1. L’ERP s’enrichit par itérations en intégrant des best of breed [1980 – 2000]
L’expérience des consultants du CXP montre que pour faciliter la mise en œuvre d’un ERP tout en limitant les risques et les délais, il est préférable dans un premier temps de déployer un périmètre réduit à l’essentiel, en ne considérant que les fonctions indispensables dans un Lot 1… C’est au fil du temps que l’ERP verra son périmètre s’étendre ou être complété par d’autres logiciels dits “best of Breed“. Ces applications “verticales“ souvent plébiscitées par les utilisateurs et bénéficient des bonnes pratiques sectorielles. Également disponibles sur les marketplaces, elles se multiplient et offrent des fonctionnalités parfois extrêmement pointues.
Ainsi, un système d’information s’appuie généralement sur différents référentiels, synchronisés, ce qui présente plusieurs inconvénients pour la maintenance et les montées de versions des logiciels. Au niveau financier, cela engendre la multiplication des coûts (licences et maintenance associée), sans compter les développements nécessaires pour assurer l’interopérabilité. Quels que soient les logiciels et les architectures, l’un des principaux enjeux de la DSI est donc d’améliorer l’intégration des outils et la communication inter-applicative. Les interfaces, connecteurs et autres API permettent la continuité des processus au niveau opérationnel et numérique.
Pour limiter ces interfaces, le système d’information et l’ERP ont évolué vers un système « tout intégré » qui accueille sous un même référentiel le CRM, la logistique, les achats, la Business Intelligence (BI)… Un même ERP, plus complet, mais plus complexe, était proposé pour répondre à tous les secteurs d’activités. Les systèmes devenaient plus difficiles à déployer chez les clients, à personnaliser et à maintenir, favorisant l’essor des sociétés de services pour assurer l’implémentation, l’exploitation et l’externalisation.
Durant cette première phase, l’atout de l’ERP a été son référentiel unique, source de fiabilité et de qualité des données. Le périmètre fonctionnel de l’ERP a gagné en largeur ou en profondeur, parfois les deux. Utilisé par les différents services de l’entreprise et pour son côté structurant, il intéresse les dirigeants et devient leur principal outil de management.
2. Changement de paradigme : de l’ERP monolithique à l’ERP vertical en SaaS. [2000 – 2015]
Ces systèmes conçus pour les grands comptes, s’avéraient surdimensionnés pour les ETI et les PME, à la fois par leur complexité et par le coût. Les éditeurs verticalisaient leur ERP pour offrir des progiciels “métier“ préconfigurés par secteur d’activité, à la faveur d’une implémentation plus rapide et d’un budget plus abordable. Outre le fonctionnel, l’ergonomie devient plus intuitive, avec des écrans personnalisés, conduisant à un usage plus simple grâce à des menus standards par « rôle » : logisticiens, comptables, commerciaux… Ces évolutions sont concomitantes à l’arrivée du Cloud et des solutions SaaS qui supposent elles aussi une approche standard.
3. Les nouvelles technologies réorientent la stratégie, pas la finalité [2015 – 2030 ?]
A propos du SaaS, les freins sont peu à peu tombés et L’ERP en SaaS représente aujourd’hui une alternative étudiée dans tous les projets. Dans certains cas, c’est même un prérequis. Néanmoins, si les ERP sont aujourd’hui quasiment tous proposés dans le Cloud, peu sont disponibles en SaaS multitenant ce qui peut représenter un élément déterminant dans une stratégie d’entreprise. Les éditeurs ne parlent donc pas tous du même SaaS et leurs solutions peuvent être très différentes.
Aujourd’hui encore, les ERP sont complétés par des solutions best of breed ou des Apps. L’interopérabilité reste un chantier majeur et la technologie API, basée sur des normes standards, semble s’imposer permettant à une application d’en “consommer“ une autre, en SaaS ou On Premise. Ainsi, les systèmes d’information deviennent hybrides et même multi-cloud.
Les aspects règlementaires comme pour les RH (DSN), les normes comptables (IFRS…) la protection des données (RGPD) … incitent les entreprises à s’appuyer sur leur éditeur, garant de la conformité des logiciels. La sécurité représente un autre sujet “chaud“ ces dernières années et pour longtemps.
La transformation numérique se poursuit avec notamment la dématérialisation des factures (parfois réglementaire), la mobilité, le SaaS ou encore le collaboratif. Le déploiement du “Numérique “ accentue l’automatisation des processus et la robotisation (RPA). L’entreprise cherche à générer plus de données pour offrir de nouveaux services à ses clients. Les objets connectés (IoT) y contribuent. Ces grands volumes de données doivent être traitées (Big data et MDM) de préférence en temps réel grâce à la technologie “in memory“. Ces innovations autorisent aujourd’hui l’auto-analyse des données par les systèmes, on parle de machine learning. Si l’Intelligence artificielle (IA) est évoquée depuis les années 80 par les leaders mondiaux du logiciel, les cas d’usage sont encore rares mais certaines applications voient le jour. L’IA et la robotisation représentent vraisemblablement la prochaine révolution de l’ERP, avec les impacts que l’on peut imaginer.
Les principaux éditeurs d’ERP en France
La consolidation se poursuit avec des acteurs qui disparaissent et d’autres qui émergent. Le virage du SaaS est sans doute à l’origine des principales agitations… en attendant les prochaines.
Parmi les solutions du marché, certains acteurs locaux comme Cegid, Proginov ou Divalto restent solides face aux leaders mondiaux qui renouvellent leurs offres historiques comme SAP, Oracle, Infor, Microsoft, Sage… D’autres éditeurs tels que NetSuite, Workday, Acumatica, Rootstock etc. voire Salesforce, sont plus récents en France. Le SaaS génère des projets et dynamise le marché, redistribuant les cartes et offrant aux challengers la possibilité de gagner des parts.
Pour l’entreprise, alors que la transformation numérique bouge encore les lignes et dans un contexte économique difficile, l’ERP n’est plus forcément choisi selon les mêmes critères. Il doit pouvoir suivre les changements de comportements des clients, supporter de nouveaux processus et lui conférer plus d’agilité tout en assurant l’efficacité opérationnelle et financière. Le défi est de bâtir le meilleur système d’information en tirant profit de l’existant, en opérant une transformation “sans secousses“ et à moindre coût. Enfin, la question des compétences et des ressources humaines revient régulièrement. Les choix technologiques et de l’ERP pourraient dans ce domaine aussi jouer un rôle dans les années à venir. Pour en parler, rendez-vous au salon solutions…