On assiste aujourd'hui à une adoption massive des objets connectés, qui est en train de multiplier la quantité d'informations qui transite sur le réseau. Non seulement faut-il repenser son infrastructure matérielle pour absorber ces volumes, mais il va aussi falloir les traiter et les exploiter de façon logicielle. Car il ne sert à rien de connecter des objets pour qu'ils génèrent des informations si c'est pour ne pas les valoriser ultérieurement ; c'est pourtant ce qu'ont fait certaines entreprises, et non des moindres, notamment en France, pour en récolter les inconvénients par la suite.
C'est la donnée et son exploitation qui créent de la valeur. Les entreprises commencent à réaliser que l'IoT peut non seulement leur apporter de la valeur ajoutée mais est aussi un vecteur de réduction des coûts, qui reste le principal moteur de ce type de projets. C'est ce que révèle un récent rapport de CXP Group (rédigé en anglais par le Dr Milos Milojevic, analyste de l'industrie) intitulé "Digital Industrial Transformation with the Internet of Things - How can European companies benefit from IoT?" (La transformation numérique de l'industrie avec l'Internet des objets – comment les entreprises européennes peuvent-elles bénéficier de l'IoT?). Selon ce rapport, 72 % des entreprises déclarent vouloir accroître leurs dépenses dans l'IoT dans les trois ans à venir (et 80 % en France). Et une part conséquente de ces entreprises envisagent de les accroître de entre 10 % et 30 %. Certaines envisagent même d'aller au-delà de 30 %.
Les données de l'IoT sont de plus en plus connectées au système d'information de l'entreprise et en particulier à son système de gestion, dont l'ERP et les outils analytiques. Les volumes croissants de données à analyser imposent en effet l'utilisation d'outils de BI performants, qui sont souvent ceux que nous connaissions déjà, pour peu qu'ils s'adaptent aux volumes à traiter. C'est le cas par exemple du suédois Qlik, bien connu pour ses solutions de visualisation des données, qui annonce avoir de nombreuses références dans le monde de l'IoT et qui les a récemment présentées à la Presse.
"Les entreprises utilisent Qlik pour améliorer la satisfaction de leurs clients, pour optimiser et innover", lance Paul Winsor, directeur du développement des marchés du retail et des services chez Qlik. Les sources de données multiples sont le terrain de jeu favori de Qlick, qui dans le cas particulier met à profit des outils comme Cloudera ou Hadoop, mais aussi SAP HANA.
Quelques exemples
Rentokil Initial est une entreprise presque centenaire et présentant de nombreuses branches. L'une d'entre elles se spécialise dans la capture de nuisibles comme les rats. Elle a déployé quelque 20 000 pièges à rats connectés dans 12 pays. Pourquoi vouloir connecter des pièges à rats ? Parce que les conditions météo influent sur le comportement des animaux et donc sur l'efficacité des pièges, notamment s'ils sont inondés, par exemple. Mais surtout, Rentokil préfère que ses techniciens se déplacent pour relever un piège ayant effectivement fonctionné plutôt que qu'ils fassent des tournées dans l'absolu. Ainsi, les pièges connectés envoient automatiquement une alerte lorsqu'un rat est pris au piège. Et les clients en sont informés via le portail myRentokil.
Paul Donegan, DSI de Rentokil Initial commente cette initiative ainsi : "La plate-forme Qlik nous fournit une grande profondeur de vue sur ces données, notamment à nos collaborateurs sur le terrain, qui bénéficient des informations les plus à jour et de tendances en temps réel, ce qui améliore leur productivité. Ce niveau de visualisation des données est devenu essentiel car notre entreprise poursuit sa transformation numérique et étend ses services IoT, ce qui nous donne une longueur d'avance sur le marché de la lutte contre les nuisibles".
Autre cas, moins séculaire celui-ci : mesur.io, une start-up qui se spécialise dans la mesure de données environnementales. Elle propose des "bulbes", sortes de capteurs qui se plantent dans la terre et transmettent des données comme l'ensoleillement, l'humidité, les températures du sol ou de l'air etc. à une plate-forme centrale. Celle-ci les analyse, les combine à d'autres sources d'information (bases de données, images satellites, données météo etc.) pour faire des recommandations aux utilisateurs. Ils trouvent leur application dans la gestion des golfs, par exemple, mais aussi dans l'agriculture et le jardinage.
La plate-forme s'appuie notamment sur Qlik Sense et Cloudera sur Amazon Web Services (AWS) pour générer des tableaux de bord. Elle se charge de combiner les diverses sources d'information avec les analyses in-memory de données d'historique. Pour les clients de mesure.io cela se traduit par une réduction de jusqu'à 35 % de la consommation d'eau et par une meilleure utilisation des personnels en charge de l'irrigation, qui grâce à cet outil peuvent se focaliser sur les zones les plus critiques.
Au Japon, la chaîne de restaurants de sushi, Akindo Sushiro, qui compte 430 établissements et accueille quelque 120 millions de clients par an pour environ un milliard d'assiettes servies, suit les produits en termes de fraîcheur et de tendances de consommation dès qu'ils sortent de cuisine et sont placés sur le convoyeur : les assiettes sont équipées d'une étiquette RFID et suivies jusqu'à la table qui va les consommer. Comme elles sont affectées à la bonne table, l'addition peut se faire automatiquement également. Akindo Sushiro a rapidement retiré d'importants bénéfices de son investissement, d'autant que le système précédent, reposant sur l'utilisation d'un tableur Excel, était devenu notoirement inefficace.
L'industrie 4.0 implique également l'analytique : ainsi, chez bticino, industriel italien produisant des équipements électriques, filiale de Legrand, on collecte des données issues de compteurs intelligents placés dans les 9 sites de production pour optimiser la consommation électrique. L'application confronte les données de consommation aux volumes produits, aux données climatiques et aux prévisions budgétaires. Au bilan, la consommation des 9 usines de a baissé de 3 %.
Paul Winsor relate encore de nombreux autres exemples, dont celui de BMW, qui exploite et analyse ses données de production, ou encore de British Gas, filiale du groupe Centrica, qui équipe les maisons de ses clients de compteurs intelligents pour, là encore, remonter des données et tenter d'influer sur le comportement des gens, en offrant, par exemple, de l'énergie gratuite le dimanche.
Comme on le voit, l'IoT fait de plus en plus partie du quotidien et des entreprises de toutes natures, de toutes tailles et dans des secteurs très divers mettent à profit ces technologies et les intègrent dans leurs applications de gestion, pour obtenir des bénéfices variés, allant de la réduction des coûts à l'amélioration de la satisfaction client. Techniquement, en schématisant, on peut dire que pour un outil comme Qlik, il ne s'agit que d'une source de données supplémentaire. Mais le DSI devra quant à lui intégrer les vastes possibilités de l'IoT dans ses réflexions.
Benoît Herr