Sous la houlette de son nouveau CEO, Kevin Samuelson, jusqu'à l'été dernier CFO (voir Infor change de patron), Infor accroit ses parts de marché sur la partie cloud au niveau mondial, avec une croissance dépassant les 35 % en revenus SaaS. "À ce jour, nous dénombrons quelque 7 500 clients dans le cloud, un cloud qui affiche 65 % de croissance en France et en Europe du Sud", déclare Laurent Jacquemin, SVP et directeur pour l'Europe du Sud. Un cloud qui par défaut est multi-tenant, même si tous les clients ne le sont pas. "Nous ne vendons que du multi-tenant depuis 18 mois. Et un tiers des ventes SMB se font dans le cloud en France aujourd'hui", assure Phillippe Mallet, directeur commercial SMB (Small and Medium Businesses). "C'est une vraie tendance depuis un an et demi environ : à cette époque nous n'étions qu'à 10 %".
À noter que l'ancien CEO, Charles Phillips, n'a pas disparu, bien au contraire : il a pris la présidence du conseil d'administration et reste semble-t-il très actif dans l'entreprise. À noter également qu'en janvier 2019, Infor a décroché un financement d'un montant de 1,5 milliard de dollars de la part de ses deux principaux actionnaires, Koch Equity Development LLC et Golden Gate Capital, et évoqué une possible introduction en bourse à horizon 2020. Une bouffée d'oxygène pour développer la stratégie cloud qui est la sienne depuis plusieurs années maintenant (voir Le cloud en vedette à l'Inforum)

En France, Infor dénombre de l'ordre de 1 000 clients actifs, même si ce chiffre avancé par les dirigeants reste estimatif, pour quelque 3 000 à 4 000 produits utilisés. Laurent Jacquemain annonce également de nombreuses nouvelles références, avec près d'un nouveau client ERP par mois en France : le lunetier Morel et le Groupe Gascogne sont par exemple de ceux-là. Le dirigeant estime qu'Infor grignote des parts de marché à Microsoft et Oracle. "Nous avons aussi gagné contre SAP, en Allemagne, notamment, chez Swarovski et dans une partie du groupe Bosch". Il met en avant le cas de Michelin, venu témoigner lors du dernier événement parisien de l'éditeur, qui a retenu la Cloudsuite Automotive pour la gestion de la première monte des trains de pneumatiques en remplacement d'un spécifique sur mainframe. Jean-Lucien Meunier, directeur commercial clients directs (c'est-à-dire les grands comptes), enfonce le clou en affirmant que "Infor a su prendre un avantage certain en combinant les avantages de la technologie cloud avec une spécialisation sectorielle approfondie pour fournir des solutions flexibles qui libèrent les clients du fardeau de la maintenance et de la sécurité des systèmes".
Une Cloudsuite par secteur
Les Cloudsuite sont devenues sectorielles et déployées dans l'infrastructure cloud d'Amazon Web Services (AWS). On en dénombre pour l'heure 16, conçues pour la distribution, l'industrie, le monde automobile ou encore la mode, pour n'en citer que quelques unes.
Elles s'appuient sur une couche technologique modernisée, baptisée Infor OS, ou IOS, pour Infor Operating Service. On se souvient de ION (Intelligent Open Network), le puissant middleware conçu il y a une dizaine d'années par l'éditeur pour intégrer des solutions disparates entre elles mais aussi avec des logiciels tiers. Celui-ci fait désormais partie d'un ensemble baptisé IOS, avec une panoplie d'autres outils comme Coleman, la plateforme d'intelligence artificielle, la plateforme cloud d'intelligence décisionnelle et analytique Birst, l'outil de sourcing de données Data Lake, le portail collaboratif Ming.le, ou encore le framework de développement applicatif Mongoose.
Parallèlement, des produits historiques comme Anael Finance, qui a longtemps été la référence en matière de comptabilité en France, ou Anael RH, continuent non seulement à exister mais aussi à évoluer, avec une UX plus moderne, à s'intégrer avec les autres solutions, à migrer dans le cloud et à prendre en compte les contraintes réglementaires et légales successives.
Un contexte favorable
Quoi qu'on en dise, le marché de l'ERP reste dynamique et outre la tendance à migrer dans le cloud, Phillippe Mallet constate "un engouement pour le changement d'ERP depuis un an ou un an et demi". L'arrêt annoncé pour 2025 du support de ECC6 par SAP a une influence sur ce phénomène : "certains se demandent s'il ne vaut pas mieux aller ailleurs que de migrer sur S4/HANA", se satisfait Laurent Jacquemain.
Ouverture d'un garage
À l'instar de ce qui s'est déjà fait au siège social New-Yorkais de l'éditeur ou à Londres, la filiale française a récemment ouvert un "Garage Infor". Lieu de créativité, d'innovation et d'échanges avec les clients et prospects, il est destiné à démontrer comment les entreprises peuvent rester compétitives en intégrant les nouvelles technologies : IoT, cloud computing, analytique, mobilité, Big Data ou encore intelligence artificielle y sont exposés. Il est ouvert à tous. L'éditeur entend déployer ce concept ailleurs en Europe, comme à Francfort ou Barcelone, mais aussi à Dubaï ou à Singapour.
Benoît Herr