Pour Oracle, la gestion de bases de données en en train d'évoluer radicalement, vers plus d'intelligence et d'autonomie. Au-delà du volume de données, qui continuer à exploser, les prédictions de l'éditeur pour 2019 concernent l'automatisation de la maintenance des bases de données, qui s'accélère : dans les années à venir, les bases de données traditionnelles on-premise seront en concurrence avec les déploiements natifs du cloud, qui devraient être des bases de données autonomes, dont l'administration sera automatisée. On assiste également à un provisionnement des bases de données de plus en plus automatisé : si aujourd'hui 95 % des administrateurs de bases de données continuent de créer et de mettre à jour manuellement leurs bases de données, le provisionnement automatisé se démocratise, d'autant qu'avec la croissance des volumes de données et des besoins d'analyses, les administrateurs devront aider les entreprises à obtenir des données plus rapidement pour répondre à leurs besoins.
Oracle estime aussi que la sécurité des bases de données devrait se renforcer, notamment du fait de la recrudescence des cyberattaques. Il plaide pour une surveillance et un audit autonomes permettant d'identifier de nombreux problèmes et menaces à l'encontre de la base de données. Une base de données autonome exploite des algorithmes de machine learning pour détecter et arrêter les menaces. Grâce à l’apprentissage automatique, les experts IT peuvent alors explorer les moyens d'extraire plus de valeur des données pour aider les entreprises à obtenir de meilleurs résultats en terme de métier. Fiabilité, disponibilité et performance des bases de données devraient augmenter. Pour Oracle, la gestion autonome des données portera ces capacités à un niveau supérieur, en "patchant" par exemple les systèmes dès que des vulnérabilités sont découvertes.
Dans ce contexte, Karim Zein, VP country leader technology d'Oracle France, réaffirme que l'éditeur "est en train de faire son virage pour devenir une 'cloud company' et que le client est au centre des stratégies d'Oracle". Et Eric Delfosse, sales director analytics chez Oracle France et Stéphane Roman, cloud platform sales consulting director, de réaffirmer que la donnée est centrale. "Mais surtout, qu'en faisons-nous ?", s'interrogent-t-ils. Audrey Delou, analytics & Big Data Pre Sales consultant, et Alain Scazzola, business development, ont apporté des éléments de réponse en se livrant à une démonstration des possibilités et de la rapidité de mise en œuvre de la base de données autonome et de son intelligence embarquée sur la base d'un cas d'application fictif.
Vers une analytique augmentée
Pour Bruno Aziza, VP AI, Data, Analytics et cloud d'Oracle corporation, arrivé il y a peu chez l'éditeur après être passé chez Business Objects, Microsoft et avoir contribué à créer le spécialiste de la business intelligence israélien SiSense, "l'analytique a évolué du centralisé vers le self-service puis vers l'analytique augmentée aujourd'hui".
Bruno Aziza, VP AI, Data, Analytics et cloud,Oracle corp
Augmentée dans la préparation des données, une préparation automatisée afin de libérer du temps aux analystes, grâce à des systèmes de déduction comme par exemple le nom de la ville grâce à son code postal. Augmentée dans sa vision métier et augmentée aussi dans l'expérience mobile. "Quant à l'IA, elle est intégrée dans les données", indique le dirigeant avant de préciser que son organisation, "l'analytique, n'est pas enfouie dans une autre entité d'Oracle. Nous travaillons directement avec Larry Ellison".
La priorité est la de faire grandir la communauté : "nous avons mis en place un 'Oracle Analytics Customer Advisory Board', qui permet aux clients de donner leur feedback et nous organisons les 24 et 25 juin aux États-Unis la première conférence mondiale 'OA Summit'". La feuille de route Oracle Analytics (OA) sera publiée à cette occasion.
Pluie de témoignages
Des plus classiques, comme ceux de compagnies d'assurance ou de banques aux plus originaux, comme le "World Bee Project", dont l'objectif est d'augmenter les populations d'abeilles, de sécuriser leur alimentation et de créer de la prospérité, nombreuses sont les organisations venues témoigner de leur utilisation d'Oracle Analytics et de la base de données autonome au cours de cette demi-journée.
Au Crédit Mutuel Arkea, par exemple, dans le cadre du projet de refonte de l'activité commerciale en agence, démarré en 2012, l'objectif était d'avoir une approche tableaux de bord, une performance identique partout et la possibilité de faire des corrections et ajouts. Aujourd'hui, 25 projets sont en production, dont le pilotage des risques, le suivi des indicateurs, de la facturation interne ou encore des sujets réglementaires. "Suite à deux journées 'innovation day' avec Oracle, nous avons retenu Oracle Analytics Cloud", se souvient Gaël Loret, responsable du service décisionnel du Crédit Mutuel Arkéa. "L'objectif était de démocratiser la donnée et de rendre les gens autonomes".
Chez Groupama, une entreprise "data driven" selon Antoine Hacquard, responsable du pôle gestion de la donnée, "le vrai virage a eu lieu en 2015, avec la mise en œuvre d'une plate-forme de Big Data". L'objectif était de construire une plate-forme capable d'accompagner la stratégie de l'entreprise autour de la donnée ainsi que le pilotage de la distribution multi-canal. Différents cas d'usage : le pilotage du groupe permet notamment à chaque caisse régionale de construire son propre reporting, avec une vision à 360°. "L'objectif est de présenter une vision plus large des clients qu'avec un CRM, notamment en intégrant des données non-structurées". L'outil permet aussi la détection de fraudes à grande échelle en croisant les données des différentes entités. "Il y a un potentiel de plusieurs millions d'euros par an sur cet aspect", précise Antoine Hacquard.
Techniquement, la solution repose sur un data lake alimenté avec CDC (Change Data Capture). "Nous collectons 65 millions de lignes tous les jours", assure Pascal Desseaux, responsable des infrastructures Big Data. "Nous retravaillons les données brutes en aval pour obtenir des données raffinées. Aujourd'hui, nous avons quelque 200 To de données raffinées dans 2 300 tables". Cette énorme volumétrie nécessite des batch quotidiens de 12h.
Antoine Hacquard estime le bilan globalement positif. "Nous disposons d'une plate-forme opérationnelle et industrialisée grâce à des choix technologiques pertinents et notre datalab nous permet de valoriser les travaux réalisés et de prévoir l'avenir. Nous ne sommes toutefois qu'au début de l'histoire : il reste des scories à corriger, un gros travail de gouvernance de la donnée à réaliser. Et comme cette plate-forme génère des coûts si on ne s'en sert pas, il faut maintenant valoriser et multiplier les cas d'usage".
Antoine Hacquard, responsable du pôle gestion de la donnée (à G) et Pascal Desseaux, responsable des infrastructures Big Data, Groupama
TechnipFMC a refondu et modernisé son décisionnel Finance ERP avec Oracle Analytics Cloud. Pour Jean-Luc Brunat, Chief Data Officer, " le cloud n'a jamais été un frein pour nous. Bien au contraire. Il est adapté à la réactivité dont nous devons faire preuve". TechnipFMC a migré une grande partie du patrimoine applicatif analytique sur le cloud Oracle, tandis que certaines parties vont rester on-premise. "Les sources de données sont hybrides et les cloud multiples. Nous sommes dans un environnement complexe, multi-ERP que nous voulons moderniser", ajoute Jean-Luc Brunat.
Sauermann, fabricant de pompes pour climatisations et des instruments Kimo, est présent dans 90 pays mais reste une PME. L'entreprise modernise son SI depuis quelques mois, le premier lot concernant les données commerciales. Elle a opté pour la base de données autonome d'Oracle "parce que c'est un choix rassurant, mais aussi pour ses possibilités de réutilisation des compétences et du patrimoine et pour sa simplicité", explique Renaud Durand, responsable de l'agence de Bordeaux de Business & Décision, partenaire venu suppléer à Mejdi Bettaieb, DSI de Sauermann, indisponible.
À la fédération nationale des centres de lutte contre le cancer Unicancer, on s'intéresse aux données de vie réelle dans le cadre d'essais thérapeutiques et du projet ESME (Epidemio-Strategie Medico-Economique). "Nous avions besoin de récupérer des données de parcours de soin, dont nous ne disposons pas en interne", raconte Alexandre Vanni, responsable des études et développement. "Depuis 18 mois, nous faisons des tableaux de bord à la place de tableaux Excel". Résultat : "nous sommes passés en temps réel et sommes désormais capables de faire des croisements".
Enfin, le "World Bee Project" s'appuie sur l'IoT et des capteurs implantés dans les ruches pour en surveiller la température, l'humidité, mais aussi le niveau sonore et d'autres paramètres. Ces données, qui représentent 2,5 millions d'enregistrements par minute, sont envoyées dans une base de données autonome et traitées via Oracle Analytics Cloud.
Benoît Herr