Village geeks
La particularité de ce salon dédié à Linux et à l'Open Source est la présence de ce grouillant village associatif qui concentre les nombreuses forces vives gravitant autour de la plate-forme. Ils étaient à nouveau tous là, ces chevelus hirsutes et débraillés, développeurs, étudiants, mais aussi indépendants ou prosélytes de tout poil, aficionados de telle ou telle technologie, depuis "la poule ou l'?uf", logiciel d'édition professionnel, jusqu'à PostgreSQLFr en passant par l'AFUL (Association Francophone des Utilisateurs de Logiciels Libres), KDE, Mozilla Europe ou FreeBSD.
Exposition technologique
Sur la partie plus conventionnelle de l'espace d'exposition, si la présence d'Oracle s'y explique aisément, via Sun, on était assez surpris de voir trôner un énorme stand Microsoft au beau milieu du plateau. En s'approchant un peu, on pouvait découvrir que la firme de Redmond s'y présentait comme le champion de l'interopérabilité, au travers notamment de ses nombreux partenaires en la matière, comme SugarCRM, Agarik, ou Soyatec. Mais c'est au travers de son implication dans le projet Eclipse et dans le langage PHP que Microsoft cherchait à faire la démonstration de sa stratégie d'ouverture. Comme quoi il n'y a pas d'opposition qui ne puisse se terminer en réconciliation... reste tout de même encore à l'éditeur à convaincre le public.
On notait aussi et surtout de nombreux acteurs de divers domaines d'infrastructure, depuis le poste de travail avec Axel, par exemple, jusqu'à l'intégration d'applications VOIP avec Factor FX. Virtualisation, temps réel, embarqué, sécurité, réseaux, data centers et clustering se taillaient la part du lion de cette exposition, ne laissant un peu de place qu'aux applications collaboratives et à la BI et une portion congrue au CRM et à l'ERP.
On notait également la présence d'acteurs de la BI comme Jaspersoft, du e-commerce comme Prestashop, mais les grands acteurs des ERP Open Source que sont OpenBravo, Compiere et autres OpenERP, pour n'en citer que quelques uns, étaient dramatiquement absents de cette édition du salon le plus Open Source du paysage français. Enfin, pas tout à fait, puisqu'ils étaient là au travers des nombreuses SS2L qui exposaient sur Solutions Linux et proposaient leurs services, Linagora et Smile en tête.
ERP malgré tout
Dans cette jungle, nous avons tout de même réussi à rencontrer deux acteurs du monde des ERP, tous deux français d'origine : Neogia et Dolibarr ERP/CRM.
Neogia est une solution Open Source de gestion d'entreprise, modulaire, évolutive et full Web. Basée sur Apache OFBiz, elle englobe le CRM, la production, la finance, la gestion d'entrepôt et de magasin ainsi que le e-commerce et commence à être assez connue pour la richesse de ses possibilités. Depuis peu, il existe également une version préparamétrée du module de comptabilité, conçue pour les artisans, petites structures et auto-entrepreneurs. Offrant une saisie comptable intuitive et permettant la sortie des liasses fiscales, TerCompta release 1.0 est la nouvelle appellation de NCG-PMEA, qui avait été annoncé en 2009.
Dolibarr ERP/CRM est un logiciel Open Source modulaire de gestion de TPE/PME, d'indépendants, d'entrepreneurs ou d'associations. Englobant les fonctionnalités d'un ERP et du CRM, il s'exécute au sein d'un serveur Web et peut être accessible depuis n'importe quel endroit disposant d'une connexion Internet. Le projet est basé sur l'utilisation d'Apache, de MySQL et de PHP. Parmi les principaux modules pouvant tous être mis en ?uvre isolément, citons la gestion de stocks, de commandes, des propositions commerciales, des factures clients et fournisseurs, des virements bancaires ou des expéditions. L'outil permet également l'export en PDF de tous les éléments, la gestion des agendas, de rapports et la connectivité LDAP. "Dans sa nouvelle version, Dolibarr a été téléchargé plus de 600 fois depuis le premier janvier dernier", nous explique Jean Heimburger, de la société de conseils et de services informatiques Tiaris, qui implémente notamment Dolibarr. Saluons cet acteur en train de se structurer dans un marché toujours dynamique.
Benoît Herr
La communauté OpenOffice francophone s'organise
Jean-Baptiste Faure, leader du projet OpenOffice.org francophone, et Gilles Bignebat, co-leader, ont créé il y a un peu moins d'un an (à l'occasion de Solutions Linux 2009, en fait) l'association La Mouette, destinée à mieux soutenir le projet et à représenter les utilisateurs francophones de la célèbre suite bureautique Open Source.
Le succès de la suite bureautique ne se dément pas : en octobre 2009, le nombre de téléchargements d'OpenOffice dans le monde avait déjà atteint les 100 millions depuis la sortie de la V3, en octobre 2008. " En Europe, OpenOffice est présent sur 20% des postes de travail environ", estime Jean-Baptiste Faure sans toutefois se prononcer sur l'utilisation réelle qui est faite de la suite logicielle.
Très active dans de nombreux domaines, allant de la localisation à la création d'un ouvrage communautaire en passant par la mutualisation des développements spécifiques et bien sûr la rencontre et le dialogue avec les utilisateurs francophones, l'association la Mouette compte aujourd'hui déjà plusieurs dizaines d'adhérents. Elle a récemment enregistré l'adhésion de sa première administration, avec celle de la ville de Mions, dans le Rhône et depuis, d'autres administrations lui ont emboîté le pas. La Mouette soutient également l'initiative MiMOOo, qui est un groupe de travail interministériel français pour le partage de ressources sur OpenOffice.org.
BH