"Le moment est venu pour les entreprises de récolter les bénéfices commerciaux et financiers de l'automatisation. Il est facile de tomber dans le battage médiatique de l'intelligence artificielle, mais pour réussir, il faut disrupter les modèles d'affaires existants. Les technologies elles-mêmes ne sont pas la solution universelle à tous les problèmes. Cependant, avec le bon modèle de données et des cas d'utilisation viables, l'intelligence artificielle peut contribuer à l'amélioration de la productivité et apporter des avantages significatifs tant aux opérations qu'à l'ensemble de l'entreprise". C'est ainsi que Bob de Caux, VP IA et RPA chez IFS, résume la position de l'éditeur.
Autrement dit, l'IA est un facilitateur, un catalyseur qui permet de résoudre des problèmes métier. Bob de Caux décrit les trois piliers qui en font les fondations : construire de la confiance dans ses données, avoir des "business cases" clairement identifiés et supprimer la complexité. "De nombreuses d'entreprises sont passées par la phase d'expérimentation avec l'intelligence artificielle et la phase de collecte de données avec l'IoT, mais elles n'ont pas encore réussi à en tirer de la valeur à l'échelle de l'entreprise. Nous voyons l'accent se déplacer vers l'automatisation intelligente des processus en 2020, les entreprises liant ces technologies à leurs processus tout en considérant l'impact qu'elles auront sur leurs effectifs en termes de confiance, de responsabilité et de changement de fonctions", ajoute-t-il.

Il décline ses prédictions en cinq points : la montée en puissance de l'automatisation intelligente, la baisse de l'intérêt dans la RPA, l'éthique de l'IA au cœur des débats, la réalité augmentée au service des entreprises et des robots qui sortent de la chaîne de production.
Montée en puissance de l'automatisation intelligente
Selon Bob de Caux, pour de nombreuses entreprises, l'accent sera mis non plus sur l'expérimentation ponctuelle de technologies individuelles telles que l'IA, l'IoT, la robotique ou la réalité augmentée, mais sur un examen plus structuré de la manière dont les technologies de la prochaine génération et leur combinaison (IoT, RPA...) au sein des processus existants sont de nature à résoudre les problèmes métier de bout en bout. Les utilisateurs non-techniques auront besoin de lier ces solutions d'automatisation intelligente à des retombées commerciales tangibles pour comprendre le bénéfice réel de ces technologies. "C'est le nouveau buzzword et vous allez beaucoup l'entendre dans les prochains temps", assure Bob de Caux.
Moins d'intérêt dans la RPA
La RPA (Robotic Process Automation) a certainement le vent en poupe. Mais Bob de Caux prêche là pour sa paroisse : "la RPA est surtout utile dans le monde de la finance, pour automatiser des tâches répétitives sans grande valeur ajoutée. Elle trouve beaucoup moins son utilité dans l'industrie", estime-t-il. Il est en effet difficile d'exécuter les robots logiciels de RPA sans intervention humaine, le recours à ceux-ci nécessitant des prises de décisions importantes, des technologies spécifiques impossibles à effectuer manuellement et des coûts élevés.
"En revanche, les API sont devenues plus simples à utiliser et ne requièrent pas ou peu de code. Il a donc été convenu que la RPA sera utilisée en complément de l'approche API lorsque celle-ci ne sera pas suffisante, dans des cas complexes uniquement", poursuit Bob de Caux. La RPA jouera donc un rôle mineur dans le processus d'automatisation intelligente des processus.
L'éthique au cœur des débats
Avec le développement de l'automatisation intelligente, les questions de confiance et de responsabilité vont être primordiales. Il est nécessaire de créer un cadre éthique afin de définir l'automatisation et l'utilisation des technologies de pointe, d'y apporter par la suite des réajustements dans la mesure de l'efficacité de l'IA et de rester transparent sur les résultats qui en découlent.
La réalité augmentée
Les nouvelles technologies, comme par exemple la réalité augmentée, sont expérimentées chez IFS dans une structure appelée IFS Labs, placée sous la direction de Sebastiaan (Bas) de Vos. L'équipe participe à des projets d'innovation avec ses clients afin de définir où et comment les technologies peuvent apporter une véritable valeur commerciale.

Il en résulte que la Réalité Augmentée (RA) devrait prendre son essor au cours de l'année à venir. Toutefois, la RA telle qu'on la conçoit habituellement se base sur l'utilisation de casques, technologie jugée immature et souvent onéreuse. Ce n'est pas ainsi que Bas de Vos en voit l'application en entreprise pour le moment : ce serait plutôt à partir d'appareils mobiles destinés à faciliter l'assistance à distance ou l'assistance en entrepôt. "Dans ce cas, la technologie est facile à mettre en œuvre, rentable et apporte une réelle valeur ajoutée", explique-t-il. Cette technologie est en cours de "productisation" et a de ce fait été transmise aux équipes de développement "standard" de l'éditeur.
Les robots
La robotique a toujours fait partie de l'automatisation des chaînes de production et des entrepôts. Mais pour Bas de Vos, 2020 sera l'année où l'on verra les robots commencer à progresser dans d'autres secteurs de l'entreprise. Ils devraient également devenir plus dynamiques, plus mobiles et plus autonomes. La clef du succès de l'utilisation de ces robots résidera dans l'orchestration de leurs tâches, qu'il faudra optimiser.
On notera qu'en revanche il n'est pas – ou pas encore – question de blockchain, une technologie qui pour l'heure n'apporte pas les bénéfices escomptés, dans le monde de l'industrie tout du moins, selon IFS.
Benoît Herr