La chambre professionnelle des sociétés de conseil et de services informatiques, des éditeurs de logiciels et des sociétés de conseil en technologies entend, avec ce changement de nom, souligner la transformation en profondeur des métiers de ses adhérents, acteurs non seulement du secteur informatique mais plus largement de tout ce qui touche au numérique. "Syntec numérique va regrouper l'ensemble des professions qui vont permettre à notre pays d'obtenir une performance et une compétitivité pour l'ensemble de son industrie", explique le successeur de Jean Mounet, Guy Mamou-Mani, président de Syntec numérique depuis juin dernier et co-président du groupe Open.
Rappelons que Syntec désormais numérique compte plus d'un millier d'entreprises adhérentes, qui représentent quelque 370 000 salariés et 80% du chiffre d'affaires du secteur. Fort de cette représentativité, Guy Mamou-Mani affiche clairement ses ambitions, qui sont d'influencer la politique industrielle française dans une ère devenue celle des usages du numérique et non plus seulement de l'informatique classique.
Porte-parole du secteur, Syntec numérique affiche une attitude volontariste et entreprenante et a d'ores et déjà ouvert de nombreux chantiers, comme :
- la participation active aux travaux sur la gouvernance de la filière
avec le comité stratégique de la filière services et technologies de l'information et communication (STIC) ;
- l'explication et la défense des intérêts de la composante immatérielle numérique ;
- la mobilisation en faveur du développement des usages du numérique dans les PME françaises ;
- des travaux sur l'évolution des offres et modèles du secteur
(green IT, cloud computing, embarqué...) ;
- le renforcement de la relation client avec une explication des modèles économiques et de la valeur créée par le numérique.
Il faut rappeler que s'il existe en France de grandes SSII, la plupart des entreprises du secteur sont des PME et que l'un des soucis de Syntec informatique était justement que ces entreprises ne se reconnaissaient pas suffisamment en lui. D'où l'émergence d'organisations alternatives, comme l'AFDEL par exemple. Guy Mamou-Mani affiche la volonté de fédérer l'écosystème et de permettre à l'ensemble des professions représentées de se projeter dans un avenir où l'innovation technologique est synonyme de performance et de compétitivité.
Inversion de la tendance en 2010
Selon Eric Tirlemont, co-président de la commission marchés-tendances, les entreprises investissent à nouveau dans le numérique en 2010 et l'on devrait connaître une croissance modérée, de +1%, dans le secteur des logiciels, du conseil et des services informatiques cette année, selon l'enquête de terrain menée conjointement par Syntec et IDC en octobre auprès de 300 dirigeants de PME et de grands comptes. Ces chiffres encourageants cachent toutefois encore de grandes disparités entre les métiers et les marchés clients. Les entreprises ayant su faire évoluer leur modèle d'affaires, c'est-à-dire intégrer les modèles de type SaaS, IaaS, PaaS ou cloud, s'en sortent plutôt mieux que les autres.
Côté éditeurs de logiciels, métier en pleine mutation s'il en est, la situation est plutôt meilleure que pour le service, avec une croissance attendue à 2% en 2010. Disparités là aussi, entre les logiciels d'infrastructure et les logiciels embarqués qui, avec 3% de croissance, s'en sortent plutôt mieux, et les logiciels applicatifs qui n'enregistrent que 1% de croissance. "Il faut noter que les logiciels applicatifs intègrent aussi les logiciels B2C, qui ont plus souffert que le B2B, d'où cette différence", fait remarquer Bruno Vanryb, président du collège éditeurs.
S'agissant du SaaS, 21% des éditeurs ont enregistré une croissance de leur chiffre d'affaires supérieure à 20% et 36% une croissance entre 10 et 20%. Autrement dit, ils sont 57% à enregistrer une croissance à deux chiffres sur ce mode d'utilisation. Pour Bruno Vanryb, "le SaaS constitue un défi pour les éditeurs, qui doivent repenser leur modèle économique le plus rapidement possible."
La tendance globale du marché sur le long terme reste inchangée, à savoir que les SSII continuent à se consolider sans se concentrer tandis que les éditeurs se consolident et se concentrent.
Par rapport aux autres pays européens, la France se comporte plutôt bien et fait presque jeu égal avec l'Allemagne, à +1% de croissance contre 1,5% pour l'Allemagne. Le Royaume-Uni ne progresse pas et les pays d'Europe du sud connaissent encore toujours une récession (cf. schéma).
Poursuite de la croissance en 2011
Sur la base des 300 questionnaires de l'étude Syntec numérique - IDC d'octobre 2010, la croissance globale est estimée à 3% pour 2011. Les prévisions de dépenses externes des DSI interrogés sont à la hausse, notamment dans le secteur de l'énergie et des "utilities", de la banque, de l'assurance et des télécommunications.
Côté éditeurs, Bruno Vanryb prévoit une croissance de 2% sur 2011, avec là encore de grandes disparités selon que l'éditeur aura ou non intégré la mutation en cours de son métier.
Côté SSII, la croissance devrait rester modérée, autour de 0,5%, estime Olivier Vallet, président du collège SSII, avec un retour à la croissance de la plupart des métiers, qu'il s'agisse de l'intégration, du développement, de l'infogérance. Seul le conseil devrait rester à son niveau actuel. Les prévisions d'embauche sont toutefois positives, 8 entreprises sur 10 envisageant de recruter un cadre au cours du 4ème trimestre 2010.
Benoît Herr