Ce rachat a fait suite à la volonté de la part du président et fondateur de cet éditeur français atypique orienté vers les PME industrielles de pérenniser et de transmettre son entreprise. Pari réussi, si l'on en croit Jean-Marie Vigroux, tant sur le plan humain, auquel le dirigeant est particulièrement attaché, que financier et stratégique. Il peut ainsi envisager sereinement de passer la main, une passation qui devrait intervenir fin 2017.
Rappelons que Forterro est un groupe américain basé à Austin, Texas, qui outre Sylob possède également le suisse Solvaxis et le suédois Jeeves. Sa stratégie consiste à développer des acteurs locaux en s'appuyant sur des solutions métier reconnues et appréciées, critères auxquels répond Sylob. Se pose tout de suite la question : "et après, lorsque l'éditeur en question a saturé son marché local ? La tentation ne sera-t-elle pas de s'attaquer à d'autres marchés ?". La question reste en suspens, Jean-Marie Vigroux estimant qu'il ne peut pas s'exprimer à la place de Forterro.
Un bon exercice
L'exercice 2015-2016, clos fin juin 2016, a connu une progression de 5,5 % du chiffre d'affaires de l'éditeur, à 9,4 M€. À 10 % du chiffre d'affaires, le résultat est également en progression. L'éditeur annonce avoir réalisé 31 signatures sur l'exercice, dont Filiaposte. Au total ce sont 29 nouveaux clients, dont plusieurs groupes de PME qui souhaitent homogénéiser et consolider la gestion de leur système d'information. Ces entreprises, de toutes tailles, s'équipent parfois pour la première fois ou remplacent une solution ancienne, jugée obsolète.
Un mouvement inexorable vers le cloud
Si le cloud reste encore aujourd'hui peu développé dans les applications métiers et particulièrement dans le monde de la production, "il commence à devenir une tendance de fond : les entreprises sont désormais sur une logique d'externalisation de tout ce qui n'est pas leur cœur de métier", constate Jean-Marie Vigroux, qui se félicite de la signature fin août avec une entreprise de 120 personnes à Honfleur, Buronomic, pour une utilisation de sa solution en mode cloud. "Nous avons même des clients historiques qui sont passés sur le cloud", ajoute-t-il. Au total, Sylob revendique une quinzaine de clients purement cloud, auxquels il faut ajouter plus d'une vingtaine d'installations en mode hébergé. Ces chiffres représentent un doublement de ceux de l'année précédente. "La transformation numérique est en marche, et de nouveaux usages se développent dans les entreprises. Comme souvent, ce sont d'abord les grandes entreprises qui les ont adoptés, mais les PME emboitent le pas", commente le dirigeant.
Jean-Marie Vigroux, président fondateur de Sylob
Rappelons que le cloud version Sylob consiste à héberger la solution chez Caplaser à Castres et à facturer à la consommation, sous forme d'abonnement. La logique qui a présidé à ce choix est que l'hébergement et l'infrastructure ne sont pas les métiers de Sylob.
Mais vu d'Austin, la vision est un peu différente et Jean-Marie Vigroux avoue que "le groupe se pose la question de l'hébergement en propre. La solution la plus simple serait de racheter un hébergeur. Mais le groupe est implanté dans plusieurs pays...".
Avec le rachat par une société américaine, de droit américain, se pose immédiatement la question de la protection des données, même si pour l'heure celles-ci résident bien sur le sol français. "Sylob reste une société de droit français", s'empresse de préciser Jean-Marie Vigroux. Mais il n'empêche qu'en tant que filiale à 100 % d'une société américaine, le Privacy Shield, adopté par la Commission européenne le 12 juillet dernier, s'applique. Il ne concerne toutefois que les transferts de données à caractère personnel entre l'Union européenne et les entreprises américaines utilisant ce dispositif. Mais au dessus du Privacy Shield plane toujours et encore le fameux Patriot Act, au champ d'application bien plus étendu et aux rouages bien plus obscurs...
"C'est effectivement un frein et même le principal frein", admet Jean-Marie Vigroux. "Et pourtant, les données sont bien mieux sécurisées lorsqu'elles sont confiées à un spécialiste de l'hébergement qu'au sein même de beaucoup d'entreprises". Et de préciser : "Il n'est pas question pour l'actionnaire que les données des clients Sylob soient traitées ailleurs qu'en France". Espérons que cela suffise à rassurer les clients potentiels et existants.
Toujours dynamique
Sylob compte aujourd'hui 120 personnes et a recruté 11 nouveaux collaborateurs au cours de l'exercice écoulé. Les recrutements se poursuivent, notamment pour étoffer les équipes d'intégration en régions.
L'éditeur cherche aussi à anticiper les nouveaux usages, comme le cloud (cf. supra) et la mobilité. Dans ce domaine, il propose un accès aux fonctionnalités de l'ERP en mobilité, pour permettre des échanges et un partage instantané d'informations tout en préservant l'unicité des données et leur traçabilité. Sylob Mobilité propose plusieurs profils utilisateurs : personnels nomades, direction, responsables de production, logistique, qualité. La technologie utilisée permet de personnaliser l'interface utilisateur en fonction des profils et des usages. Elle permet aussi de paramétrer et de personnaliser l'accès aux différentes fonctionnalités des ERP de Sylob via un support mobile.
Sylob fait aussi évoluer l'ensemble de ses solutions avec de nouvelles versions, d'ores et déjà ou prochainement disponibles. La dernière version Sylob 7 est en cours de libération. La prochaine version de Sylob 9, sera disponible fin septembre et celle de Sylob 5 en février 2017. Les évolutions intègreront des améliorations sur les fonctionnalités existantes pour répondre plus finement aux besoins métiers des utilisateurs. L'ergonomie va également évoluer pour faciliter le travail au quotidien et contribuer à l'appropriation de l'ERP par les utilisateurs.
À noter que selon Jean-Marie Vigroux, "95 % des clients ont une version à jour. Les montées de version sont quasiment transparentes pour l'utilisateur". L'éditeur force en effet ses clients à passer à la version courante, sans quoi il n'assure tout simplement plus la maintenance.
"Forterro considère que Sylob a une bonne capacité d'innovation et de développement", conclut Jean-Marie Vigroux. "L'objectif est de doubler de taille dans les cinq ans. Nous avions déjà tous les éléments pour atteindre cet objectif. Il nous manquait un un peu des hommes. Ce n'est désormais plus le cas". Le dirigeant n'exclut pas, pour atteindre cet objectif, de faire de la croissance externe, une possibilité ouverte grâce à l'appartenance à Forterro.
Benoît Herr