Eang Ang Ong, Partner en charge de la practice SAP chez IBM Global Business Services, ainsi que sa collègue Colette Boon ont commenté la présentation faite par Eric Ménard de l'étude PAC.
Avec un marché de 1,4 milliard d'euros, la France est le 3ème pays européen lorsqu'il s'agit des services SAP, derrière l'Allemagne, bien entendu, et le Royaume-Uni. Le marché mondial des services autour de SAP (conseil, intégration et TMA (Tierce Maintenance Applicative) a représenté quelque 27,4 milliards d'euros en 2008, tiré qu'il était par l'Allemagne, ce qui en fait le premier marché autour des applications d'entreprise, devant celui d'Oracle. "Les Services SAP sont plus dynamiques que le reste du marché en particulier sur la TMA" explique Eric Ménard.
État des lieux
(cliquez sur l'image pour l'agrandir)
Eric Ménard poursuit : "à l'heure actuelle, il existe toujours des projets majeurs de transformation dans le secteur privé : les larges implémentations démarrées il y a plusieurs années se poursuivent. " - "On n'arrête pas un projet de cette envergure en claquant des doigts", constate Eang Ang Ong. Mais c'est le secteur public qui tire la croissance. SAP bénéficie également de la rationalisation des investissements informatiques, qui conduisent à une uniformisation autour d'un même progiciel.
Par ailleurs, les projets sont de plus en plus modulaires et concernent des domaines comme la maintenance (Maintenance Repair & Overhaul) ou le SRM (Supplier Relationship Management). Quoi qu'on en dise, la comptabilité/finance représente toujours plus de 25% du marché, devant la business intelligence qui, grâce au rachat de BO, arrive en deuxième position avec près de 20%. En revanche, l'adoption de la version 6.0, si elle est effective aujourd'hui, représente surtout un potentiel. Dans ce cadre, SAP et ses partenaires doivent faire la démonstration de la valeur ajoutée de cette migration. Des offres ont été mises en place pour cela, mais ce type de projets représente toujours un challenge pour le prestataire. "Le taux d'adoption de cette version est passé de 10-15% en 2008 à 25-30 % en 2009" ajoute Eang Ang Ong.
Autre tendance lourde, selon PAC : la réinternalisation. "De nombreux clients SAP recourent plus à des ressources internes que précédemment", explique Eric Ménard. "Les clients ont tendance à séparer les projets étapes par étapes (3 à 6 mois) afin de contrôler les risques et les coûts." Enfin, les compétences des prestataires SAP sont nécessairement étendues : avec l'acquisition de Business Objects et la multiplication des solutions et des initiatives de type SaaS ou autres, la palette des compétences auxquelles font appel les clients s'est élargie. En outre, les projets sont de moins en moins techniques et concernent de plus en plus la transformation des entreprises. Et la crise participe de la mutation des compétences techniques.
L'importance de l'offshore
"Sur les gros appels d'offre, si la réponse d'un prestataire ne comprend pas de partie offshore, celui-ci ne participe même plus aux tours de consultation suivants", affirme Eang Ang Ong. Pourtant, l'offshore ne représente selon PAC que 0,2 milliard d'euros par an sur le marché de la TMA en France (dont l'essentiel concerne SAP), mais la tendance est à la hausse. "Nous travaillons en 'Global Delivery'", explique Eang Ang Ong. "C'est-à-dire que les compétences sont virtualisées sur les zones 'chaudes', ce qui fait qu'au total chez IBM ce sont 25 000 personnes qui sont spécialisées sur SAP à travers le monde. Mais la répartition de l'offshore n'est pas homogène et dépend de l'entreprise ainsi que de la phase et du type du projet. Sur les grands projets internationaux, l'offshore ne pose aucun problème. Sur les projets français et francophones, même de grande taille, les entreprises sont plus réfractaires. Quant aux PME/PMI, elles ne font au mieux que de l'offshore mutualisé".
Intégrer la TMA dès le début du projet
La demande en TMA autour de SAP est toujours active : en France, elle devrait connaître une croissance moyenne de 9,1% entre 2009 et 2013, selon PAC et passerait ainsi de 28% du chiffre d'affaires réalisé autour de SAP en France en 2008 à 34% en 2013. Cette progression répond à un fort besoin de rationalisation des SI ainsi qu'à des projets de consolidation de contrats de TMA relativement modestes en contrats plus importants. Cette déjà belle progression pourrait l'être encore plus selon Eang Ang Ong qui estime que "dans la 2ème vague des projets de TMA (c'est-à-dire celle des renouvellements de contrats) l'objectif des entreprises est purement et simplement la réduction des coûts".
"Chez IBM, nous n'attendons plus la fin du projet mais anticipons la phase post-projet et intégrons la réflexion autour de la TMA dès le départ" affirme Colette Boon.
Et les PME ?
"SAP gagne année après année des parts du marché des PME/PMI", affirme Eric Ménard. Les PME/PMI (entreprises générant jusqu'à 500 M€ de chiffre d'affaires) représentent 15 à 20 % du portefeuille des clients IBM, selon Eang Ang Ong. "Nous sommes de plus en plus sollicités depuis quelques temps" affirme-t-il. "Les PME cherchent à mutualiser leurs coûts car les budgets ne sont évidemment pas les mêmes. Il leur faut des solutions flexibles et des prestations qui suivent l'évolution de la demande. Elles souhaitent payer un service plutôt que de payer des ressources. Là où un grand compte mettra jusqu'à 4 euros de TMA pour 1 euro de licence logicielle, en PME on tend le plus souvent vers 1 pour 1. La TMA représente généralement entre 10 et 25% des coûts de mise en ?uvre du projet".
Benoît Herr