À l'instar de ce que nous avons connu il y a quelques années pour le tant attendu Netsuite, voici que Rootstock arrive par l'intermédiaire d'un distributeur exclusif, en l'occurrence la société Flow Line, basée à Lyon, et dont la zone d'influence s'étend à la Suisse et à la Belgique francophones.
Le produit
Lancé en 2008 eux États-Unis, Rootstock est aujourd'hui disponible en Amérique du Nord, en Europe et en Asie-Pacifique, exclusivement sur la plate-forme de Salesforce, Force.com. On y accède via Salesforce AppExchange, la place de marché de l'éditeur californien. Rootstock se destine à toutes tailles d'entreprises et plus particulièrement à celles qui évoluent dans les secteurs de la production et de la distribution.

Rootstock et Salesforce sont très liés, puisque non seulement le second est actionnaire du premier, mais l'ERP est développé avec les mêmes outils de Salesforce, ce qui, pour Yann Jacquet, président et fondateur de Flow Line, "fait toute la force de la plate-forme". Le développement a été réalisé en respectant les outils standard de Salesforce et les techniques sont identiques à celles utilisées pour Salesforce. "C'est le même langage et il n'y a aucune différence entre l'utilisation de Salesforce et celle de Rootstock. Il y a donc une appropriation immédiate et un vrai intérêt des clients pour cela", ajoute Yann Jacquet. En outre, comme on est sur la même plate-forme, les connexions sont nativement proposées dans Rootstock, que ce soit en amont avec le CRM (contacts, devis etc.) ou en aval, c'est-à-dire post-vente (service). "Les informations sont intégrées plus facilement et il n'y a pas besoin d'interfaçage".
De même que Salesforce, Rootstock est basé exclusivement dans le cloud ; il est possible de l'utiliser comme un ERP complet, mais aussi en complément de Salesforce, pour y adjoindre un module de gestion de stock ou de facturation avancée, par exemple.
Fonctionnellement, Rootstock est très riche, ce qui était une volonté de l'éditeur dès le départ : il comporte trois grandes composantes : la gestion de production, la gestion de la distribution (supply chain) et la finance. L'idée de l'éditeur est d'éviter les lacunes fonctionnelles, surtout par rapport à des fonctions importantes. À titre d'exemple, à côté du MRP on va trouver un DRP (Distribution Resource Planning) ou encore un outil d'ordonnancement, qui permet d'optimiser la charge à capacité finie ou infinie (voir schéma 1).
Rootstock est en relation avec de nombreux produits connexes et notamment avec Sales Cloud et Service Cloud et bénéficie des apports de toutes les applications de l'écosystème via Salesforce AppExchange. Pour Gérard Ramuz, responsable de la BU Salesforce chez Flow Line, "cette ouverture sur un store proposant des milliers d'applications complémentaires est un facteur différenciateur fort. L'approche des DSI qui évoluent dans cet écosystème est aussi radicalement différente : 'Trailblazer' n'est pas un vain mot, mais une conception nouvelle de l'informatique".
L'éditeur
L'originalité de Rootstock réside dans son conseil exécutif, présidé par Lee Wylie, ex-CIO de Gartner, qui revendique rien moins que la paternité du concept même d'ERP. Il a également travaillé chez IBM et General Motors, où il a conçu et développé le système de production de la division Saturn. Autre personnalité issue de General Motors membre fondateur de ce conseil : Bill Happel, qui a été vice-président du groupe et directeur général de GM Locomotive Group. Plus près du monde de la gestion, Jan Baan, autre membre fondateur, ex-chairman et CEO de Baan Software. Dernier membre fondateur : Jim Bensman, ex-président de SAP Amérique. Quant au fondateur, président et CEO de Rootstock, il s'agit de Pat Garrehy, ingénieur et architecte logiciel dans les systèmes de production depuis plus de 30 ans. Une solide équipe, donc à première vue.
Placée sous la direction de Per Norling, la distribution de Rootstock à l'international se fait à partir de la Suède, à Sollentuna, dans la banlieue de Stockholm. "La Suède sert de relais technico-commercial pour l'Europe", déclare Yann Jacquet. "La plupart des concepteurs du produit viennent de chez Baan, ce qui fait que le logiciel bénéficie déjà d'une grande maturité".
Le distributeur
Créé en 2000, Flow Line se concentrait à ses dé buts sur deux métiers : l'intégration de Sage X3 et les infrastructures, une activité qui a évolué vers de l'hébergement et les télécoms. En 2016, cette division a été cédée à SCC.

Devenu mono-produit de facto Flow Line a alors cherché un autre produit, non-concurrent de Sage X3. "Nous avons fait le tour des ERP pour le mid-market, notre cible de choix, et n'avons pas trouvé. Nous nous sommes finalement tournés vers Salesforce, qui met notamment à disposition sa plate-forme digitale aux éditeurs", raconte Yann Jacquet. La quête d'ERP ne s'est pas arrêtée pour autant et Flow Line a contractualisé avec Rootstock il y a 18 mois. Il en est le distributeur exclusif en France, en Suisse et en Belgique francophones. Depuis, l'entreprise a beaucoup œuvré à la traduit le produit, à la formation des équipes. "Aujourd'hui, 100 % du produit est en français et légalisé pour la France", assure Yann Jacquet.
Avec 60 collaborateurs, 10 millions d'euros de chiffre d'affaires et cinq directions régionales (Lyon (siège social), Paris, Caen, Nantes, Toulouse) et une présence en Suisse, à Nyon, Flow Line est un gros intégrateur Sage EM (Entreprise Management), le nouveau nom de X3. Il revendique 180 clients. Proposant des verticaux métier dans les domaines de la pharmacie, de la chime, de la cosmétologie, de la mode etc., l'intégrateur complète son l'offre avec des produits de Salesforce pour, par exemple, le service sur le terrain ou avec Crosstalent dans le domaine des RH. Et donc désormais Rootstock.
Compte-tenu du processus adopté, c'est presque en catimini que ce nouvel ERP a été lancé dans le paysage hexagonal. Et pourtant, des clients ont déjà démarré leurs projets : "deux entreprises sont aujourd'hui en phase de paramétrage et d'implémentation", assure Yann Jacquet. Leurs noms restent pour l'instant confidentiels, mais "il s'agit d'un distributeur et d'un acteur de la distribution et du service. Tous deux sont déjà utilisateurs de Salesforce. L'un a une présence internationale, l'autre nationale et pour tous deux la mise en production est prévue début 2020". Nous devrions donc avoir des nouvelles dans peu de temps.
Car la commercialisation est démarrée : une équipe de pas moins de 14 personnes a été constituée autour de Rootstock en moins d'un an et l'ambition de Flow Line est de grossir et de prendre des parts de marché sur le mid-market avec ce produit. "Il y a assez peu de recouvrement avec Sage EM, alors même que nous avons des clients cloud EM en cloud", estime Gérard Ramuz. "La philosophie du cloud de l'un et de l'autre est totalement différente".

La stratégie de Flow Line est une stratégie d'entreprise, qui va cibler dans un premier temps les sociétés déjà équipées de Salesforce : "il faut créer de la valeur pour les utilisateurs actuels de Salesforce, frustrés quelque part pour certains par le manque d'ERP intégré aux outils Salesforce", estime Gérard Ramuz. La deuxième cible concerne les sociétés à la recherche d'un outil international. "Rootstock est par défaut international", constate Yann Jacquet. "Notre facteur différenciateur est notre maîtrise de bout en bout la plate-forme, ce qui nous fournit un atout vis-à-vis de concurrents comme Microsoft par exemple".
À propos de concurrence, Yann Jacquet estime qu'une solution comme Netsuite, "si elle est probablement très bien, pêche un peu du côté gestion de production". Quant au géant de Seattle, "quand on est sur Microsoft, on n'est que sur Microsoft. Alors qu'avec Salesforce on bénéficie des milliers d'applications disponibles sur le store. Salesforce permet d'être libre. Nous sommes 'excités' et motivés par les débuts prometteurs de Rootstock", conclut-il.
Benoît Herr
* La traduction littérale de rootstock en Français est "porte-greffe" ou encore, dans certains cas "rhizome". Une métaphore intéressante dans le cas de cet ERP.