Sur l'ensemble de l'année 2014, SAP a connu une croissance importante dans le cloud avec un chiffre d'affaires lié aux abonnements en hausse de 45 % (en non-IFRS), ce qui le porte à 1,10 milliard d'euros. "Nous avons fait un peu mieux que prévu l'année dernière, et en tout état de cause mieux que tous nos concurrents en termes de croissance : sur les 45 %, il y a 32 % de croissance organique", se satisfait Henri van der Vaeren, directeur général de SAP pour la France et le Bénélux, qui insiste sur le fait que ce chiffre d'affaires cloud n'est désormais plus négligeable. Au niveau mondial, SAP revendique aujourd'hui 50 millions d'utilisateurs dans le cloud.
Cette croissance, voulue et stratégique, se fait notamment au détriment de la marge opérationnelle, qui a chuté de 3 % sur la même période, alors même que pendant des années SAP s'est acharné à améliorer cet indicateur. "Notre transition vers le cloud est progressive", commente Henri van der Vaeren, qui explique que cette situation devrait perdurer jusqu'en 2018 (mais peut-être seulement 2017), où il situe un probable point d'inflexion, c'est-à-dire le moment où les ventes de cloud dépasseront les ventes de licences on-premise. Et de citer son patron, Bill McDermott, CEO de SAP, qui est prêt à sacrifier le profit pendant quelques années sur l'autel de la transition vers le cloud.
Du côté du portefeuille, Henri van der Vaeren estime qu'avec la récente acquisition de Concur, "l'offre s'est étoffée. C'est l'élément qui manquait et désormais, une entreprise peut tout faire dans le cloud avec SAP". Mais de Business ByDesign, qui a pourtant récemment bénéficié d'une tournée de promotion par son nouveau patron, Michael Schmitt (cf. Où l'on reparle de Business ByDesign !), il n'a pas été question pendant plus d'une heure et demie de conférence de presse. Et lorsqu'on lui pose la question, il reste beaucoup moins loquace que sur bon nombre d'autres sujets et se contente de confirmer que "oui oui, Business ByDesign figure bien toujours au catalogue."
Pour le reste...
Si l'entreprise mise aujourd'hui tout sur le cloud, il ne faut pas perdre de vue que celui-ci ne représente encore, avec 1,1 milliard, que 6,25 % des 17,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires global (par ailleurs en hausse de 4 % par rapport à 2013). Le reste du chiffre d'affaires est pour l'essentiel constitué des ventes de licences et des services associés, qui se sont montés en 2014 à 13,77 milliards d'euros, également en hausse de 4 % par rapport à 2013 (ou 5 % à taux de change constant). L'objectif de la firme, en termes de chiffre d'affaires, reste d'atteindre 26 à 28 milliards d'euros à l'horizon 2020, dont 6 à 8 milliards dans le cloud.
Bill McDermott, CEO de SAP
Depuis plusieurs années, dans le concert SAP, la vedette s'appelle HANA. "Grâce à la large adoption de la plate-forme HANA, 2015 sera consacrée à l'accélération du lancement d'une nouvelle génération d'applications basées sur HANA, à l'origine de ce qui deviendra le plus gros réseau business au monde", assure Bill McDermott. "Notre vision ne peut être plus claire, que ce soit pour nos clients ou nos partenaires, toujours plus nombreux." De fait, l'adoption de la Business Suite sous HANA se poursuit : "en France, les résultats ont été fulgurants", se félicite Henri van der Vaeren (cf. infra). Au niveau mondial, l'éditeur revendique désormais près de 2 000 installations de la Business Suite sous HANA. Les utilisations faites de cette base de données in-memory peuvent parfois être surprenantes et originales : Henri van der Vaeren cite un exemple d'utilisation de l'outil d'analyse prédictive Infinite Insight sous HANA pour prévenir la criminalité au Canada et celui de la gestion des fraudes dans les compagnies d'assurances.
Bill McDermott a cependant été un peu plus vite que la musique puisqu'à l'occasion d'un salon destiné aux équipes commerciales, FKOM (Field Kick-Off Meeting) 2015, qui s'est tenu à Barcelone du 19 au 21 janvier, il a révélé en avant-première les grandes lignes d'une annonce qui ne sera officialisée que le 3 février : S4HANA. Il s'agit de la "nouvelle génération d'applications basées sur HANA" (à laquelle il fait allusion plus haut), c'est-à-dire rien moins que du successeur de la génération R/3, née en 1992. Cette nouvelle génération de la Business Suite réunirait l'analytique et le transactionnel dans une suite applicative entièrement réécrite pour tirer toute la puissance de la base de données in-memory HANA. Outre une accélération "spectaculaire" des traitements, elle bénéficiera aussi d'une nouvelle interface basée sur Fiori, plus conviviale et moderne, et déployée sur toutes les applications. Les modules applicatifs seront distillés tout au long de l'année, à commencer par celui de gestion financière. erp-infos.com ne manquera pas de vous fournir des informations plus détaillées après l'annonce officielle du 3.
Et la France ?
Sur le cloud, la France est restée un peu en retrait par rapport à la moyenne, en 2014. "Nous n'avons fait que 38 % de croissance dans le cloud, soit un peu moins que la moyenne des autres pays", admet Henri van der Vaeren. "En revanche, sur le on-premise, nous avons surperformé, avec une croissance de 22 % des résultats."
On sait que la France était en retard sur les autres pays en ce qui concerne HANA : apparemment, ce retard a été résorbé. "Nous avons connu une croissance de 326 % sur HANA, qui représente maintenant 24 % des revenus de la filiale française", se satisfait le dirigeant. "100 % de nos nouveaux clients signent pour HANA. C'est donc un grand vecteur de croissance et d'innovation." Et Henri van der Vaeren d'expliquer ce succès en citant une étude de Forrester selon laquelle les coûts de l'architecture baisseraient de 25 à 30 % avec les bases de données in-memory. Il révèle aussi quelques nouvelles références HANA en France et revendique plus de 10 clients dans le CAC40. Faurecia et Thales sont de ceux-là, ce dernier utilisant un ERP Oracle. Le distributeur Caterpillar JA Delmas mêle le cloud au on-premise, Safran s'est équipé d'une extension de HANA et Euromaster a opté pour la Business Suite sous HANA pour tout ce qui concerne la finance et la chaîne logistique.
Henri van der Vaeren, directeur général de SAP pour la France et le Bénélux
Et le dirigeant continue à égrener les sujets de satisfaction : "nous avons fait 13 % de nouveaux clients en 2014. En tout, nous avons signé 180 contrats dans l'année", se félicite-t-il. "En outre, les contrats que nous signons sont plus importants en valeur qu'auparavant."
À propos de l'écosystème, il estime que l'équilibre entre partenaires et SAP reste bon et sain en ce qui concerne les nouveaux contrats. "Nous mettons nos partenaires dans une dynamique d'investissement, appuyée par des événements plus ciblés que dans le passé", explique le dirigeant qui insiste sur la nécessité de réduire les développements spécifiques lors des implémentations.
Il s'intéresse aussi aux indicateurs qualitatifs : "la satisfaction de nos clients a crû de 10 % en 2014", constate-t-il. "Et la satisfaction de nos collaborateurs est également en hausse, de même que celle de nos partenaires."
En conclusion : tout va très bien pour SAP et la situation semble appelée à perdurer, surtout avec les nouveaux outils qui se profilent à l'horizon.
Benoît Herr