Des économies significatives dès le départ
La logique des logiciels « open source » n'est pas antinomique d'une logique commerciale. La gratuité des licences s'accompagne d'une démarche de services qui devient la source de revenu principale pour les sociétés de service impliquées dans ce modèle. Mais pour les utilisateurs, la gratuité des déploiements ultérieurs est un argument fort au-delà de l'économie initiale. Inutile de se poser la question sur le nombre de postes utilisateurs à prévoir. Aucune contrainte budgétaire ne se pose dans ce domaine. Seuls les aspects techniques entrent en compte. Ainsi, une société peut démarrer le déploiement de son ERP sur un nombre de poste réduit et ajouter le nombre de postes que nécessitent ensuite l'évolution du projet et la croissance de ses activités, sans frais supplémentaires.
L'offre proposée par les éditeurs ou SSII pour la mise en place d'un ERP varie beaucoup selon le mode de licence du modèle. Le budget prévisionnel peut varier du simple au triple d'après l'expérience de la société Pierre de Loye, PME spécialisée dans la filature haut de gamme de fils à tricoter, qui utilise Compiere depuis janvier 2005. « Les réponses à notre cahier des charges présentaient des budgets très différents », indique Jean-François Porracchia, Directeur administratif et financier de la société Pierre de Loye. « Alors que le budget des ERP propriétaires était de l'ordre de 150.000 ?, le budget de la solution Open Source Compiere proposée par la SSII Audaxis n'était que de 48.000 ? ». En pratique, avec le paramétrage et les développements complémentaires, la solution a coûté 60.000 ?.
Mais l'économie sur les frais de licence suffisent-ils à eux seuls à justifier le choix d'une solution Open source d'ERP ?
Une mise en ?uvre responsable et une implication forte
La couverture fonctionnelle des produits Open Source rejoint maintenant celle des produits propriétaires similaires. Mais en 2004, Compiere n'avait pas toutes les fonctions qui existaient dans les ERP plus établis. « Nous avons souffert pour la mise en place de la gestion par traites », avoue Jean-François Porracchia. « Nous avons donc dû faire certains développements nous-mêmes. Mais nous les avons reversés dans la base commune de Compiere. C'est un juste retour des choses puisque nous avons bénéficié de développements faits par d'autres utilisateurs. ». La société Pierre de Loye va d'ailleurs en bénéficier à nouveau pour la mise en place de gestion des caisses de ses magasins.
Effet, la mise en ?uvre diffère donc considérablement selon le mode de licence. Le paramétrage d'un ERP propriétaire se fait essentiellement par l'intermédiaire de spécialistes dépendant directement ou indirectement de l'éditeur. Leurs prestations coûtent cher. Et le développement d'un nouveau module répondant à des besoins spécifiques prend souvent du temps et coûte parfois très cher. Dans le monde des ERP Open Source, l'implication des utilisateurs est prépondérante. Elle doit être plus importante que dans le monde des ERP propriétaires.
C'est ce qui s'est passé chez Pierre de Loye. Quatre responsables ont été nommés pour gérer les quatre flux concernés par la mise en ?uvre de l'application : production, comptabilité, finances, coordination. Ils ont intégralement pris en charge les adaptations et la personnalisation des modules qui les concernaient.
La contrainte de forte implication des utilisateurs dans la phase de paramétrage n'est pas un obstacle, bien au contraire. Chez Pierre de Loye, les utilisateurs ont eu accès à une base de tests régulièrement mise à jour tout au long du développement. Ils ont pu s'en servir pour avoir une idée de la future application, ils ont fait leurs commentaires, ont signalé les oublis. Ils se sont ainsi formés à l'application. Ce qui a facilité le basculement lors de la mise en exploitation de la solution.
Indépendance et ouverture
L'accès au code source de l'application est probablement une autre motivation importante. La possibilité de jeter un ?il sur le code, de regarder de près ce qui se passe à l'intérieur lorsqu'un problème survient est un argument fort. Mais cela ne veut pas dire que n'importe qui va toucher au code. En effet, il faut à tout prix maintenir la cohérence d'une solution.
Traditionnellement la communauté des développeurs qui se forme autour d'une solution joue un rôle prépondérant. Pierre de Loye a choisi de procéder autrement. Elle a souscrit un contrat de maintenance avec Audaxis qui assure l'interface entre la solution installée chez elle et la communauté Compiere. La SSII assure le support de manière classique avec un système de requêtes et de corrections. La maintenance annuelle se monte à 6.000 ?. Elle comprend aussi la maintenance de la base Oracle intégrée à la solution Compiere. Pour les solutions propriétaires qui avaient répondu au cahier des charges, le coût de la maintenance annuelle était de l'ordre de 15.000 ?.
Mais la société possède évidemment tous les sources de son application. Ce qui lui procure la sécurité dans l'éventualité d'une défaillance de son prestataire et la possibilité d'en changer si elle le désire.
Chez Pierre de Loye, la maintenance annuelle de la solution Compiere se monte à 6 000 ?, alors pour des solutions propriétaires, elle se monterait à 15 000 ?.
Des développements spécifiques pour des métiers identifiés
Les solutions Open Source représentent souvent une solution pratique dans des domaines qui ont des besoins spécifiques. La réactivité des intervenants et la souplesse des solutions permettent de répondre aux besoins pour un budget raisonnable. C'est ainsi que l'ERP Open Source Tiny ERP s'est imposé dans le domaine des salles de vente en Belgique. Développée au départ pour une première société, cette solution s'est ensuite imposée pour tous les acteurs du domaine. Le module de gestion de ventes aux enchères s'intègre aux fonctions générales de Tiny ERP : comptabilité, gestion de la relation client, gestion des stocks, suivi des ventes, contrôle des achats.
Solutions professionnelles qui s'imposent progressivement, les ERP Open Source proposent une approche originale dans un secteur très actif. Grâce au recul des premiers utilisateurs, elles continuent à évoluer et bénéficient de leur apport par une mise en commun des développements complémentaires.
René Beretz