Dans le but d'illustrer la réussite de son entreprise et la confiance qu'elle inspire aux investisseurs et au marché, Charles Phillips, PDG d'Infor, a ouvert l'événement Infor Inspire en rappelant que le fond Koch Equity Development a réinvesti 1,5 milliard de dollars dans l'éditeur en janvier 2019 après un 1er investissement de 2,5 milliards en février 2017. "Ces deux investissements sont respectivement les 10ème et 5ème plus gros investissements dans des entreprises technologiques" (trois des quatre plus gros investissements concernant la licorne Uber), a-t-il souligné.

Charles Philipps a rappelé les choix stratégiques importants de l'entreprise : "Infor a rejeté une approche générique offrant des possibilités poussées de personnalisation au travers de longues et coûteuses missions de conseil et a choisi à l'inverse d'investir sur des fonctionnalités verticales et d'intégrer dans les produits les meilleures pratiques de chaque secteur". L'Infor Cloud Suite couvre ainsi les verticaux suivants : aérospatial et défense, automobile, distribution, location d'équipements, mode, agroalimentaire et chimie, santé, hospitalité, industrie, vente au détail, secteur public et enfin services industriels. Par ailleurs, "Infor a préféré concentrer ses efforts de R&D dans la couche applicative plutôt que de les disperser dans la construction de notre propre offre IaaS". L'éditeur s'appuie en effet sur les services d'Amazon Web Services pour délivrer ses solutions cloud.
Le cloud, fort levier de recrutement de nouveaux clients
Toutes les solutions Infor sont encore accessibles on-premise, "même si la meilleure expérience utilisateur est dans le cloud", a reconnu Charles Philipps, qui a également souligné que "la période d'évangélisation auprès des clients est achevée" : les avantages des versions cloud, notamment les mises à jour incrémentales ou les temps d'arrêt quasi nuls, n'ont été que rapidement évoqués, comme si plus personne n'avait besoin d'être convaincu.
L'activité SaaS chez Infor a cru de 36 % en 2018 et Infor Cloud compte aujourd'hui 77 millions d'utilisateurs dans le monde. L'adhésion aux solutions cloud semble être une source importante de nouveaux clients, dans toutes les gammes de produits : par exemple, l'ERP Infor M3 en version cloud a été adopté par 132 nouveaux clients en 2018 et 56 % de l'ensemble des clients cloud de cette solution n'utilisaient pas les logiciels d'Infor auparavant. On retrouve cette même tendance pour Infor LN, ERP pour les entreprises industrielles (70 nouveaux clients cloud en 2018 et 65 % des clients cloud sont des nouveaux clients) ou Infor EAM (437 nouveaux clients cloud en 2018 et 40 % des clients cloud sont des nouveaux clients).

Cormac Watters, vice-président exécutif des régions EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique) et APAC (Asie-Pacifique), a annoncé 500 nouveaux clients pour le région EMEA en 2018, dont Airbus, Elis ou Swarovski. Si la philosophie d'Infor est donc de proposer des produits exhaustifs plutôt que personnalisables à outrance, "nos clients veulent avoir le choix pour le déploiement et la gestion du logiciel", a-t-il souligné. "C'est pourquoi plus de 1 000 consultants ont rejoint notre écosystème dans la zone EMEA, au travers des alliances, en 2018".
Infor bientôt coté en bourse, dans un délai maximum… de 2 ans
Infor avait annoncé en janvier 2019 une introduction en bourse en 2019 ou 2020, mais les dirigeants ont indiqué ne pas être pressés : "l'IPO est la bonne option mais nous avons le temps : Infor est une très grande entreprise, très solide et très profitable. Nous déciderons du bon moment et optimiserons le timing en fonction de l'état du marché" a indiqué Kevin Samuelson, directeur financier. Pour Charles Philipps, "Infor se comporte de toute façon déjà comme une entreprise cotée en rendant ses rapports financiers publics. L'introduction en bourse a pour but de gagner en visibilité de notre marque vis-à-vis des clients mais aussi des recrues potentielles".
Les besoins annuels en recrutement sont en effet évalués à 3 000 à 4 000 personnes, dans un secteur technologique très tendu et Infor a d'ailleurs mis en place il y a 5 ans un programme EAP (Education Alliance Program) pour relever ce défi. Ce programme de partenariats concerne aujourd'hui 50 universités et a pour but "d'éduquer la prochaine génération de talents en leur permettant d'avoir accès aux dernières innovations et à des technologies d'apprentissage clés en main de l'industrie", et est présenté comme un tremplin pour l'obtention d'un 1er emploi, y compris donc chez Infor.
"Libérer le potentiel humain"
Charles Philipps a indiqué voir un décalage entre le rythme des innovations technologiques et les gains de productivité réels dans les entreprises. "En 10 ans, le monde numérique a été révolutionné. En 2008, l'iPhone n'existait pas et les réseaux sociaux non plus. Pour autant, dans le même temps, la productivité n'a augmenté que de 9 % en Europe et de 8 % aux USA". La conclusion, selon lui, est que "les entreprises ne tirent pas assez profit des innovations".

Le PDG a alors identifié deux voies pour remédier à ce décalage : "la première est de rendre ces nouvelles technologies accessibles à un plus grand nombre d'utilisateurs", notamment au travers d'une plus grande ouverture des pays, "mais la situation politique actuelle dans les nations occidentales rend difficile cette approche", a semblé regretter l'ancien membre du President's Economic Recovery Advisory Board du président Obama. "L'autre voie est d'améliorer la productivité et l'emploi de chacun, pas uniquement grâce à une meilleure expérience utilisateur mais aussi grâce à l'automatisation, l'apprentissage en contexte ou le machine learning".
Avec sa gamme de solutions ERP, CRM, EAM et HCM, offrant à ses clients "une vision à 360° de la manière dont les gens travaillent, Infor leur permet d'identifier ces pistes d'amélioration". La plate-forme d'intelligence artificielle d'Infor, Coleman, lancée au printemps 2018, vise justement à automatiser les tâches quotidiennes en enregistrant l'activité des utilisateurs et en analysant pour chacun d'entre eux leurs prises de décision et la manière dont elles impactent l'activité de l'entreprise.
Charles Philipps a reconnu que le machine learning n'en est qu'à ses premières expériences, y compris pour Infor : "nos premières utilisations concernent pour l'instant des applications précises, verticales par exemple pour une application d'inventaire dans le domaine médical ou une solution de tarification pour des distributeurs". L'utilisation de robots, au sein d'Infor Expense Management, aidant à comprendre comment les clients gèrent les dépenses a également été citée. "À terme, les informations prédictives et les prescriptions fournies par Infor Coleman aideront nos clients à prendre des décisions plus intelligentes".
Hervé Baconnet