Plus de 500 décideurs en entreprise du monde du SaaS et du Web ont participé à cet événement, où l'on traitait de sujets tels que l'incontournable cloud computing et son intégration, mais aussi des places de marché, des modèles économiques du SaaS, du marketing des solutions SaaS ou encore de l'inévitable démarche "green".
Pourquoi avoir choisi d'appeler votre événement "Generation SaaS" ?
TR : Je pense que la nouvelle génération va profondément modifier sa manière d'utiliser la technologie. Les individus qui la constituent ont pris l'habitude d'utiliser des outils intuitifs et collaboratifs, tels que Facebook ou Wikipedia. Jamais l'accès à l'information n'a été aussi facile et rapide et quand cette génération veut quelque chose, elle le veut immédiatement ! Elle souhaite retrouver en milieu professionnel les technologies qu'elle utilise à la maison.
Cependant, les préoccupations des dirigeants demeurent : sécurité, contrôle et performance. Par conséquent, le défi pour les fournisseurs de solutions est de proposer des applications ergonomiques en mode Web, qui répondent également aux attentes des entreprises.
Le Cloud Computing devient un terme très "en vogue" parmi les acteurs du SaaS, et crée le buzz sur le Web. Comment le définiriez-vous ?
TR : "Cloud Computing is all about the Web!" Insistons sur le fait que le SaaS n'en est qu'un sous-ensemble. Pour définir correctement le cloud computing, il faut prendre en compte trois caractéristiques :
- L'accès immédiat, en ce sens que l'application doit être immédiatement disponible pour l'utilisateur ;
- Un code disponible pour faciliter l'intégration, car la nouvelle génération de développeurs veut avoir la main sur les API pour toutes les applications ;
- Le partage et la collaboration. L'expérience m?a appris que les sociétés qui connaissent le succès dans l'univers du cloud computing sont celles qui réussissent à créer la plus grande communauté.
Selon vous, quelle sera la prochaine "killer application" ?
TR : Dans un avenir proche, il y aura selon moi deux types d'applications qui vont sortir du lot.
La première concernera le cloud middleware, c'est-à-dire la capacité à interconnecter diverses applications. Aux États-Unis, des sociétés telles que Cast Iron, Boomy ou encore OpSource planchent déjà sur le sujet. Les entreprises ne passeront pas à un modèle full SaaS du jour au lendemain. Cela prendra du temps. Il faut bien se dire que le gros du marché est encore à venir ! La clé est donc la capacité à intégrer les solutions traditionnelles avec les solutions hébergées dans un seul et unique "cloud middleware".
La deuxième "killer app" sera l'application verticale, donc dédiée à un métier bien précis.

OpSource est une société qui a brillamment réussi aux États-Unis. Mais vous restez totalement inconnus en France. Pourquoi n'êtes-vous pas présents en Europe ?
TR : En fait, nous avons des bureaux à Dublin et à Londres. Nous avons choisi Londres notamment parce que cette ville a une bonne connectivité avec le reste de l'Europe.
Selon moi, il y a trois raisons principales qui font que le SaaS n'a pas encore explosé en Europe.
La première est qu'il existe un grand nombre de réglementations qui empêchent les données des entreprises de franchir les frontières, ce qui n'est pas compatible avec la philosophie du cloud computing. En outre, cela n'aurait aucun sens pour une société comme la nôtre, en termes de rentabilité, de posséder un datacenter totalement indépendant dans chaque pays.
Ensuite, des intégrateurs tels que Cap Gemini ou Atos contrôlent d'ores et déjà la majorité du marché européen du logiciel. Par conséquent, un acteur du SaaS devrait batailler avec ces géants pour espérer vendre un projet et ces derniers ne tiennent pas nécessairement à promouvoir le modèle.
Enfin, aux Etats-Unis, les directions informatiques ne contrôlent pas vraiment qui achète quoi au sein de l'entreprise : une business unit ou un service peut choisir d'acquérir un logiciel sans en référer à qui que ce soit. Si un directeur des ventes souhaite s'équiper de Salesforce, il se rend sur le site Web et l'achète avec sa carte de crédit, sans même en parler à la DSI. Culturellement, ceci n'est pas acceptable en France.
Microsoft fait actuellement la promotion d'un modèle dans lequel on conserve une interface client riche (software + services). Qu'en pensez-vous ?
TR : Je ne crois pas que ce soit incompatible avec la philosophie du cloud computing. De plus, je pense que l'interface demeure un élément clé dans le succès d'un produit. L'iPhone par exemple, ne propose fondamentalement rien de nouveau, mais l'interface est ergonomique et le rend facile à utiliser pour le client. Je pense donc que nous verrons toujours beaucoup de clients locaux riches utilisant des applications SaaS.
Parlons un peu du SaaS Summit : aux yeux d'un français, il semble surprenant de constater que ce sommet soit organisé par une société privée, et non par une association d'éditeurs de logiciels. Comment êtes-vous parvenu à organiser cet évènement ?
TR : Il y a quatre ans, nous avons réalisé qu'il n'existait aucune manifestation traitant des enjeux du SaaS. Nous voulions organiser un événement dédié à ce secteur et axé sur les acteurs de l'écosystème.
Cet évènement est pour nous un excellent moyen d'avoir un retour direct sur les attentes des acteurs du SaaS et de mieux connaître leurs problématiques respectives. L'objectif n'est pas de gagner de l'argent avec cet événement : l'ensemble des gains générés par les contrats de sponsoring ou les frais de participation sont réinvestis dans l'organisation.
Nous sommes par ailleurs très satisfaits de ce sommet. Plus de cinq cents responsables y participent et contribuent à faire de cette manifestation la plus importante dédiée au SaaS à travers le monde.
En guise de conclusion, comment imaginez-vous l'évolution de l'industrie du SaaS ?
TR : Comme dans toute industrie en pleine ébullition, certaines sociétés seront amenées à disparaître, pendant que d'autres émergeront.
Par ailleurs il sera difficile pour tous de maintenir deux modèles : le SaaS et le progiciel traditionnel. Nous allons certainement assister à des rachats de "pure players" SaaS par des éditeurs de logiciels classiques.
Propos recueillis par notre envoyé spécial, Jean-Christophe Taunay-Bucalo, Global SP