Stéphane Dulor décrit ainsi l'objectif des solutions Dynatrace : "regarder comment se comportent l'ensemble des applications du système d'information d'une petite, moyenne ou grande entreprise, quelles que soient les technologies que celle-ci met en œuvre". Cette unique vocation suffit pleinement à occuper les 800 ingénieurs de Dynatrace dans le monde (et les 55 employés en France) : "nous faisons très attention à ne pas déborder de notre hyper-spécialisation" , indique Stéphane Dulor
De General Motors à l'APM
Stéphane Dulor, directeur Dynatrace France
Dynatrace est une entreprise vieille de 44 ans, qui a abandonné son ancien nom, Compuware, il y a deux ans. Elle a été créée aux États-Unis au sein de General Motors, à partir d'un produit permettant de surveiller les ordinateurs centralisés de l'époque. Pour Stéphane Dulor, directeur France de Dynatrace, "cette entreprise née de l'industrie informatique conserve dans son génome l'intérêt pour une production en masse et organisée de manière intelligente". Pendant longtemps, Compuware s'est développée grâce à une politique d'acquisition externe, dans le but était de "croître pour ne pas être mangé", et a multiplié ses métiers, "avec des produits très proches des systèmes, notamment ceux d'IBM, ce qui expliquait l'envie de cette dernière de nous racheter, mais également des outils de génie logiciel, de portefeuille de projets, de tests de non-régression et de tests de performance", explique Stéphane Dulor.
C'est au travers d'une nouvelle acquisition réalisée en Pologne il y a 8 ans que l'entreprise a identifié le potentiel d'une technologie novatrice et a décidé "de réaliser un virage sur l'aile et de devenir le numéro un de la performance applicative dans le monde", selon les mots du directeur France de Dynatrace. L'entreprise s'enorgueillit d'avoir créé le concept d'APM ou Application Performance Management, avec "l'ambition d'analyser comment se comportent les applications, mais sous un nouvel angle : celui de l'utilisateur final".
Un an plus tard, en 2010, le Gartner a créé le quadrant magique de l'APM et Dynatrace n'a pas depuis quitté le quadrant des leaders, aujourd'hui aux côtés d'AppDynamics et de New Relic. "Les concurrents mastodontes des premiers temps, HP, IBM, BMC ou Computer Associates, ont du mal sur ce marché qui s'hyperspécialise et qui voit plutôt grandir des acteurs de niche", analyse Stéphane Dulor. Selon Gartner, Dynatrace est leader du marché de l'APM, avec un chiffre d'affaires global 2015 de 377 millions de dollars, en hausse de 15 % par rapport à 2014. Le marché mondial 2015 est estimé par Gartner à 2,7 milliards de dollars, en hausse de 10,6 %. IBM est le 2ème acteur du marché avec un chiffre d'affaires 2015 de 226 millions de dollars, CA Technologies, 3ème à 198 millions de dollars.
La technologie au service de l'acte métier
Le succès des solutions d'APM repose sur deux grandes tendances : tout d'abord, "les informaticiens ont cessé de faire de l'informatique pour eux-mêmes et se doivent de répondre aux besoins concrets des métiers de l'entreprise", selon Stéphane Dulor. Par ailleurs, "les briques architecturales étant de plus en plus complexes, plus personne n'est capable de suivre aujourd'hui une application de bout en bout", estime-t-il. "Pour assurer le monitoring de ces 'plats de spaghettis', il faut mettre en place des thermomètres et des outils qui peuvent réconcilier ceux qui conçoivent et ceux qui mettent en œuvre".
Concrètement, la technologie Dynatrace s'appuie sur deux approches : la première est " l'installation d'un programme qui va déployer plein de chronomètres à tous les embranchements de l'application". La deuxième, pour les grands systèmes type ERP, est l'analyse des flux réseaux au cœur du système d'information. Si SAP, par exemple, fournit ses propres outils de surveillance, "la solution est alors dans ce cas juge et partie. La position neutre de Dynatrace permet de 'factualiser' le ressenti des utilisateurs et la performance des applications", analyse Stéphane Dulor.
Dynatrace propose donc un ensemble de plugins, qui s'adaptent aux différentes technologies déployées et qui permettent d'analyser l'usage réel par les clients internes ou externes des applications. Les solutions Dynatrace étudient les données techniques bien sûr mais également et surtout celles côté utilisateurs pour identifier si les actes métier se déroulent de façon normale. Stéphane Dulor illustre cette approche par un cas client : "la quantité de boîtes de vitesses qui sortent d'une usine Peugeot est directement liée à la performance de l'informatique sous-jacente. Dynatrace permet de vérifier que la transaction qui valide la bonne sortie des boîtes de vitesses est bien opérationnelle. Et dans le cas contraire, de mesurer l'écart de performance, son caractère acceptable ou le nombre de personnes impactées. Dynatrace fournit toutes ces informations et permet de forer en profondeur jusqu'à l'origine du problème et la brique technologique impactée".
Autre illustration : Orange est capable, grâce à Dynatrace, "de voir que quelque chose se dégrade d'un point de vue technologique sur son réseau, avant que les utilisateurs ne commencent à en souffrir". Des indicateurs fournis par la solution préviennent qu'il va se passer quelque chose : "les équipes vont pouvoir intervenir de façon proactive et peut-être prévenir les utilisateurs de difficultés à venir" et améliorer ainsi la relation client.
Un marché français de l'APM dynamique
En France, Dynatrace compte parmi ses clients 38 entreprises du CAC 40, Cdiscount, premier e-commerçant français, Somfy ou le ministère de la Défense, " le plus grand système SAP que nous supervisons", indique le directeur France. "La France est l'une des régions les plus dynamiques avec une croissance supérieure à la moyenne mondiale. Le marché français a été l'un des plus rapidement matures vis à vis des APM, notamment grâce aux banques et aux assureurs qui ont eu, avant d'autres, l'informatique au cœur de leurs préoccupations".
L'obsession principale de Dynatrace est bien évidemment d'anticiper les tendances technologiques émergentes et d'être capable de s'adapter aux choix de ses clients, "que ceux-ci décident de garder leurs deux pieds dans SAP ou souhaitent externaliser une partie de leur ERP dans le cloud avec accès par applis mobiles". Stéphane Dulor décrit ainsi "une course à l'échalote entre des clients créatifs et nos équipes qui essaient de conserver le caractère exhaustif de nos indicateurs de performance".
Face à l'explosion des données, qui pourrait rendre délicate la gestion de la performance applicative, Dynatrace élabore une stratégie technologique "d'apprentissage du système, qui analyse le passé pour mieux prévoir l'avenir et permet d'identifier des évènements remarquables au milieu de l'océan des "données normales" et ainsi faciliter le travail de surveillance. "Nous avons déjà un client en France, le réseau Midas, qui utilise notre module Ruxit de monitoring automatisé".
Hervé Baconnet