Nouveauté de la manifestation cette année : elle était européenne alors que les années précédentes une manifestation nationale se tenait dans chaque pays. De ce fait, il y avait évidement beaucoup plus de monde. D'autant que l'assistance ne s'est pas limitée à l'Europe : l'Inde, l'Indonésie, la Chine ou encore l'Australie, pour ne citer que quelques pays, y étaient également représentées.
D'emblée, Stephan Scholl, président d'Infor, a planté le décor en annonçant 45 millions d'utilisateurs de ses solutions dans le cloud, solutions qui n'existaient pas il y a seulement 5 ans. Ce chiffre ferait d'Infor, selon lui, la plus grosse entreprise cloud du secteur industriel.
Comme on le sait, les solutions d'Infor se destinent au monde industriel ; on se souvient que dans les années 2000, Infor s'est constituée en rachetant successivement des solutions et leurs éditeurs, et non des moindres : Baan, Mapics, Lawson, SSA Global, Geac... au total, ce sont plusieurs dizaines d'entreprises qui, en 15 ans, sont passées dans le giron de l'américain, créant ainsi un formidable portefeuille applicatif fait de ce qu'il faut bien appeler "de bric et de broc". La dernière acquisition en date est celle de GT Nexus, une plate-forme de commerce dans le cloud, en août dernier pour 675 millions de dollars. La logique présidant à cette démarche de rachats effrénés n'était au départ pas du tout évidente.
Elle l'est devenue lorsqu'ION (Intelligent Open Network) est apparu. Ce middleware puissant, qui est "devenu la marque de fabrique d'Infor", souligne Stephan Scholl. Il permet notamment d'intégrer les nombreuses applications tournant sur plate-formes System i (ex AS/400) constitutives du portefeuille, mais aussi des systèmes tiers. Ce middleware se double d'une plateforme de collaboration sociale baptisée Ming.le. Et depuis, l'entreprise a adopté une stratégie simple, sans jamais y déroger, qui tient en trois points : se spécialiser dans le secteur industriel, faire appel à la science pour élaborer ses solutions et proposer des expériences utilisateurs appréciées.
Fonctionnellement, les diverses solutions sont souvent assez spécialisées et adressent des marchés verticaux. Car les micro-verticaux font aussi partie de la stratégie de l'éditeur.
Puis est arrivé le cloud
Charles Philipps, CEO d'Infor
La suite cloud Cloudsuite regroupe les ERP classiques de l'éditeur sur le cloud, accessibles via une interface commune. Elle intègre également la BI et un accélérateur d'implémentation. L'hébergement repose essentiellement sur une collaboration étroite avec AWS (Amazon Web Services), même si celle-ci n'est pas exclusive : en effet, les données AS/400 sont hébergées chez Abacus et Infor possède aussi un petit datacenter en propre à Greenville, en Caroline du Sud, pour le développement et les tests. Les cloud peuvent être privés ou publics et certaines applications sont disponibles en multi-tenant, même si la plupart restent encore single-tenant. Un programme appelé UpgradeX est destiné à faciliter la migration de systèmes on-premise vers le cloud en prenant notamment en charge l'analyse du retour sur investissement, les modifications intervenant au cours de la période de transition, l'adaptation des upgrades aux besoins métiers et les sécurités. D'autres outils analysent les coûts à long terme et Lisa Pope, SVP Global Strategy and Sales chargée de Cloudsuite ne s'est pas privée, en session plénière d'affirmer, slides à l'appui que "le cloud est moins cher que le on-premise". Une assertion à vérifier, toutefois.
À noter que le System i a été mis en exergue lors de cet Inforum, comme s'il fallait le démystifier : il n'est plus honteux d'utiliser ce genre de serveurs (si tant est que cela ait jamais été le cas), un serveur sur lequel reposent de nombreuses solutions Infor, et l'éditeur propose des solutions pour tous ses utilisateurs : Baan, Movex, M3, System i... tous sont appelés à se retrouver dans le cloud avec Cloudsuite.
La plénière a été ponctuée de témoignages d'utilisateurs dans le cloud, notamment du hollandais Boskalis via son CIO Rien Krijger, et de Fetim Group, via Frans Beerkens, CIO également.
Actuellement
Aujourd'hui, Infor, ce sont plus de 10 000 collaborateurs à travers le monde, plus de 75 000 clients dans 96 pays, dont 17 260 nouveaux ces cinq dernières années, et un chiffre d'affaires de plus de 3 milliards de dollars, ce qui en fait le troisième éditeur d'ERP au monde, derrière SAP et Oracle. Ce que prédisait Panorama Consulting Solutions en début d'année se vérifie donc (cf. Les 10 prévisions de Panorama pour 2015).
Infor est aussi une entreprise qui investit beaucoup, comme l'a précisé son CEO Charles Philipps lors de la plénière : "nous investissons dans tous les domaines, depuis notre marque, au travers d'une couverture média augmentée de 63 % en 2015 et la pub jusqu'aux collaborateurs au travers de la formation via notre programme Education Alliance Program (EAP). Les clients font aussi l'objet d'investissements importants, que ce soit en engagement client, dans l'ingénierie, l'optimisation de systèmes ou la formation". Et bien sûr, les produits s'arrogent la part du lion, avec 18 184 nouvelles fonctionnalités développées en 2014 et 450 produits lancés au cours de la même période. Enfin, le produit de localisation Local.ly documente aujourd'hui 200 sujets dans 50 pays et 1 100 demandes spécifiques à ces pays. Au total, l'outil bénéficie de plus de 120 années/homme d'expertise de localisation.
Mais n'oublions pas Hook & Loop, l'agence de création interne qui élabore les interfaces utilisateurs : celles-ci ont pris une importance telle qu'elles constitue le troisième pilier de la stratégie de l'éditeur, qui a d'ailleurs choisi de déplacer son siège social depuis la banlieue d'Atlanta vers New York, où se situe cette agence très spéciale.
Et demain l'IoT
L'IoT (Internet of Things) n'est pas absent de la stratégie d'Infor, loin s'en faut, et un premier projet a été mené dans le domaine de la santé. Une étude sur le sujet a été menée par l'éditeur auprès de ses clients, selon laquelle l'IoT figure dans les 5 premières priorités de l'entreprise dans les cinq ans à venir pour 29 % d'entre elles. Il figure parmi les 3 premières priorités pour 18 % et est la première priorité pour 10 %. Au total, 57 % des répondants placent l'IoT dans leurs priorités.
Les bénéfices de l'IoT perçus par les répondants sont un accroissement du chiffre d'affaires grâce à de nouveaux produits et services pour 30 % d'entre eux et des gains de productivité et une réduction des coûts pour 55 % d'entre eux. 15 % des répondants en espèrent les deux.
Mais les défis sont nombreux : parmi les principaux challenges de l'IoT, les répondants ont eu du mal à faire un choix et les réponses se répartissent de manière assez uniforme entre le manque de stratégie, des bénéfices pas forcément très bien perçus, les coûts, le manque d'infrastructure en interne, une méthodologie pas très claire, le manque de support de la part de la direction générale ou encore l'absence de demande de la part des métiers. Ces réponses reflètent assez bien la situation actuelle, dont on sait que les entreprises manquent encore de maturité en matière d'IoT.
Ainsi, même Infor n'a pas forcément encore de solutions bien définies en la matière, il est sûr qu'il possède un coup d'avance et sera à même de répondre aux besoins le moment venu.
Benoît Herr
De G à D : Sean Ferney, EVP, GM, GT Nexus Commerce Network, Soma Somasundaram, EVP, Global Product Development, Charles Philipps, CEO,Stephan Scholl, président, et Jeff Laborde, CFO |