Panorama Consulting Solutions (PCS) a souhaité analyser les atouts et les faiblesses de douze solutions, dont les quatre que le cabinet classe en "Tier I" (SAP, Infor, Oracle et Microsoft), ainsi que certaines classées en "Tier II" (dont IFS et Epicor) et un certain nombre de solutions dites de niche classées en "Tier III". Rappelons qu'il existe à l'heure actuelle plus de 200 solutions de type ERP orientées vers l'industrie, dont des solutions bien connues en France comme Sylob, Silog ou Clipper, qui ne sont pas mentionnées dans le rapport alors même qu'elles ont été rachetées par le groupe texan Forterro. Il en va de même de Sage, qui, avec sa solution Business Cloud Enterprise Management (anciennement Sage X3), adresse notamment le marché des entreprises industrielles. Les solutions figurant dans le rapport ont été retenues, explique PCS, sur la base de la richesse de leurs fonctionnalités de gestion de production ainsi que sur le montant investi par l'éditeur en recherche et développement.
Pour PCS, la solution industrielle idéale est celle capable de gérer toute la supply chain, depuis le lancement du produit jusqu'à la livraison au client. Elle doit comporter des fonctionnalités de traçage des fournisseurs, des matériaux, des coûts de production, de la maintenance et de la relation client. Elle doit aussi être en mesure d'améliorer l'efficacité opérationnelle et de fournir une visibilité totale sur les processus de fabrication et des données métier. De son côté, le livre blanc de Sage précise que, dans un univers de mondialisation des échanges, de tension concurrentielle, d'évolution rapide des pratiques, la fabrication locale est une préoccupation importante pour les industriels, qui englobe des problématiques telles que la réintégration des processus de production dans les pays distributeurs ou la localisation des sous-traitants. L'automatisation et l'optimisation de la production en sont une autre : elles sont indispensables pour préserver la rentabilité dans toutes les étapes de la production. Flexibilité des compétences et des ressources, internationalisation, tant des marchés que des échanges commerciaux, des filières de production et d'approvisionnement, et innovation permanente dans les méthodes et outils sont les autres enjeux majeurs du secteur. À noter que ces enjeux semblent récurrents, puisque dans l'édition de 2013 du même livre blanc, ils étaient déjà listés.
La bataille des titans
Les atouts des solutions ont été listés d'après les avis des analystes et les expériences clients. Les faiblesses se basent quant à elles sur les plus récents avis publiés sur le Net. Pour PCS, les quatre éditeurs "Tier I" se livrent une bataille de titans : si la solution de SAP est qualifiée de "complexe, nécessitant une longue durée de mise en œuvre (plus de 12 mois)", la culture d'innovation dans les technologies et les fonctionnalités est mise en avant. Du côté d'Oracle, PCS rappelle que les fonctionnalités cloud n'ont pas à ce jour été entièrement développées. Il en va de même pour Microsoft, chez qui certains partenaires développent encore certaines fonctionnalités de niche. Quant à Infor, il précise que les applications mobiles ne proposent pas toutes les fonctionnalités et sont difficiles à configurer.
Mais pour les quatre solutions, les atouts listés sont nombreux. Parmi ceux-ci, citons les fonctionnalités de Business Intelligence et d'intelligence artificielle pour SAP, la complétude de la suite de solutions proposée pour Infor (qui comprend la gestion des ressources humaines, le CRM ou encore l'EAM (Enterprise Asset Management)), l'analyse prédictive et les fonctionnalités d'intelligence artificielle pour Oracle, l'intégration et la facilité de configuration pour Microsoft.
Et ensuite...
L'éditeur suédois IFS arrive en tête des solutions classées en "Tier II" par PCS, une solution pour laquelle le principal commentaire négatif fait par PCS porte sur la taille de l'éditeur, "bien moins importante que celle des éditeurs précédents". Du côté positif, il mentionne là aussi la complétude de la solution, "qui signifie qu'il y a moins besoin de s'appuyer sur des solutions tierces", les tableaux de bord intuitifs ou encore l'intégration des projets et des structures de produits, qui simplifient la conception spécifique à chaque utilisateur.

Suit Epicor, qui s'appuie sur une plate-forme Microsoft et qui de fait est simple à personnaliser. PCS insiste sur la qualité de l'interface utilisateur, qui a été l'une des principales préoccupations de l'éditeur à l'occasion de la sortie de la dernière version majeure et met en avant les tableaux de bord et les données facilement accessibles. Du côté des moins, de nombreuses considérations pas nécessairement majeures ou plutôt subjectives, comme le manque de convivialité ou l'incapacité à gérer les numéros VIN (Vehicle Identification Number) des véhicules automobiles.
Dans le "Tier II", le rapport mentionne encore Abas ERP et Rootstock. Pour le "Tier III", il évoque Syspro, IQMS, Plex et JustFoodERP, qui, compte-tenu de la diversité, de la richesse et de l'étendue de l'offre dans ce domaine, ne nous paraissent pas très représentatifs du marché.
Du rôle des technologies et de l'humain
Pour Sage, les technologies sont des leviers d'innovation et de développement. "Au coeur d'une 'entreprise étendue', les systèmes d'information doivent s'interconnecter pour assurer une circulation de l'information entre clients ou donneurs d'ordre, fournisseurs ou sous-traitants, filiales ou groupes d'appartenance, et une synchronisation accrue des référentiels. Pour ce faire, les procédés exploitent les capacités techniques des progiciels sur le plan de l'ouverture applicative et des processus collaboratifs : EDI, connectivité en temps réel entre les systèmes à travers le cloud computing, mise à disposition de portails ou d'espaces de partage, recours à des plate-formes d'échanges ou autres marketplaces", explique le livre blanc. Et de prôner la technologie embarquée, qui apporte des dimensions contribuant à l'efficacité de toute l'entreprise : outils décisionnels ou de reporting, gestion électronique de documents, mécanismes de workflow permettant aux collaborateurs de travailler ensemble, de manière organisée et transparente, via le système de messagerie...
Enfin – et c'est sans doute la considération la plus importante – la technologie participe à un meilleur usage des outils de gestion dans l'entreprise ainsi qu'à leur adoption. "Car la difficulté d'appropriation par les utilisateurs a longtemps été un frein à l'adoption d'une solution ERP, contrainte rendant souvent nécessaire un renfort d'accompagnement et de formation. Des applications peu intuitives et souvent éloignées des logiques métiers, la méconnaissance voire la méfiance de l'outil informatique constituaient les principaux écueils", précise le livre blanc. Des considérations que l'on confirme largement du côté de PCS, puisque le cabinet américain insiste très souvent sur ce point et propose de nombreux événements sur le sujet, comme des webinars ou des "boot camps". On y découvre des méthodes et des conseils pour limiter la résistance au changement des utilisateurs lors de la transformation métier. On y apprend aussi à canaliser la connaissance et la volonté des collaborateurs. C'est sans doute là que réside la clé du succès d'un projet ERP dans l'industrie.
Benoît Herr