L'analyste constate que la quatrième ère de l'ERP qui est en train d'émerger met l'accent sur l'EBC (Enterprise Business Capabilities), ou capacités métier de l'entreprise. Les capacités métier se définissent comme des collections organisées et spécifiques de personnes, de processus, d'informations, de technologies et d'autres ressources qui, ensemble, fonctionnent pour accomplir une mission et satisfaire un besoin. "Les organisations évoluent dans un monde dans lequel leur écosystème s'étend bien au-delà des imites connues de l'entreprise. L'utilisation de plateformes numériques ouvre de nouveaux boulevards à des expériences clients améliorées et à de nouvelles propositions de valeur", commente Tonnie Van Der Horst. "Cette évolution n'est pas surprenante au vu de la rapidité à laquelle les technologies avancent. Nous vivons une période passionnante pour l'ERP".
Chronologiquement, les quatre itérations de l'ERP qu'il identifie sont le MRP, le MRP II, l'ERP et désormais l'EBC. Si l'ERP est toujours au cœur du métier des entreprises, le client et sa valeur sont au centre de l'ère 4 de l'ERP. "Les éditeurs ouvrent leurs solutions pour intégrer d'autres systèmes et apporter de la valeur métier. C'est la tendance qui émerge", assure l'analyste. Autrement dit, avec la quatrième ère de l'ERP, les choses deviennent de plus en plus complexes.
"Ce qui a également changé, c'est l'approche : l'implémentation d'un ERP n'est plus pilotée par la DSI mais par le CEO", poursuit-il. "Les principaux écueils à éviter sont le choix entre optimisation, croissance et transformation : pour cela, l'l'ERP est plus pertinent que jamais. Mais il est inutile de résoudre les problèmes qu'on avait il y a 20 ans et il est nécessaire de repenser son approche. La transformation numérique nécessite cette nouvelle approche de l'ERP, prenant en compte les clients, les écosystèmes, les objets et les systèmes IT. Cela permet de prendre des décisions intelligentes". Tonnie Van Der Horst estime que d'ici 2023, 40 % des entreprises seront passées en EBC et ne seront plus sur une approche monolithique. "Mais il y a une dichotomie, car bon nombre d'installations ERP sont très anciennes", concède-t-il.

Le changement de manière de penser commence dès la conception, avec le design thinking, le lean startup et l'agile. Les principaux éléments de l'EBC sont l'IA, la place du client en frontal et les fonctionnalités orientées métier. L'EBC est transcendée par les personnes, consommable et piloté par les données. "Il faut donc développer une roadmap des préoccupations métier : les développements informatiques doivent être orientés business", insiste Tonnie Van Der Horst. "De même, il faut aussi renforcer et ouvrir le 'Core ERP'. D'un point de vue financier, il faut aussi s'assurer que les investissements soient cohérents". Quelques points d'attention : il importe de savoir où on va avec l'IA et les autres nouvelles technologies. Le monde vers lequel nous allons est numérique et l'ERP devient la plateforme digitale dont nous avons besoin. Enfin, le cloud n'est pas la réponse à toutes les questions qu'on peut avoir. Il faut s'assurer que l'ERP supporte le business, en coordination avec les métiers, et pas uniquement l'IT dans son coin. "S'il n'est pas de la responsabilité de l'IT de créer les fonctionnalités, elle doit le faire avec les métiers. C'est une autre manière de penser. Ou 'focus on the application of technology, not the technology of applications' (concentrez-vous sur l'application de la technologie et non sur la technologie des applications). Pour cela, de transactionnel, le DSI doit passer à un allié de confiance du CEO".
Et de citer Peter Drucker (professeur, consultant en management d'entreprise, auteur et théoricien) en guise de conclusion : "The greatest danger in times of turbulence is not the turbulence, it's to act with yesterday's logic" (Le plus grand danger, en période de turbulence n'est pas la turbulence elle-même, c'est de se comporter avec la logique d'avant).
Benoît Herr