Présent dans plus de 20 pays avec quelque 46 000 collaborateurs et un chiffre d'affaires de 8,2 milliards d'euros en 2015, l'allemand T-Systems est un fournisseur de technologie IT avec lequel il faut compter. Basé à Francfort, il est né en 2001 du regroupement de l'activité de services aux grandes entreprises de Deutsche Telekom et de celles de Debis IT Services. Le fait que deux géants allemands se rencontrent, était dans la logique des choses.
C'est ainsi qu'en 2004 est né un partenariat "naturel" entre T-Systems et SAP, autour de services dynamiques pour les solutions SAP (DCS : Dynamic Cloud Services). "À l'époque on parlait 'd'informatique fluide'", se souvient Samuel Grevillot, consultant avant-vente SAP et HANA. "À cette époque, les fondements du cloud ont été développés par T-Systems et Bill McDermott (alors CEO de SAP Amérique NdlR) a déclaré qu'il n'y aurait pas de cloud SAP sans T-Systems. C'est une grande histoire que celle de T-Systems et SAP". En 2009, l'hébergement des clients SAP a été transféré dans les datacenters de T-Systems, ce qui a permis à ce dernier de développer une méthodologie d'exploitation des systèmes SAP appelée Run SAP (ou ASAP for Operations). "L'objectif était de standardiser les opérations au niveau mondial", précise Samuel Grevillot. Si celui-ci n'a rejoint T-Systems qu'en 2015, il dispense des cours chez SAP sur l'administration technique et sur HANA depuis 10 ans, pour le compte de ses divers employeurs précédents, dont IDS Scheer.
Les services ont été renforcés à partir de 2013, c'est-à-dire dès l'émergence de la technologie HANA, par des services dynamiques autour de cette base de données à partir de cloud privés sécurisés. Depuis 2014, T-Systems propose aussi la solution HCM (Human Capital Management) de SuccessFactors en SaaS depuis son cloud. "Plus récemment, les technologies de virtualisation utilisées par SAP ont été développées par T-Systems", se félicite Samuel Grevillot, qui précise aussi que son entreprise possède un centre de co-innovation à Waldorf. "Nous sommes le plus gros hébergeur SAP au monde, avec quelque 12 000 000 utilisateurs SAP hébergés, rien que pour la Business Suite (ERP, SCM, SRM, PLM...). Parmi les 22 datacenters de T-Systems, on en compte cinq stratégiquement localisés pour SAP, dont trois en Allemagne, un à Singapour et un à Houston. Nous essayons de rationaliser le nombre de nos datacenters". La France bénéficie également de deux datacenters, à St Denis et à Aubervilliers, hébergés chez Equinix. Ils ont été annoncés à la rentrée de septembre. Quant à l'infrastructure SAP en cloud privé, elle a été baptisée Dynamic Services for SAP Solutions.
Samuel Grevillot, consultant avant-vente SAP et HANA, T-Systems
Les cloud sont basés sur Openstack, avec un partenariat avec Huawei ; c'est valable pour l'instant uniquement en Allemagne, mais à la demande, il sera aussi possible de le faire en France. Par ailleurs, une une offre SAP sur cloud public a été lancée fin octobre.
La filiale française
Assez rapidement, la maison mère a crée une filiale en France. Mais celle-ci a connu bien des déboires : en 2010, alors qu'elle comptait quelque 1 600 collaborateurs, un plan social a largement écrêté ces effectifs, puis, en 2013, une partie de l'activité concernant 600 personnes a été cédée à DACP lors de la création de Novia Systems. Du coup, les effectifs de T-Systems France sont passés à 260 collaborateurs. Et la série noire s'est poursuivie en 2015, lorsque la filiale française a annoncé un projet de cession à la SSII Ausy, qui a engendré un mouvement social.
Aujourd'hui, la filiale française compte un peu plus de 200 personnes pour un chiffre d'affaires de l'ordre de 100 M€. Elle est donc toujours notoirement sous-développée, eu égard au potentiel de la France qui, bien que moins important que celui de l'Allemagne, reste parmi les plus élevés du vieux continent. "L'objectif est de passer à 300 M€ d'ici trois ans", déclare Samuel Grevillot. Pour atteindre cet objectif ambitieux, "nous avons déjà développé fortement la partie avant-ventes et commerciale, pour développer actuellement la partie support client. Et nous assurons à nos clients un hébergement en France". Localement, les ambitions par rapport à SAP sont fortes et T-Systems cherche à faire connaître le groupe. Parmi les clients français existants, on compte Yves Rocher, qui a "cloudifié" son installation on-premise, Constellium (transformation de l'aluminiu), Adisseo (nutrition animale) ou encore Novelis (menuiseries PVC et aluminium).
Le rôle de HANA
"Notre vrai défi, c'est d'accompagner nos clients vers S4/HANA, notamment pour l'infrastructure", estime Samuel Grevillot. "Avec deux échéances principales : 2020, date à laquelle l'éditeur a annoncé qu'il n'y aurait plus d'innovations sur les bases de données on-premise, et 2025, date annoncée de la fin du support de la Business Suite".
L'avènement de HANA augmente la taille de la cible commerciale : pour notre interlocuteur, "il n'a jamais été aussi intéressant de passer dans un modèle cloud. La réduction substantielle de la taille de la base de données grâce notamment à l'absence de données agrégées (les agrégations de données se font à la volée NdlR), et qui peut aller jusqu'à un facteur 10 par rapport à une base de données traditionnelle, est un gros argument en faveur du cloud".
À noter que T-Systems, qui œuvre sur HANA depuis le début, a hébergé les premières instances de cette base de données dans ses infrastructures et que l'offre de services dynamiques dédiés trouve sa déclinaison HANA.
Pour l'heure, il n'y a pas encore de clients en production sur S4/HANA, mais deux organisations sont en cours de migration. En revanche, il y a déjà quelques clients Simple Finance. Quant aux tarifs, "nous sommes en dessous des prix d'AWS (Amazon Web Services)", clame Samuel Grevillot. Le cœur de cible est le SBF 120.
Benoît Herr