Pas de ministres ou de députés invités à cette cérémonie cette année, comme c'était quasiment devenu une habitude (voir Syntec Numérique : l'idylle se confirme). Par voie de conséquence plus d'allégeance au gouvernement en place, même tout de même, la tendance initiée dès le début du quinquennat (voir Syntec Numérique file le grand amour avec le gouvernement) se confirme. 2019 a marqué les 50 ans du syndicat et Godefroy de Bentzmann, réélu à la présidence de l'organisation professionnelle en juin dernier, revenu sur les grands événements de l'an passé avant de détailler ses chantiers prioritaires pour 2020 :
Mieux travailler avec l'écosystème que représente la diversité des acteurs du secteur du numérique
"Le paysage est très éclaté et on compte beaucoup d'acteurs institutionnels, des branches, des labels, des incubateurs, des financeurs...", constate Godefroy de Bentzmann. "Nous pensons qu'il faut une représentation plus cohérente afin de peser d'avantage et d'être plus efficace. Pour l'illustrer, un grand acteur comme Tech in France est positionné sur la plupart de nos sujets. Nous avons décidé, avec Pierre Marie Lehucher, son président (également président du conseil d'administration et PDG de Berger Levrault Ndlr) et avec nos conseils d'administration respectifs, d'engager des groupes de travail communs, pour chercher des positions qui soient les plus judicieuses et efficaces". Il s'agit de véritables groupes de travail communs et pas seulement de groupes qui travaillent ensemble. Les premiers de ces groupes devraient porter sur la ville du futur, la santé ou encore les relations institutionnelles. "C'est une première étape d'un rassemblement que nous souhaitons plus large, pour collaborer avec d'autres organisations et peu à peu parler d'une même voix".
Transformer l'essai sur la formation et la reconversion professionnelles
"Les nouvelles technologies transforment les métiers du numérique comme ceux de l'ensemble de l'économie et exigent de nouvelles compétences dans un univers où convergent le Big Data, l'intelligence artificielle ou encore la RPA. Et nous avons réussi à imposer dans le débat public le sujet de la formation et l'urgence qu'il y a à répondre aux besoins de compétences numériques dans notre secteur mais aussi dans tous les autres secteurs de l'économie. Nous avons de nombreux chantiers dans ce domaine. L'État doit continuer à donner des impulsions décisives et c'est tout l'objectif du Pacte productif 2025, dans lequel s'inscrit Syntec Numérique, qui a fortement investi pour accélérer le processus de transformation des entreprises et des administrations", déclare Godefroy de Bentzmann.

"Nous prenons notre part pleine et entière, puisque nous travaillons déjà avec de nombreuses régions en France, en particulier le grand Est, qui est depuis six ans une véritable plateforme expérimentale pour former des demandeurs d'emploi à nos métiers. Ce programme, qui a fait ses preuves, connaît localement un très bon taux de réussite puisque 80 % des gens qui le suivent finissent dans les entreprises avec un CDI. Ce programme a par exemple permis de transformer des gestionnaires de paye en chefs de projets, des professionnels de la production en consultants métier pour l'intégration de logiciels, des doctorants en data analysts, des assistants commerciaux en codeurs..." Rien qu'en Alsace, en 2019, 500 demandeurs d'emploi ont ainsi été transformés et 80 % ont été intégrés dans les entreprises du numérique. "Nous souhaitons étendre ce dispositif en le proposant à d'autres grandes régions et nous avons déjà accueilli un avis positif de celles que nous avons contactées, notamment la région Occitanie et les Pays de Loire" Il ne s'agit pas seulement de recruter localement, mais de travailler à chaque fois sur l'ensemble d'un bassin d'emploi "et les régions sont très motivées par ce dispositif".
Réussir la souveraineté numérique grâce au projet de cloud européen
Le contexte géostratégique émanant de divers pays a mis en lumière la nécessité de mieux protéger les intérêts économiques européens. La France est engagée dans ce processus et la démarche commence à se concrétiser avec une relation franco-allemande. "Syntec numérique va s'investir pour apporter sa contribution au débat", affirme Godefroy de Bentzmann. La gestion des différents cloud souverains pourra être confiée à divers partenaires industriels : l'Europe et la France en particulier disposent de telles organisations capables de répondre aux exigences. "Mais nous pensons que des partenaires non-européens qui partagent évidemment nos valeurs européennes doivent aussi être accueillis dans la gestion des futures offres de cloud souverain afin d'y apporter leurs capacités d'innovation", ajoute le président de Syntec Numérique.
Renforcer l'impact positif du numérique sur l'environnement
"Le numérique conduit à des transformations accélérées, qui alimentent une défiance grandissante de l'opinion publique", constate Godefroy de Bentzmann. "C'est pourquoi le numérique doit se préoccuper de son impact sociétal et réduire ou améliorer son impact environnemental". Si le numérique a permis de faire émerger de nouveaux modèles économiques, d'avantage fondés sur l'usage que la possession et sur une économie circulaire, plus durable "la multiplication des objets connectés et leur cycle de vie contribuent au réchauffement. Nous en appelons autant à la responsabilité des utilisateurs qu'à celles des industriels du hardware, du software, du service... et nous avons décidé de mobiliser tous nos adhérents (soit 2 400 entreprises NdlR) autour d'un programme numérique responsable. Nous mettons en place de nouveaux indicateurs qui consolideront l'ensemble des données du secteur et nous permettront de faire un recensement des comportements numériques responsables. Il s'agit d'un engagement fort au service d'un numérique plus inclusif, plus éthique et plus écoresponsable".
Syntec Numérique renforce par ailleurs son action en santé numérique en accueillant les membres de la fédération LESISS rassemblant des éditeurs de solutions numériques en santé. Son comité santé sera dorénavant co-présidé par Isabelle Zablit, administratrice de Syntec Numérique, présidente de Clavesis, et Régis Sénégou, jusqu'ici président de LESISS et directeur marché santé de Docaposte, qui remplace Olivier Vallet dans la continuité. Avec l'arrivée de LESSIS, Syntec Numérique sera encore plus représentatif de la diversité et de la richesse du secteur, à l'heure où la transformation numérique du système de santé s'accélère dans le cadre de la mise en œuvre du plan MaSanté 2022.
"En tant que Président de Syntec Numérique, je suis ravi d'accompagner notre secteur alors que commence une nouvelle décennie. Cette année encore, la feuille de route de Syntec Numérique démontre à quel point le numérique est au cœur des grandes mutations de la société. Poursuivre les efforts en faveur de la reconversion à nos métiers ou encore œuvrer pour une filière plus eco-responsable sont des enjeux majeurs. Pour l'heure, souhaitons que 2020 soit l'année d'un numérique plus inclusif, plus éthique et plus responsable", conclut Godefroy de Bentzmann.
Benoît Herr