Guy Mamou-Mani en personne, co-président du Conseil National du Numérique (CNN) et directeur du groupe Open, était venu soutenir les auteurs lors de leur conférence de presse de lancement. Les auteurs ? Gilles Auberger, qui après 30 années dans la publicité et l'événementiel a fondé The Connecting Place, une plate-forme d'experts qui contribuent à formuler l'ADN des marques, pour favoriser l'innovation et viraliser leur vision et leur contribution au monde. Salah-Eddine Benzakour qui, après un passage dans l'industrie pharmaceutique, a crée Puissance E en 2011 pour aider les dirigeants à réussir la transformation digitale de leur entreprise. Il est conseiller auprès de PME/ETI, conférencier, habilité par Bpifrance à réaliser des diagnostics transformation numérique. Et puis deux auteurs plus connus d'erp-infos en les personnes de Thierry Meynlé et Jérémy Grégoire, de Divalto. Thierry Meynlé, qui se présente comme " l'informaticien de la bande", en est le président et l'un des actionnaires de référence et Jérémy Grégoire le CDO (Chief Digital Officer).

Pour le CNN, le retard pris par les entreprises françaises dans l'intégration du numérique limite gravement leurs performances : la France ne se place qu'à la 16^e place dans l'Union Européenne, selon le classement relatif à l'économie et à la société numérique pour 2017 publié par la Commission Européenne le 3 mars dernier. Plusieurs indicateurs clés, comme l'existence d'un site Internet ou celle de la vente en ligne pointent le risque d'un décrochage de certaines entreprises françaises, non seulement face aux grands groupes mais aussi face aux entreprises d'autres pays européens. "Seules deux PME françaises sur trois ont un site Web contre 85 % en Allemagne et 15 % font du e-commerce, contre 25% en moyenne en Europe", précise Guy Mamou-Mani.

Rappelons que les PME et microentreprises représentent 99 % des entreprises françaises, soit plus de 3 millions de structures. Compte-tenu de leur poids dans notre économie, leur transformation numérique est un sujet majeur. "Le retard qui se creuse représente un vrai risque à long terme, car les consommateurs français ont quant à eux largement adopté les usages numériques. Et le rapport que vient de publier le CNN est vital pour les entreprises", poursuit Guy Mamou-Mani.

Un ouvrage pédagogique

C'est Thierry Meynlé qui "a apporté l'envie de faire ce projet et la connaissance du marché". De son côté, Salah-Eddine Benzakour, qui côtoie les petits entrepreneurs de la France profonde au quotidien, a constaté que ceux-ci se sentaient dépassés par le numérique et que "ça va trop vite". "Basiquement, la transformation numérique, c'est l'intégration du numérique dans les fonctions de l'entreprise. Toutes les fonctions. Et souvent, les PME n'ont pas d'outils de pilotage et attendent de voir le comptable pour savoir si elles ont gagné de l'argent ou pas lors de l'exercice précédent", constate-t-il amèrement. "L'adage 'Ne pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué', pourtant bien ancré dans l'inconscient collectif, n'est plus vrai aujourd'hui. Les jeunes ont plutôt tendance à vendre la peau avant même d'avoir trouvé l'ours", métaphorise Gilles Auberger. Une manière de dire qu'il faut réagir.

Les auteurs : de G à D Jérémy Grégoire, Thierry Meynlé, Salah-Eddine Benzakour et Gilles Auberger

"Nous baignons dedans depuis des années", ajoute Thierry Meynlé. "La transformation numérique englobe tout un ensemble de choses, comme par exemple le portail d'entreprise, le e-commerce, le site Web, les Apps, la dématérialisation des flux etc. Il faut donc raisonner globalement. Nous avons aussi eu très envie d'écrire ce livre pour expliquer aux éditeurs de logiciels que les PME vont finir par se réveiller très rapidement".

Au départ, la liste des "clés" qu'apporte l'ouvrage était beaucoup plus longue et comptait 45 entrées ; "Nous n'avons retenu que celles qui avaient un impact sur les PME", précise Gilles Auberger. "Et nous n'avons rien écrit dans ce livre que nous n'ayons pas expérimenté auparavant". Parmi ces clés, "ubérisation", "cloud computing", "Big Data", "social CRM", "freemium", "coworking"... autant de termes devenus courants, mais dont la signification exacte reste obscure pour bon nombre de gens.

L'ouvrage, intitulé "21 clés pour activer sa transformation numérique" et paru aux éditions Eyrolles, met en lumière les bénéfices que chacun peut retirer du numérique dans l'entreprise, précise les usages observés mais aussi les pièges à éviter. Les 21 clés sont présentées sous forme de fiches thématiques structurées en présentation générale de la tendance, lectures recommandées, applications dans l'entreprise et sources d'inspiration, puis recommandations ou points de vue des auteurs. Véritable guide, vécu, qui se veut concret, pratique et fluide, l'ouvrage propose de quoi inciter chacun à passer à l'action.

Jérémy Grégoire insiste sur la fiche 15, traitant du rôle du CDO, qui "doit être porté par le dirigeant et au plus haut niveau possible". "Quand tout le monde dans l'entreprise sera CDO, on aura réussi sa transformation numérique", conclut Salah-Eddine Benzakour.

L'ouvrage se termine par "5 clés pour préparer demain", qui viennent en plus des 21 premières : open innovation, lean start-up, objets connectés, crowdfunding et hackaton. À noter que le livre se prolonge aussi avec un site internet "21cles.fr" : c'est donc un livre augmenté. Le site permet d'aller plus loin en témoignant, en partageant ses expériences, en alimentant le débat. L'objectif est de favoriser l'agilité à une époque où les technologies comme les règles de management évoluent de façon aussi rapide que significative.

Benoît Herr

Les 7 recommandations d'actions opérationnelles du CNN pour combler le retard pris par les entreprises dans l'adoption des outils numériques

1. Fédérer les acteurs autour d'une marque forte : création d'une mission chargée de
l'animation des communautés de connecteurs et de la coordination des actions territoriales ;

2. Créer un réseau d'accompagnement, les connecteurs du numérique : mise en place et suivi de deux réseaux d'accompagnement. Des "connecteurs" bénévoles chargés de sensibiliser les PME et de renvoyer vers la plateforme et des "connecteurs" labellisés pour leur expertise reconnue, dont les prestations sont subventionnées publiquement ;

3. Mettre en place une plateforme de ressources personnalisées : création d'un portail de ressources en ligne, articulé autour d'un outil d'auto-diagnostic pour les PME, renvoyant vers des actions personnalisées et des conseillers ;

4. Mettre en place un dispositif spécifique d'accompagnement pour l'e-internationalisation : création d'un programme de sensibilisation à l'e-export, avec une hot-line, la proposition de "lead commerciaux" et la négociation de tarifs préférentiels avec les marketplaces ;

5. Développer une aide financière régionale à destination des petites entreprises : développement d'aides régionales tournées spécifiquement vers les plus petites entreprises, intégrées dans le dispositif national, sur la base de critères communs ;

6. Former les dirigeants et les collaborateurs chargés de porter la stratégie numérique de leur PME : développer une offre de formation spécifique aux dirigeants de PME et à leurs proches collaborateurs au sein des universités et organismes de formation continue, mise en réseau autour de la marque du programme ;

7. Expérimenter un statut de PME digitale pour soutenir l'évolution des compétences : création d'un véhicule juridique simple pour l'échange à but non-lucratif de compétences numériques de salariés, entre entreprises volontaires, soutenue publiquement par l'amortissement des coûts liés au temps passé hors entreprises. Expérimentation avec 150 entreprises.