L'objectif fixé par Pascal Rialland, Directeur Général de SAP France et hôte de l'événement, était de permettre aux quelque 3000 visiteurs qu'il attendait, en principe issus d'entreprises utilisatrices ou potentiellement utilisatrices, de mieux comprendre comment mettre à profit les technologies, comment mieux utiliser son SI, pour optimiser la performance et la rentabilité des organisations. Bref, comment SAP peut éclairer ces organisations pour les aider à atteindre leurs objectifs.
Bien entendu, SAP n'est pas déconnectée du monde qui nous entoure et même du côté de Walldorf on a entendu parler ? voire même on souffre ? de la crise financière, économique et sociale qui frappe le monde entier depuis 8 mois maintenant. C'est pourquoi la parole a été donnée à des représentants de la "société civile" dans les sessions plénières, animées par Jean-Marc Vittori, éditorialiste aux Échos, notamment à Luc Ferry, philosophe et ancien ministre de l'éducation nationale et à Daniel Cohen, économiste et vice-président de l'école d'économie de Paris.
Au delà du constat de la singularité de la crise actuelle, ce dernier a estimé que nous entrions de plain-pied dans une troisième révolution industrielle : après celle de la vapeur à la fin du XIXème siècle, puis celle de l'électricité au début du XXème, nous vivons aujourd'hui la révolution informatique. La vapeur avait physiquement fédéré les travailleurs autour d'une source d'énergie dans des ateliers. L'électricité a modifié la source d'énergie pour la rendre plus puissante, plus stable dans le temps et fédérer un nombre encore plus important de travailleurs autour d'elle.
Depuis lors, on a évolué vers un modèle économique diamétralement opposé au fordisme, c'est-à-dire à une entreprise ayant externalisé toutes les tâches non essentielles au profit d'une "cellule pensante", supposée représenter la véritable valeur ajoutée de l'organisation. C'est ainsi que chez Renault par exemple on ne fabrique plus aujourd'hui que 20% d'un véhicule, les 80% restants étant confiés aux sous-traitants et équipementiers. C'était exactement l'inverse il y a quelques décennies, du temps du fordisme, justement. Autrement dit, on attache actuellement une importance énorme à tout ce qui est immatériel. "La crise financière actuelle montre les limites de cet attachement utopique à l'immatériel" explique Daniel Cohen. Il cite le modèle de Robert Solow, selon lequel l'économie ne peut être séparée du social (toute introduction de technologie doit s'accompagner d'une réorganisation du travail) et illustre son propos avec l'exemple de la banque Lehman Brothers, dont la chute est à l'origine de la situation actuelle et dont l'activité était à la fin purement immatérielle, ne reposant plus sur aucune réalité. Et de conclure qu'il est en conséquence nécessaire de trouver un juste équilibre entre immatérialité et activité première des entreprises.
Et SAP dans tout ça ?
Pascal Rialland, directeur général de SAP France, a ensuite détaillé les 5 outils apportés par SAP, censés fournir de la clarté aux entreprises dans le monde dépeint par Daniel Cohen. L'éditeur met notamment l'accent sur l'extension de ses solutions de gestion aux risques environnementaux et aux aspects sociaux. SAP Enterprise Support, son programme de support avec engagement de résultats (ce qui selon Pascal Rialland constitue une première dans le monde de l'édition), est le second outil de la série. Vient ensuite le programme de benchmarking défini en collaboration avec le SUGEN (SAP User Group Executive Network), récemment annoncé. Gratuit, ce programme doit permettre aux entreprises de comparer leurs processus métiers à ceux des clients SAP comparables en taille ou en activité. Suivent SAP Business Objects Explorer, un outil de recherche en langage naturel simple, dévoilé à l'occasion de Sapphire, et SAP Business Suite 7.0, le produit phare de l'éditeur.
Une cinquantaine de partenaires (Sun, ACA, Red Hat, Euriware, Applium, Crossgate, Ares et de nombreux autres...) exposaient dans l'immense Hall 1 et ont ponctué les deux journées de quelque 150 présentations. Ils se répartissaient en sept "villages" thématiques : directions informatiques, directions financières, solutions et expertises, industries, banque et assurance, secteur public et santé et PME. Une importance toute particulière a été donnée aux PME, à qui un immense village était dédié (cf. encadré).
Benoît Herr
Quelques questions à Hervé Uzan, directeur SME, SAP France
Arrivé chez SAP via Business Objects, Hervé Uzan a pris ses fonctions de directeur SME il y a deux mois. Les objectifs qui lui ont été assignés pour 2009 sont de réaliser 25% du chiffre d'affaires France sur les SME (Small and Medium Enterprises). Pour ce faire, l'éditeur a notamment abaissé le seuil de chiffre d'affaires qui définissait la PME chez SAP : de 1 milliard d'euros il est passé à 500 millions. "On adresse toujours d'abord le haut de la fourchette", explique Hervé Uzan. "C'est normal, c'est humain. En abaissant ce seuil, nous allons nous nous intéresser à un marché que nous n'adressions pas auparavant".
Ainsi SAP travaille-t-il principalement en indirect avec ses partenaires sur les comptes générant moins de 200 M€ de chiffre d'affaires et essentiellement en direct sur les clients plus gros. "Nos outils s'appellent Business All-in-One, Business One et Business ByDesign" ajoute Hervé Uzan. "Mais le gros de notre activité se fait sur All-in-One et les solutions développées par les partenaires autour de All-in-One."
S'agissant de Business ByDesign "c'est un produit en phase de démarrage", considère-t-il.
Côté marché, Hervé Uzan s'inscrit un peu en faux par rapport à la perception générale : il estime qu'il y a encore de nombreux projets ERP au sein des entreprises, même s'ils ont un peu plus de mal à se concrétiser depuis la fin de l'an passé. "Il n'existe pas de statistiques bien définies, mais il semblerait que le marché soit stable ou en légère croissance", commente-t-il. "Sur le premier trimestre, l'activité SME de SAP a été en croissance et il y a de grandes chances pour que ce soit le cas sur le deuxième trimestre également".
Quant à la perception de SAP au sein des PME, rien de nouveau sous le soleil : solidité, sérieux et orientation grands compte font toujours partie de l'image qu'en ont les gens, constate Hervé Uzan. Il lui reste donc encore du chemin à faire pour que la souplesse et la facilité de mise en ?uvre fassent partie du tableau.
BH