Baptisé ECSS (Expeditionary Combat Support System), ce projet qui a coûté 1,03 milliard de dollars au contribuable américain depuis 2005 "n'a apporté aucun bénéfice significatif d'un point de vue militaire", déclarait un porte-parole de l'US Air Force dans un e-mail daté du mercredi 14 novembre 2012. "Nous estimons qu'il faudrait 1,1 milliard supplémentaire pour finaliser environ un quart du périmètre initial et la mise en production n'interviendrait pas avant 2020. L'Air Force en a conclu que le programme ECSS n'était plus une hypothèse viable pour respecter le cadre budgétaire de la FIAR (Financial Improvement and Audit Readiness) 2017. Pour cette raison, nous abandonnons le programme et nous nous tournons vers d'autres possibilités afin de répondre aux deux objectifs".
En lieu et place, l'Air Force va utiliser ses "systèmes logistiques existants et modifiés pour respecter les critères d'audit de 2017", précisait la déclaration. Le projet a été restructuré à trois reprises au cours des trois dernières années et au bout du compte, il est apparu que la division militaire serait "mieux servie en élaborant une stratégie entièrement nouvelle plutôt que de repenser une nouvelle fois le système ECSS".
L'histoire remonte à 2005, lorsqu'Oracle a gagné un appel d'offres logiciel de 88,5 millions de dollars, remportant le marché contre SAP et d'autres éditeurs. Le système était censé remplacer plus de 200 systèmes hérités. C'est CSC qui a été retenu comme intégrateur, jusqu'à l'expiration de son contrat, en mars dernier, selon le porte-parole de l'US Air Force. Le porte-parole d'Oracle n'a pas souhaité s'exprimer mercredi dernier. CSC "a terminé son travail sur ECSS en avril", indiquait un porte-parole de la société. "La récente annonce de l'Air Force à propos d'ECSS n'a aucun retentissement ni sur CSC ni sur ses collaborateurs".
La disparition d'ECSS était pressentie depuis quelque temps, les officiels de l'Air Force ayant déclaré publiquement qu'ils étudiaient différentes possibilités, un pressentiment encore accentué par les plaintes entourant le projet, entendues publiquement ici ou là.
Pour Michael Krigsman, analyste et CEO du cabinet de consulting Asuret et expert des abandons de projets informatiques, la décision des militaires sonne comme un échec cuisant. "La situation pose plus de questions qu'elle n'apporte de réponses", estime-t-il. "Pourquoi a-t-il fallu un milliard de dollars et près de 10 ans à l'Air Force pour se rendre compte que ce projet était un désastre ? Où a-t-on jamais vu une équipe projet accepter le gaspillage d'un milliard de dollars ?" Michael Krigsman se demande aussi si l'Air Force sera en mesure de présenter des comptes auditables d'ici 2017 : "Comment pourront-ils atteindre un tel objectif si ce programme est abandonné ?". Il serait sage de revenir sur le sujet en 2017 : "à ce moment-là, je subodore que nous assisterons à un autre échec, accompagné de nombreuses excuses", a-t-il ajouté.
Article de Chris Kanaracus (IDG News Service) paru dans Computerworld Australie le 14 novembre 2012 – traduction et adaptation : Benoît Herr