L'éditeur affiche un chiffre d'affaires de 3 milliards d'euros sur le trimestre, en hausse de 20% et un bénéfice après impôts de 501 millions d'euros en normes IFRS, en hausse de 12%, pour une marge opérationnelle de 716 millions d'euros, en hausse de 16%. Cette marge représente un ratio de 23,8% du chiffre d'affaires, contre 24,7% au troisième trimestre 2009, soit un léger infléchissement, de 0,9%. Signalons aussi la croissance importante, de 25%, des ventes de licences, à 656 millions d'euros contre 525 au même trimestre de 2009. SAP ayant acquis Sybase le 26 juillet 2010, ces résultats incluent les revenus générés depuis par celui-ci, évidemment absents des chiffres de 2009. Hors Sybase, le volume d'affaires de SAP a contribué à hauteur de 15% à la croissance des revenus logiciels et services (7% en euros constants). Quant à la France, elle affiche 9% de croissance (à comparer aux 7% en euros constants), hors Sybase. "Nous faisons donc mieux que la moyenne mondiale, même si nous sommes en léger recul par rapport au groupe sur les ventes de licences, qui augmentent de 6%", note Nicolas Sekkaki, directeur général de SAP France.

Toutes les régions du monde sont en croissance sur le troisième trimestre, en particulier les États-Unis et les marchés émergents d'Asie, d'Europe et d'Amérique Latine. L'équilibre entre les revenus émanant d'entreprises petites, moyennes et grandes est bon. Le nombre des affaires est en hausse, que ce soit en termes de nombre ou de taille, y compris en France, où "la contribution des partenaires est aussi en hausse, de 12%, ce qui confirme la pertinence de notre réseau de partenaires, que ce soit en termes de solutions ou de couverture géographique", selon Nicolas Sekkaki. Parmi les nouvelles affaires conclues en France, citons le renouvellement du contrat Chorus avec l'AIFE, le groupe Casino sur la partie retail en mise en ?uvre des infrastructures, le groupe Boulanger sur les ressources humaines, et un certain nombre de filiales du groupe Safran, comme Labinal ou Messier-Dowty. Au niveau mondial, ajoutons à cette liste non exhaustive la Nedbank Group Limited, la Standard Bank of South Africa Ltd ou encore la ville de Johannesburg pour SAP, BNP Paribas ou la Commerzbank pour Sybase.

Si les résultats de la filiale française sont bons dans de nombreux domaines, ils sont en revanche plus contrastés sur le secteur PME/PMI : "nous avons une offre multiple, mais sa mise en ?uvre doit être encore plus rapide et facile et nous sommes en cours de restructuration pour cela. Le segment PME/PMI est un facteur de croissance, notamment avec Business ByDesign. Nous avons aujourd'hui les structures de coûts correspondantes. Il faut en accélérer le développement, qui sera d'autant plus pertinent avec la V2.6, qui verra le jour début 2011", explique Nicolas Sekkaki.

Sur les neuf premiers mois de l'année, toujours en normes IFRS, le chiffre d'affaires de SAP se monte à 8,4 milliards d'euros, en hausse de 12% par rapport à 2009 pour un bénéfice après impôts de 1,38 milliards. La marge opérationnelle dépasse les 2 milliards, à 24,4% du chiffre d'affaires, en hausse elle aussi, de 3,5%. Hors Sybase, le volume d'affaires de SAP seul a contribué à hauteur de 14% à la croissance des revenus logiciels et services (8% en euros constants).

Ces chiffres trimestriels, pourtant bons et supérieurs aux attentes de l'éditeur (qui étaient de 6 à 8%), n'ont pas convaincu les marchés financiers. La bourse de Francfort les a accueillis fraîchement, par la plus forte baisse de l'indice DAX le jour de l'annonce, le 27 octobre, avec un recul de 3,26% de l'action, à 37 euros. Les analystes anticipaient en effet un bénéfice d'exploitation plus important de plusieurs centaines de millions d'euros, d'où la déception de la bourse.

Mais pour Nicolas Sekkaki, il ne s'agit là que d'une réaction épidermique des financiers, qui n'entame en rien la détermination et les ambitions de SAP à l'horizon 2015. En cinq ans, l'éditeur espère tout simplement doubler son chiffre d'affaires annuel pour passer à 20 milliards d'euros, faire passer sa marge opérationnelle à 35% et atteindre le milliard d'utilisateurs dans le monde, pour un indice de satisfaction de 82%. "Ces objectifs ambitieux ne pourront pas être atteints si nous restons sur l'ancien agenda", constate Nicolas Sekkaki. Autrement dit, SAP doit modifier sa démarche. "Nous souhaitons apporter de l'innovation et de la valeur ajoutée à nos clients et améliorer l'expérience client". Sur le premier axe, l'éditeur souhaite répondre à la demande de rapidité de mise en ?uvre et de maîtrise des coûts de ses clients. "Mais il ne faut pas toucher à leur système existant, car il fonctionne", ajoute Nicolas Sekkaki. "Quant à l'amélioration de l'expérience utilisateur, elle passe par une reconnaissance des utilisateurs dans une interface simple, conviviale et par la mobilité, c'est-à-dire les smartphones. L'usage de la donnée est aujourd'hui plus important que l'accès à cette donnée", estime le DG de SAP France. Cloud computing, mobilité et technologie in-memory sont le credo actuel de SAP, qui se place délibérément en rupture avec les technologies précédentes. "Nous pensons usage, interface client, facilité de communication, outils de productivité mais aussi intégration et fluidité lorsque nous développons", conclut Nicolas Sekkaki.

Benoît Herr