Théoriquement, toute application peut être fournie à la demande en mode SaaS. Mais, en procédant ainsi, « on atteint rapidement les limites du modèle économique », signale Edmond Cohen, de SAP, « car le modèle économique des logiciels habituels correspond à une installation chez les clients. En mode SaaS, de nouveaux coûts s'ajoutent et l'infrastructure technique doit être rentabilisée. »
Selon Patrice Lagorsse, Directeur Commercial d'Aspaway, « à côté d'éditeurs qui reprennent pour ce mode des applications existantes sans faire beaucoup de changements, d'autres proposent deux versions distinctes : l'une pour l'installation sur site et l'autre pour le mode SaaS. » C'est le cas de SAP, qui a développé Business ByDesign spécifiquement pour le mode SaaS : l'éditeur a modifié le noyau de son offre standard et a conçu une nouvelle architecture destinée à fonctionner sur des serveurs distants offrant un service à la demande.
Mais certaines offres conçues d'emblée pour le mode SaaS peuvent être installées sur un serveur d'entreprise sans perte d'efficacité ou de performance. C'est le cas des logiciels de Proginov, l'un des pionniers des ERP en mode SaaS en France.
Un modèle économique reposant sur la mutualisation
Pour un éditeur, la rentabilité du mode SaaS provient avant tout d'une économie d'échelle. Les serveurs destinés à héberger les applications sont gérés par le fournisseur ou son hébergeur. La mutualisation des serveurs est l'un des facteurs d'économie du mode SaaS : les utilisateurs s'appuient, autant que possible, sur une même instance du logiciel, à condition qu'une barrière étanche isole parfaitement les données de chaque entreprise.
Mais certaines entreprises peuvent avoir des exigences particulières, ainsi que le souligne Pierre-Yves Fumaroli, Directeur Avant-Vente, d'Oracle Applications : « pour des raisons de confidentialité particulièrement strictes, certaines entreprises peuvent exiger de disposer d'un serveur dédié pour leur applications à la demande. Le cas extrême est l'obligation pour le client d'héberger les données chez lui, même en mode SaaS. Cela oblige dont d'installer le serveur SaaS sur site. » Mais l'équation économique de telles formules devient plus délicate.
La qualité de service, le concept fondamental des offres en mode Saas
En mode Saas, la gestion des versions du progiciel incombe complètement à l'éditeur ; c'est lui qui gère l'évolution du logiciel. Plus besoin d'envoyer des patchs ou de nouvelles versions aux clients : le fournisseur gère tout sur ses propres serveurs. Les clients disposent donc plus rapidement et plus sûrement de versions à jour contenant les dernières corrections et améliorations.
Philippe Plantive, Directeur Général Délégué de Proginov
Un aspect fondamental du SaaS est la garantie de performance offerte aux utilisateurs. On pourrait craindre un nivellement par le bas de la performance à cause de la mutualisation. « Il n'en est rien », affirme Philippe Plantive, Directeur Général Délégué de Proginov : « il est parfaitement possible d'ajuster la performance aux besoins réels du client, même dans un environnement mutualisé. » Chaque type de métier a des besoins de performance spécifiques : certains ont besoin de puissance CPU, d'autres de grosses capacités de mémoire. Offrir la même performance à tout le monde n'a pas de sens. « Chez Proginov, nous commençons par analyser les besoins de performance du client. Et nous réglons les paramètres pour lui proposer ce dont il a besoin, indépendamment des besoins des autres clients. C'est une prestation standard qui ne génère aucun surcoût. »
Le mode de mise à disposition d'un progiciel n'est pas le critère fondamental de choix. En étudiant une réponse à un cahier des charges, le client choisit surtout en fonction de la qualité de l'offre et de la richesse fonctionnelle. Mais une fois que le choix est fait, l'attitude du client évolue. D'après Philippe Plantive, « le client qui bascule du mode client/serveur au mode SaaS devient intolérant à la panne, quelle qu'en soit la cause (serveur FTP, liaisons, applications...). »
Les exigences des clients peuvent être variées. Aux habituelles continuité de service et garantie de sauvegarde et de confidentialité peuvent s'ajouter des contraintes variées que les fournisseurs doivent étudier en détail avec leurs clients.
Intégrer les applications SaaS avec les applications installées chez le client : un besoin croissant
Considérées initialement comme indépendantes, les applications fournies en mode SaaS sont de plus en plus confrontées à des besoins d'intégration avec des applications existantes, installées sur le site du client, ainsi que l'explique Patrice Lagorsse : « les applications SaaS sont souvent fournies à la demande d'un département, sans que le service informatique soit impliqué. Le problème de l'intégration intervient plus tard. »
En pratique, des points d'intégration et des formats adaptés sont prévus dans les progiciels. Dans Business ByDesign, SAP a privilégié les Web services, ce qui permet à ses partenaires des développer des interfaces à la demande. Oracle fait de même dans son offre CRM on-demand, où des points de passage sont prévus pour s'interfacer par exemple avec le progiciel JDEdwards installé chez le client. Mais en pratique, les Web services sont loin d'avoir été adoptés par toutes les entreprises : c'est ainsi que Proginov utilise encore beaucoup d'autres types de solutions pour développer des interfaces, en s'appuyant par exemple le bus Sonic et des serveurs ftp.
Le contenu de cet article provient des débats de la conférence « Toutes les applications (ERP, CRM, SCM, BI?) sont-elles " SaaSables" ? », qui s'est tenue lors du salon Solutions IT On Demand le 12 mai 2009 à Paris.
René Beretz