'innovation (36 %).
Pour surmonter ces difficultés, Patrick Rahali propose de numériser et d'automatiser en intégrant les innovations technologiques, de privilégier le standard tout en conservant ses spécificités différenciatrices et de rationaliser le budget IT en le dimensionnant de manière pertinente et en l'utilisant à bon escient. "La transformation peut se faire à plusieurs vitesses, mais il faut que l'ERP reste le référentiel de données. Ensuite, on peut connecter des applications, avec un arbitrage en fonction des ressources et des objectifs de l'entreprise".
Zoom sur l'industrie
Le marché des logiciels et services dans son ensemble présente un taux de croissance annuel de 5,2 % en France. "Mais le 'on-premise' est en décroissance de 3,5 % alors que le SaaS est en augmentation de 17,7 % par an (dont 7 à 8 % dans l'industrie)", note Patrick Rahali. "Les catalyseurs de cette croissance sont la fin annoncée du support de certains éditeurs et le renouveau des ERP : cloud, automatisation, machine learning, nouveaux usages, mobilité".
Le premier des objectifs, dans l'industrie, c'est l'amélioration de la qualité et de la flexibilité de l'outil industriel. "Le digital manufacturing est la suite logique du Lean 6 Sigma : on passe d'un système centré sur les processus à un système centré sur les données", estime Patrick Rahali. "L'ERP d'aujourd'hui intègre ces innovations : accélération, productivité et innovation, automatisation et RPA, temps réel et Big Data, ainsi que les nouvelles offres de services". La "Smart Factory" exige donc un ERP plus intelligent, une offre plus pertinente (smart product) et une organisation.
À propos des bénéfices de l'usine 4.0 dans le secteur automobile en particulier, il cite un rapport de Capgemini datant de 2018 selon lequel dans ce secteur, l'un des plus ambitieux de l'industrie, 46 % des acteurs auraient initié la numérisation et 24 % de leurs sites deviendront des usines 4.0 d'ici 2022. Les ROI attendus par les 10 principaux constructeurs mondiaux qui misent sur l'usine 4.0 sont un bénéfice d'exploitation de + 50 % par an dans les 5 années suivant l'adoption d'usines intelligentes et une productivité moyenne améliorée de 7 % dans les usines intelligentes à partir de 2023.
Quels facteurs de disruption dans l'industrie aujourd'hui ?
Anton Chilton, CEO de QAD, explique "qu'il y a toujours eu des disruptions, depuis 1784, date de début de l'ère industrielle. Mais elles étaient beaucoup plus lentes. Les choses se sont accélérées récemment et désormais, les forces disruptives de la technologie tuent les vielles entreprises prématurément et à un rythme bien plus soutenu qu'il y a quelques décennies. Chez QAD, ce qui nous a permis de nous maintenir et de progresser sur le marché, c'est notre souci permanent de maîtriser les coûts, l'efficience, la qualité, les turbulences et les disruptions". Anton Chilton recense cinq grands domaines facteurs de disruptions dans l'industrie : les marchés, les clients, les produits, les opérations et la chaîne logistique. "Nouveaux entrants, nouveaux modèles d'affaires, nouvelles alternatives (comme le véhicule électrique) sont les facteurs de disruption du marché. Côté clients, on trouve tout ce qui tourne autour du cloud, mais surtout la production à la demande à grande échelle et les attentes des clients en matière d'expériences. Produits intelligents, produits connectés, produits innovants sont les défis à relever côte produits. Et puis aujourd'hui, la transformation numérique, même si elle ne fait que démarrer, nous pousse à plus d'efficience et d'efficacité au travers du tout numérique. Enfin, la chaîne logistique a besoin de visibilité en temps réel, d'agilité et de mise en réseau" À ceci il convient d'ajouter des considérations d'ordre environnemental, le défi de l'acquisition des données et les turbulences liées à la géopolitique et à l'économie.

"Pour le futur, cela signifie une accélération exponentielle et une intensité des turbulences toujours croissante. Autrement dit, ce qui nous a amenés jusqu'ici ne va certainement pas nous mener là où nous allons dans les quarante prochaines années ! Du point de vue de l'ERP, cela signifie que les longs projets, gourmands en ressources et en budget, avec des version figées, ne sont plus d'actualité. Désormais, il faut des déploiements rapides, de l'indépendance et de l'agilité. Chez QAD nous croyons dans l''Adaptive Enterprise'"", poursuit le dirigeant. Et de détailler les faits marquants de son entreprise ces dernières années, qui répondent point par point aux besoins évoqués plus haut : "nous sommes devenus cloud et comptons aujourd'hui 43 000 utilisateurs cloud, dans 40 pays, pour un tiers de notre chiffre d'affaires. Les solutions sont devenues orientées 'channel', avec de l'analytique intégrée et sont désormais une 'Enterprise Platform' (environnement no-code low-code) indépendante des versions. Il est aussi devenu possible de faire évoluer un module sans avoir à faire évoluer les 16 autres. Enfin, nous avons créé les 'QAD Labs', un groupe de travail au sein de la R&D qui étudie toutes les nouvelles technologies". Ce dernier est ainsi par exemple arrivé à la conclusion, concernant la blockchain, que cette technologie sera sans doute intéressante un jour, mais pas tout de suite. Concernant l'IA, la conclusion a été qu'il fallait l'appliquer à la maintenance prédictive.
Pour Anton Chilton, la nouvelle génération d'ERP apporte rapidité, agilité et efficacité au travers d'une expérience utilisateur intelligente, des bonnes pratiques et d'une 'Enterprise platform'. Elle permet d'échapper à ce qu'il appelle le "cercle de la mort de l'ERP", qui au fil des changements de processus et de personnes dans l'entreprise fait ressurgir les tableurs Excel, au profit d'un cercle vertueux : "nous l'avons élaboré et appelé 'Adaptive ERP cycle' : évolutif, déploiement rapide, facilement extensible, mises à jour transparentes et adaptatif".
Un utilisateur qui compte sur QAD
"QAD est un contributeur clé pour notre BI", déclare Nabil Mehri, Materials System Senior Manager, global supply chain, chez Visteon. Visteon est un acteur de l'industrie automobile : il fournit des systèmes électroniques et plus particulièrement des tableaux de bord. Avec un siège à Detroit, l'entreprise compte quelque 10 000 collaborateurs et 20 sites de production pour 2 milliards de dollars de chiffre d'affaires. "Nous nous positionnons comme un leader du cockpit digital intelligent", poursuit Nabil Mehri.
En 2010, Visteon a décidé de passer sur un ERP unique, en l'occurence QAD. En 2019, l'entreprise a décidé de migrer vers le cloud, avec un go-live du site pilote de Palmela au Portugal début 2020 et des autres sites tout au long de l'année. "Le cloud a été un choix évident, avec un partenaire stratégique, QAD. Pourquoi ? Pour la flexibilité du cloud, pour nous concentrer sur nos activités, pour l'accessibilité, la mobilité et la sécurité du cloud, et pour permettre un rollout agressif, sur 18 usines sur la seule année 2020", commente Nabil Mehri.

Dans l'intervalle, Visteon a mené un autre projet, Initiative S3C (pour Supply Chain Control Center). "Les catastrophes naturelles, les interruptions fournisseurs et les manques d'effectifs ont impacté nos clients. Il a fallu répondre pour assurer la continuité de la chaîne logistique et aller vers plus de visibilité pour éviter les surprises", explique-t-il. Visteon a alors crée une véritable tour de contrôle, toujours à Palmela, Portugal : partant d'un WMS standard elle est d'abord passée sur des AGV (Automated Guided Vehicles) puis a mis en place des ASRS (Automated Storage and Retrieval System), c'est-à-dire un entrepôt automatisé et intégré à un niveau. Et enfin, aujourd'hui, elle s'appuie sur MARS (Materials Automated Replenishment Systems) et QAD Automation Solutions, un système de réapprovisionnement automatique du matériel, intégré et dans le cloud.
Benoît Herr