Les offres décisionnelles (ou de Business Intelligence) obéissent aux mêmes tendances que les offres d'ERP. Conçues à l'origine comme des plates-formes intégrées destinées à de grosses structures, elles sont devenues plus souples, plus modulaires et mieux adaptées à des utilisateurs plus variés et à des organisations plus modestes.
Démocratisation des outils décisionnels
Une évolution forte de ces outils a été leur démocratisation. En effet, ils se sont d'abord adressés aux dirigeants et aux responsables financiers. Mais ce temps est révolu et l'intérêt des outils décisionnels dans de nombreuses catégories de métiers n'est plus à démontrer. C'est ce que Matthieu Chabeaud, Directeur Associé de Prelytis appelle « le virage à 180° des outils de BI financiers vers des outils de pilotage opérationnels ! » Et il précise : « À ce stade, il convient de bien analyser les composantes organisationnelles des entreprises pour proposer des indicateurs de performance en phase avec leur activité (production, logistique, administratif?). »
Effectivement, les besoins sont variés. Chaque métier peut résoudre des problèmes spécifiques en analysant des données stockées dans l'ERP de l'entreprise. Un responsable commercial peut ainsi suivre les performances d'un ingénieur commercial ou obtenir le cycle de vente d'un produit et en observer le succès ou l'échec. Il peut aussi connaître la répartition des ventes de sa société par région.
Mais la gestion des données destinées à de telles analyses suppose des mécanismes d'extraction et de stockage spécifiques. En fonction des besoins de l'entreprise, la mise en place d'une plate-forme décisionnelle sera plus ou moins lourde. Elle dépend, entre autres, du nombre de sources de données, de la qualité des données, des moyens attribués à un tel projet. Quant à l'utilisateur final, il n'adoptera ce genre d'outils que si les performances sont au rendez-vous et que si l'utilisation en est intuitive et les résultats bien lisibles.
Les plates-formes décisionnelles et les ERP
Les progiciels de gestion intégrés représentent souvent l'architecture autour de laquelle le système d'informations de l'entreprise s'organise. Dans ce contexte, la mise en place d'une plate-forme décisionnelle constitue un défi. Elle risque de n'être utilisée que par quelques utilisateurs privilégiés et donc d'être sous-employée. Pour être pleinement efficace, elle doit comporter des mécanismes de connexion efficaces avec les autres outils informatiques de l'entreprise, et tout particulièrement son (ou ses) ERP.
Carte géographique obtenue avec les outils de Dimensional Insight |
Les éditeurs d'ERP ont réagi depuis longtemps et proposent quasiment tous des modules décisionnels. Pour cela, ils s'appuient sur des éditeurs d'outils décisionnels avec lesquels ils s'interfacent de manière transparente. Les ERP peuvent alors intégrer des modules de reporting ou d'interrogation et leur donner une apparence similaire à celles des autres modules de l'ERP.
Si Cegid s'appuie sur les technologies Microsoft, Qualiac a des accords avec plusieurs acteurs du marché : Business Objects, Cognos, Hyperion. De leur côté, les éditeurs décisionnels multiplient les connecteurs vers les ERP. Par exemple, Prelytis vient d'annoncer un connecteur SAP. Et Symtrax fournit des connecteurs vers JD Edwards, et SAP.
Le cas des ERP du groupe Pensez Solutions
Le groupe Pensez Solutions, éditeur de 3 gammes d'ERP, s'est trouvé confronté à ce genre de besoins. Mais la société ne partait pas de zéro : en effet, son ERP Eurêka possède une fonction de restitution des informations au quotidien : le H.D.I.P., qui pousse les informations vers l'utilisateur. Ce sont, par exemple, les demandes d'achat en cours, etc. C'est un mode opérationnel interactif. Par contre, des analyses fines sont souvent nécessaires. Il s'agit, par exemple, de retrouver, en cas de réclamation sur un produit, l'ordre de fabrication qui a posé problème. Dans ce but, il faut faire une analyse en profondeur des données statistiques provenant de l'ERP : pour cela, des outils adaptés sont indispensables.
En janvier 2007, Pensez Solutions a racheté la société Pyra, qui édite l'ERP Pyra XRP fonctionnant sous Windows. Le module décisionnel intégré a attiré l'attention du groupe. Basé sur la technologie de l'éditeur Dimensional Insight, il possède plusieurs avantages. En particulier, il a des performances et un temps de réponse exceptionnels. Parallèlement, la société a effectué une étude de marché qui lui a fait rencontrer les acteurs principaux du domaine dont Business Objects et Cognos. Mais les conditions financières qu'ils proposaient étaient inadaptées aux possibilités d'un éditeur d'ERP pour PME/PMI. Pensez Solutions a finalement retenu Dimensional Insight, à la fois pour ses qualités techniques et pour les relations commerciales équilibrées avec l'éditeur.
Henri Stuckert, Président de Pensez Solutions
Henri Stuckert, Président de Pensez Solutions commente sa décision : « Notre approche repose sur le pragmatisme et l'efficacité. Il n'est pas question de réinventer la poudre. Nous nous appuyons sur des solutions existantes, éprouvées et adaptées à nos besoins. » En pratique, l'ERP alimente l'entrepôt de données de Dimensional Insight. Il est intéressant de constater que cette solution transcende la plate-forme sur laquelle tourne chaque ERP. En effet, si Pyra XRP tourne sous Windows, son progiciel Eurêka ERP et Galion Automotive, progiciel spécialisé dans l'automobile, tournent sur IBM System i.
Le principe consiste à créer des « sphères », c'est-à-dire des univers de données. Pour chaque domaine de l'ERP, un certain nombre de sphères standards sont créées et implantées sous forme de fichiers plats. L'entrepôt de données de Dimensional Insight est une boîte noire dont seul le principe de fonctionnement et l'interface sont connus. En aucun cas, les utilisateurs n'y ont directement accès. Si l'alimentation de l'entrepôt de données demande un certain travail, c'est un investissement qui porte ensuite ses fruits lors de l'utilisation.
Dans Galion Automotive, l'analyse se fait sur une production répétitive : il s'agit de gérer les rendements. Pour l'ensemble du produit Galion, il y a 12 à 15 sphères qui concernent la logistique, les ventes, etc. : les sphères sont construites en fonction du métier. Ce découpage constitue un bon compromis et la structure obtenue est gage d'efficacité.
De son côté, l'utilisateur peut faire appel à plusieurs sphères. L'accès est filtré selon les droits accordés à chaque service ou à chaque utilisateur. Cette structure est intégrée dans l'ERP et immédiatement disponible. Les sphères sont relativement ouvertes et directement utilisables. Si nécessaire, l'éditeur ajoute des sphères spécifiquement adaptées aux besoins de certains clients. Les autres clients ne sont pas affectés.
« Notre approche repose sur le pragmatisme et l'efficacité. Nous nous appuyons sur des solutions existantes, éprouvées et adaptées à nos besoins. » Henri Stuckert
En pratique, 30 % des clients de Pyra XRP utilisent le module décisionnel qui est disponible depuis 2 ans. Les utilisateurs d'Eurêka sont en train de le découvrir. Et un utilisateur de Galion Automotive teste actuellement le module spécifique (octobre 2007). Les outils décisionnels sont maintenant entre toutes les mains.
René Beretz