L'objectif affiché de son évènement client et partenaire annuel dédié à l'innovation "Oracle Digital Day", qui s'est tenu à Paris le 8 novembre dernier, était en tout cas de faire la démonstrattion de cette transformation. "Ce 'Digital Day' se veut un carrefour d'échanges", déclare Harry Zarrouk, le nouveau country leader d'Oracle pour la France et l'Europe du Sud. "Nous souhaitons passer d'un mode de 'sachant' à un mode 'd'écoutant'".
Voilà le ton donné par ce diplômé de l'ECSP (École Supérieure de Commerce de Paris) de 43 ans qui a remplacé Richard Frajnd à ce poste au cours de l'été dernier. Après avoir développé Pillar Data Systems en Europe pendant plusieurs années, Harry Zarrouk a intégré ses équipes au sein d'Oracle lors du rachat de l'entreprise, avant de prendre, en 2012, la responsabilité des activités cloud d'oracle pour la France. Sur le plan technologie un coup de barre vers le cloud a indéniablement été donné.
Sur le plan commercial, "nous avons ces dernières années recruté des personnes venant du métier, pour écouter, échanger...", explique le dirigeant avant d'insister sur la nécessaire complétude de son offre : "c'est au niveau de cette complétude que se situent les enjeux aujourd'hui. Certains clients souhaitent nous confier l'ensemble de leur SI dans un cloud public. Non seulement dans ce cadre, la réversibilité est-elle très importante, mais il faut impérativement que l'offre doit soit complète, personnalisable et sécurisée".
"Notre modèle de vente est en train de se transformer", poursuit-il. "Sur le 1er trimestre fiscal d'Oracle (juin juillet août), nous avons constaté que cette stratégie portait ses fruits : nous avons réalisé un milliard de dollars de chiffre d'affaires dans le cloud, soit un sixième environ du CA total. Un point important est que nous avons gagné 750 nouveaux clients SaaS dans le monde au cours de ce trimestre, dont plus de la moitié n'étaient pas des clients Oracle. Nous avons désormais environ 20 000 clients cloud dans le monde, dont 5 000 sur la partie HCM et 3 000 sur l'ERP (+374 clients ERP au cours du premier trimestre). Il s'agit surtout de grands comptes, mais aussi d'entreprises de taille intermédiaire".
Au total, Oracle a constitué 19 datacenters dans le monde, équipés d'une technologie réseau 'maison'. "La construction d'un datacenter en France est en cours d'étude", affirme le directeur général. "Et pour l'année prochaine, nous prévoyons une croissance encore plus forte sur le cloud".
Martin Hirsch, directeur général de l'AP-HP et Harry Zarrouk, directeur général, Oracle France et Europe du Sud
Les données, la nouvelle matière première
Le deuxième plus grand ensemble hospitalier du monde (après Shanghaï) a entamé sa transformation numérique même si, comme le confesse Martin Hirsch, "nous ne sommes pas partis les premiers et sommes plutôt lents. En outre, nous avons plus que les autres besoin de fiabilité, car c'est la vie des patients qui est en jeu. Notre enjeu aujourd'hui, c'est de nous transformer pour maximiser les avantages de notre taille et non ses inconvénients. L'accès aux soins doit rester immuable, mais tout le reste doit bouger !"
Le "Digital Day" a été émaillé de nombreux témoignages, dont celui de Martin Hirsch, directeur général de l'AP-HP (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris), qui a expliqué en quoi la transformation numérique bénéficiait au patient.
Et de détailler les projets innovants qui ont déjà été menés, comme le système de paiement en ligne, il y a 15 mois. "Aujourd'hui, 30 % des paiements se font déjà en ligne", se félicite Martin Hirsch. L'AP-HP va mettre un système similaire en place pour la prise de rendez-vous.
"Le rapport à l'hôpital est en train de changer : il ne commence plus à l'admission pour se terminer à la sortie. Actuellement, les séjours se raccourcissent et la relation se rallonge : conseil, suivi se font également à l'extérieur, avant et après le séjour", déclare le dirigeant. "Il faut que l'AP-HP soit dans la poche de chacun". Et de brandir son smartphone. Signalons qu'un conseil du numérique a été mis en place au sein de l'AP-HP, comprenant différentes parties prenantes, y compris de l'extérieur.
Djilali Kies, DSI de TDF (Télédiffusion De France), est venu témoigner de son utilisation de l'ERP dans le cloud. "Nous nous sommes lancés dans l'ERP dans le cloud alors qu'il n'y avait pas encore de véritable retour d'expérience", se souvient-il. Il explique que la mission de TDF est de relayer partout, plus vite. "Nous nous différencions via l'industrialisation des media. Notre transformation numérique a commencé par la transformation de notre métier, dès l'arrivée de la TNT et des la VOD", précise-t-il. Dans ce contexte, il n'y a pas eu de frein du côté des utilisateurs finaux, qui étaient plutôt demandeurs.
Djilali Kies, DSI de TDF
Client historique du backbone ERP d'Oracle, TDF a procédé en deux temps. D'abord, la transformation a consisté à aller vers le SaaS, puis à mettre en place les aspects collaboratifs. Interrogé sur la culture numérique de ses utilisateurs, Djilali Kies déclare qu'il "n'a rien fait : les utilisateurs font tout tout seuls, grâce à Facebook et Google...". Pour lui, les principaux écueils à éviter dans une telle transformation, c'est de ne pas avoir de "sponsoring fort", c'est-à-dire de soutien de la direction générale. "Mais surtout, il faut éviter les projets informatiques : le projet doit avant tout être métier", conclut-il.
Olivier Hérout, DRH adjoint de Engie est quant à lui venu témoigner de son utilisation de HCM (Human Capital Management), dans le cloud également. Pour le groupe Engie, fort de150 000 collaborateurs, le numérique est devenu un acteur majeur de la transformation de l'entreprise. "La relation avec le client devient de plus en plus virtuelle", note Olivier Hérout.
Baptisé OneHR, le SIRH de l'entreprise a commencé à être intégré il y a 2 ans. "Nous nous appuyons sur Accenture et Oracle pour la mise en place de ce projet qui a démarré en production en mai". Aujourd'hui, 10 000 collaborateurs y sont connectés. Ils seront 40 000 d'ici la fin de l'année tous le seront en 2018. "C'est un outil de management avant d'être un outil RH", conclut Olivier Hérout.
Benoît Herr
Collaborer efficacement
Dans une récente étude Oracle, les entreprises affirment qu'il faut régler les problèmes qui les empêchent de collaborer efficacement. 62 % des répondants (51 % des répondants français) considèrent que la réussite du modèle cloud de l'entreprise passe par la collaboration entre les unités opérationnelles et l'informatique. Or, le fonctionnement actuel de bon nombre d'entreprises les empêche de collaborer efficacement.
Il en ressort que les entreprises doivent améliorer leur fonctionnement collaboratif : 34 % (36 % en France) affirment que la gestion du Shadow IT (c'est-à-dire l'achat de technologies directement par les unités opérationnelles sans implication de la DSI) représente un obstacle majeur à l'adoption d'une approche intégrée du cloud.
Les principaux points qui pénalisent l'efficacité du modèle de plate-forme actuellement utilisé par les entreprises sont l'intégration des services utilisés (50 %, 55 % en France), les délais de déploiement (49 %, 51 % en France) et la mauvaise intégration des applications (47 %, idem en France).
En plus de la gestion du Shadow IT, cette enquête a permis d'identifier d'autres obstacles à l'adoption d'une approche intégrée du cloud qui faciliterait la collaboration : les dysfonctionnements entre infrastructures (34 %, 41 % en France), les risques accrus de sécurité (34 %, 37 % en France), l'augmentation des coûts (32 %, 22 % en France) et le calcul du retour sur investissement (31 %, 32 % en France).