Comment voyez-vous évoluer le marché et les attentes des entreprises en cette période de reprise annoncée ?
Je ne suis pas sûr qu'une reprise ait eu lieu. Les sociétés ne manifestent pas beaucoup d'intérêt pour investir dans des logiciels de gestion. Mais chez Comarch, nous n'avons pas ce type de problématique car nous sommes des challengers sur le marché : nous proposons des tarifications et des offres beaucoup plus attractives que les autres. Nous avons une démarche atypique. Actuellement, les demandes des clients s'articulent surtout autour du reporting : BI, outils décisionnels. Nous proposons des plates-formes innovantes. C'est important parce que, si on choisit un système ERP, il faut qu'il soit utilisé pendant au moins 10 ans. Si on part d'un système qui a été conçu dans les années 90 et qu'on attend 10 ans pour passer à un nouvel outil, il aura déjà 30 ans d'existence. Au niveau technologique, il y a une forte demande des sociétés sur ces points-là. Le rapport qualité-prix joue beaucoup : nous proposons à la fois l'innovation et l'intégration des différents modules à un prix très attractif pour les clients finaux.
Quels sont vos facteurs différenciateurs et vos atouts sur le marché national et international des ERP ?
Notre principal facteur différenciateur est l'innovation. C'est un credo chez nous : 15 % du chiffre d'affaires du groupe sont affectés à la recherche et au développement de nos produits. 70 personnes travaillent et assurent l'élargissement rapide de la couverture fonctionnelle et de la couverture technologique de notre ERP. Le deuxième facteur est l'internationalisation du produit. Le même produit destiné au marché PME est commercialisé à la fois en France, en Allemagne, en Pologne, aux Etats-Unis, en Autriche, en Suisse et dans d'autres pays. La solution ne s'adresse pas aux grands comptes. Il faut la localiser et l'adapter aux marchés locaux : les PME ont besoin d'une solution pré-packagée. Nous devons couvrir la totalité des modules pour les PME ; notre outil gère donc l'ensemble des problématiques rencontrées par les PME, en ajoutant une couche de localisation pour l'adaptation à la réglementation du pays. Le troisième facteur qui nous différencie de nos concurrents est le rapport qualité-prix. Tout en apportant l'innovation et l'internationalisation, nous avons un prix qui se démarque du marché. En incorporant les différents types de modules, nous avons un taux de rentabilité très élevé.
Quelle est votre vision de la nouvelle génération d'ERP, intégrant par exemple des technologies comme le e-commerce, les réseaux sociaux, mais aussi de nouveaux besoins tels que la distribution multi-canal ?
Elle comporte plusieurs points, notamment le mode SaaS. Nous avons fait de gros investissements sur cet aspect. Nous sommes en train de construire un réseau de centres d'hébergement en Europe pour proposer localement cette offre aux PME tout en respectant les réglementations locales, qui imposent parfois de conserver les données dans un pays, en particulier les données financières.
Le deuxième point, ce sont les réseaux sociaux. Nous avons une vision assez complète de notre évolution dans cette direction. Comarch a un projet très ambitieux de création de portail de réseau social destiné aux PME et également aux partenaires des solutions Comarch, pour pouvoir échanger des expériences, poser des questions, chercher des informations. Cela ira ensuite plus loin, sous la forme d'un portail d'e-commerce où ils pourront acheter et proposer des solutions qui ont été développées pour eux. Comme notre ERP est orienté processus métiers et qu'on peut définir des workflows très complexes ou très personnalisés, un intégrateur qui pense que ces workflows peuvent être intéressants pour d'autres sociétés pourra les en faire bénéficier. L'intégrateur pourra les mettre sur le site e-commerce Comarch, après validation et certification des modules. Ceux-ci pourront ensuite être implémentés dans différents pays, avec des contraintes de configuration variant d'un pays à l'autre. Nous voulons créer une sorte de communauté autour du produit.
Le troisième élément, c'est le cloud computing, le nuage d'accès aux services, qui sont complètement transparents pour les utilisateurs finaux. Nous travaillons avec Microsoft sur les nouvelles technologies d'innovation, parce que c'est la référence dans le domaine. Du coup, nous mettons un fort accent sur le cloud computing : nous allons proposer la chaîne complète des services : progiciels de gestion, dématérialisation, hébergement, stockage, backup, gestion de toute la partie infrastructure, qui va même ouvrir l'exploitation des données. Ce sera viable à condition de disposer d'une chaîne complète proposant des services intéressants. On ne peut pas garantir un SLA (qualité de service) si on ne gère pas la chaîne complète, si le data center appartient à un partenaire, si la solution a été développée par un autre éditeur de logiciel, si le matériel est intégré par un intégrateur. Il faut vraiment proposer un package complet où le nuage est Comarch et les clients choisissent les solutions.
Propos recueillis par René Beretz