Le 21 mars dernier, les états généraux du cloud computing ont attiré une assistance fournie : les 420 participants se sont montrés très assidus aux conférences et ateliers, animés par de nombreux intervenants et experts, et lors de la remise des trophées, qui ont attiré 115 candidatures au total cette année. Le tout dans un cadre prestigieux : le siège de la chambre de commerce et d'industrie de Paris, avenue de Friedland.
Le cloud computing en 2011-2012
Les chiffres de 2011 et du début de 2012, non seulement en France mais également dans le monde, le confirment : le cloud computing est entré dans les mœurs et se répand rapidement. Markess International a interrogé 100 prestataires français sur leur vision des 6 mois qui viennent. Il en ressort que les grandes et moyennes entreprises manifestent une demande moyenne à élevée pour le cloud computing, les TPE, jusqu'ici réservées, les rejoignant dans leur intérêt. Le secteur public, dans lequel il existe toujours des freins, est également demandeur. Le nombre d'entreprises clientes sur les 4 dernières années augmente de manière modérée à haute. Plus généralement, à partir d'une étude internationale, KPMG considère que, dans le monde, 75 % des entreprises ont démarré au moins un projet de cloud computing, ce chiffre atteignant 80 % en France. Dominique Dupuis, directrice de recherche au CXP, confirme que les entreprises qui consultent le CXP demandent toujours si une offre cloud existe pour répondre à leurs besoins.
Pour 70 % des prestataires, l'activité de cloud computing a contribué à la création d'emplois : le nombre total est évalué par Markess International à 10 000 emplois créés en France en 2011. Cette montée en puissance du cloud computing a trouvé une illustration éclatante avec le rachat de SuccessFactors par SAP, qui a trouvé ainsi le moyen d'acquérir à l'extérieur une technologie de cloud computing qu'il n'a pas pu développer lui-même. La tendance a été confirmée depuis, avec le rachat de Taleo par Oracle.
Les tendances pour 2012-2016
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D'après l'étude Markess, la valeur des contrats devrait augmenter de manière sensible en France dans les 6 mois à venir ; et les prestataires prévoient une augmentation de leur carnet de commandes. Le potentiel est important : KPMG prévoit une croissance à deux chiffres jusqu'en 2015. Non seulement les grands comptes, mais également les PME/PMI s'y mettent : elles disposent ainsi de l'informatique des grands à un prix intéressant. Le modèle du cloud est vertueux pour les offreurs et il génère de nombreux partenariats. Quant à l'État français, il accompagne cette tendance en investissant dans de grands projets. Les chiffres avancés par Markess pour le cloud computing en France sont de 2,8 milliards d'euros en 2012 et de 3,8 milliards d'euros en 2014. Le PaaS (Platform as a Service) augmente de 49 %, mais il part de plus bas, le IaaS (Infrastructure as a Service) augmente de 25 % et le SaaS de 11 %, sachant que Markess intègre dans ces chiffres les applications sectorielles.
Le cloud computing, vecteur de transformation des entreprises
Perçu surtout jusqu'ici comme facteur d'économies et de maîtrise des coûts, le cloud computing a d'autres atouts. C'est un changement de perspective sur lequel insiste Bill McNee, fondateur et CEO de Saugatuck Technology : "le cloud computing est un catalyseur d'innovations rapides, suscitant de nouveaux produits et de nouveaux services." Au-delà de l'interconnexion des ordinateurs apportée par Internet, le cloud computing connecte les entreprises et amène à repenser les processus métiers. Dans un contexte de stabilité des budgets informatiques, le rôle des services informatiques se transforme, il soutient les applications fournies par le cloud, s'appuie sur les nouvelles technologies comme les réseaux sociaux et la mobilité. Acteur majeur du cloud, IBM a une vision similaire : Christian Comtat, directeur cloud computing chez IBM France, relève chez les décideurs interrogés lors d'une enquête une utilisation du cloud pour augmenter l'efficacité de l'organisation, créer des nouveaux flux de revenus et générer de nouveaux segments de marché.
L'évolution des formes du cloud computing
L'évolution des formes du cloud selon Saugatuck Technology
Selon Bill McNee, le cloud computing en est encore à ses débuts et nous vivons actuellement une période de transition dans laquelle les entreprises d'Amérique du Nord privilégient un mode hybride associant des applications dans le cloud et on-premise, les pays d'Asie adoptent résolument le mode "tout cloud", l'Europe étant plus partagée. Culminant en 2016, le mode hybride devrait décliner ensuite pour laisser la place aux clouds public et privé, mais des différences persisteront selon les régions du monde.
Quel avenir pour les intégrateurs confrontés au Cloud ?
Titre d'une table-ronde lors de l'événement, cette thématique est capitale, car l'arrivée du cloud computing s'est accompagnée de l'éclosion de nombreuses structures d'intégration légères, qui ont su tisser un écosystème au travers de partenariats et viennent concurrencer sur leurs terres d'élection les géants historiques comme Capgemini. Le business model a fondamentalement évolué, vers une accélération et un raccourcissement des projets, avec un mode de rémunération radicalement différent, basé sur l'abonnement. Ces évolutions s'accompagnent de la disparition d'un certain nombre de métiers et de tâches, comme l'intégration de solutions de messagerie ou les prestations de déploiement de plates-formes de développement, comme le souligne Guillaume Plouin, d'Octo Technology, une communauté d’architectes de SI créée en 1998. "Là où, pour 100 unités de licence éditeur, un intégrateur facturait 300 ou 400, les abonnements ne vont représenter que 30 unités par an dans le cloud avec le même contour fonctionnel. Combien est-il alors acceptable qu'un intégrateur facture ?", se demande Mathieu Hug, co-fondateur et PDG de RunMyProcess, tandis qu'Olivier Leal, qui représentait Ysance, jeune société spécialisée dans l'intégration de solutions innovantes, à cette table-ronde, constatait le positionnement nouveau des sociétés de services et l'impact qu'il a sur les équipes de développement et de déploiement.
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Pourtant, aux dires de Jean-François Caenen, CTO de Capgemini, sa société a su s'adapter pour livrer plus rapidement plus de valeur métier et répondre aux nouvelles exigences des entreprises, comme un engagement sur l'exploitation des solutions. "Le cloud transforme également en profondeur les pratiques de capacity planning, d'analyse de coûts et de gestion des déploiements et des infrastructures", confirme-t-il. Et d'ajouter : "si les projets sont plus courts et les déploiements plus rapides, les demandes sont aussi plus nombreuses".
René Beretz et Benoît Herr
Les lauréats de la 6ème édition des trophées du cloud
Présidée par Pierre-José Billotte, président d'EuroCloud France et par Maya Dan, présidente du jury et de la commission "start-up", la cérémonie a consacré :
Trophée de la meilleure start-up du cloud : Cedexis, une plate-forme distribuée d'analyse de performance temps réel des clouds, CDN (Content Delivery Network) et hébergeurs.
Trophée de la meilleure offre cloud : la solution de gestion intégrée des talents en mode SaaS de Talentsoft, qui combine simplicité, flexibilité et ergonomie.
Trophée de la meilleure performance financière : nouveau trophée créé à l'initiative de KPMG, il a été attribué à Emailvision, qui commercialise une solution de gestion des campagnes de marketing et permet d'établir le ROI de ces campagnes.
Trophée du meilleur cas client privé : Novapost pour le projet Cegelec de dématérialisation des documents RH.
Trophée du meilleur cas client public : Jamespot pour le projet de RSE (Réseau Social d'Entreprise) des "Espaces Naturels Régionaux du Nord".