La nouvelle stratégie Web de Sage est le résultat d'un groupe de travail mis en place au niveau mondial par le nouveau CEO de Sage, Guy Berruyer. Animé par Antoine Henry, directeur général de la filiale française, le "Product Marketing Committee" définit la stratégie mondiale des produits, destinés à être commercialisés par l'ensemble des filiales.
Services connectés
Les services connectés sont destinés à compléter les applications installées sur le poste client de l'utilisateur. Accessibles par le Web, ils fournissent, par exemple, des fonctions de publication ou d'échanges. Ils ne remettent pas en cause l'existant et ne doivent pas perturber le fonctionnement quotidien.
L'un des services existants déjà largement utilisés est Sage directDéclaration, qui effectue la dématérialisation des données fiscales et sociales et la publication vers les organismes publics. Les applications de gestion Sage génèrent les déclarations sociales (DICS, DADSU...) et les déclarations fiscales (liasses, TVA...) puis les transfèrent sur la plate-forme déclarative de Sage. Celle-ci les transmet aux administrations et récupère les accusés de réception. C'est aujourd'hui la première plate-forme de déclaration privée en France.
Un autre exemple de service connecté est la plate-forme Web de Sage dédiée à l'e-commerce. Reliée à l'application de gestion commerciale Sage installée chez le client, elle gère les commandes des clients et les partenaires sur le Web et effectue la synchronisation des données. Le chiffre d'affaires de Sage dans l'e-commerce s'élève à 150 millions d'euros par an. Répondant à l'engouement pour les smartphones, l'éditeur a lancé l'année dernière Sage Business Mobile. Une plate-forme Web, reliée aux applications Sage, récupère les informations de l'ERP et les met en forme pour publication sur iPhone et bientôt sur d'autres plates-formes. L'exemple le plus récent de ces services connectés est le produit ACT!, qui permet de constituer des bases de prospects par simple téléchargement.
La souscription à ces services s'effectue directement sur le Web mais Sage prévoit de proposer une souscription directement à partir des logiciels installés sur site. Pour tous ses projets d'interconnexion et d'échanges, Sage s'appuie sur son protocole SData. Sont envisagées des possibilités d'interconnexion entre des services créés dans un pays et utilisés dans un autre, ainsi que l'interconnexion des services connectés avec les services de gestion en ligne. Quant à la tarification, elle varie selon les usages, et elle est même parfois intégrée dans des offres globales.
Solutions de gestion en ligne
Pour Sage, les solutions de gestion en ligne se caractérisent par la tarification à l'abonnement, l'absence de matériel à gérer, les mises à jour fréquentes et la disparition des mises à niveau manuelles. L'éditeur les répartit en deux catégories : celles qui sont conçues pour les petites entreprises et celles qui sont conçues pour le mid-market.
Les solutions de gestion en ligne destinées aux petites entreprises (en fait aux très petites entreprises) sont développées et conçues d'emblée pour le Web : il s'agit de solutions en mode SaaS. Pour ce type de société, c'est souvent le premier achat de logiciel. Entreprise mondiale avec déclinaisons locales, Sage dispose déjà de telles solutions dans plusieurs pays : Allemagne, Amérique du Nord, Afrique du Sud. En France, Ciel e-Service Paye est une solution de sous-traitance des bulletins de paie. Elle a déjà été adoptée par 2000 clients dont 65% n'étaient pas des clients Sage.
Antoine Henry, directeur général de Sage France
Selon Antoine Henry, "le potentiel est énorme dans les petites entreprises. Seules 300 000 entreprises de moins de 20 salariés ont acheté un logiciel de paie. 900 000 n'ont aucun logiciel. La solution de Sage présente de gros avantages pour les utilisateurs car ils n'ont pas à se préoccuper de l'évolution de la réglementation : Sage le fait pour eux."
Pour les entreprises de taille moyenne, la réflexion de Sage aboutit à un autre type de solution : les logiciels hybrides, qu'il considère comme le meilleur des deux mondes. À côté des accès classiques en mode client-serveur destinés aux gestionnaires, les autres utilisateurs ponctuels peuvent accéder en mode Web aux données qui les concernent. Il peut s'agir de salariés avec un profil métier spécifique ou de dirigeants. La première solution de ce type, Sage 100 entreprise étendue, est utilisée par 100 clients. Un autre exemple de logiciel hybride est SalesLogix, solution de CRM destinée aux moyennes et grandes entreprises. Sa nouvelle version en mode hybride s'adresse à deux types d'utilisateurs : les sédentaires et les nomades. Elle comporte deux bases de données qui se synchronisent en temps réel.
Élargissement des modes de facturation et de déploiement
Des études montrent que les solutions SaaS progressent mais que les solutions traditionnelles installées sur site font de même, mais à un rythme moins soutenu. Ces dernières restent largement dominantes pour le moment. Sage a donc décidé de développer des solutions de gestion en ligne tout en poursuivant le développement des solutions traditionnelles.
Les tenants du mode SaaS vantent un TCO plus faible, des coûts initiaux moindres, la facilité de mise à jour. Quant aux inconditionnels des applications installées sur site, ils apprécient de contrôler les mises à jour, considèrent qu'ils bénéficient de plus de sécurité, ne veulent pas externaliser leurs données et considèrent qu'ils peuvent personnaliser plus facilement leurs applications. "Le besoin de personnalisation n'est pas identique pour toutes les applications", explique Antoine Henry : "c'est nécessaire pour un ERP tel que X3 mais ça ne l'est pas pour une application de trésorerie."
Sage en est arrivé à proposer des choix très ouverts à ses clients, en combinant à la fois des solutions techniques et des modes de facturation variés. Quatre options sont possibles. À côté des solutions classiques que sont l'achat de licence pour un produit installé sur le site du client et le mode SaaS accessible par une facturation périodique à l'usage, l'infogérance applicative consiste à mettre en ligne des applications facturées par achat de licences. La vraie nouveauté est un mode de souscription indépendant du mode de déploiement : le logiciel peut être soit fourni en mode SaaS, soit installé chez le client. Sage vient de lancer Sage 100 en mode locatif avec un engagement d'une durée minimale d'un an : les clients ne payent pas de droit d'entrée, mais payent tout même les frais d'installation et la personnalisation. D'après l'éditeur, la courbe de rentabilité du mode souscription se croise au bout de trois ans avec celle de la formule d'acquisition de licences.
Après une longue période de frilosité, Sage s'engage donc résolument dans le monde connecté avec un éventail de solutions parmi lesquelles il semble encore hésiter. L'éditeur saura-t-il faire un choix et mettre en commun des développements jusqu'ici éparpillés dans chaque pays ?
René Beretz