Unit4 est un éditeur un peu à part, dans le sens où il se spécialise dans un certain nombre de domaines métier, tous centrés sur les personnes, comme l'indique son slogan, "people centric" : les services, l'éducation, le secteur public et les ONG. Ce dernier représente à l'heure actuelle selon Stephan Sieber, CEO, 4 % du chiffre d'affaires total. "Mais le potentiel de cette déclinaison sectorielle de nos solutions est énorme", assure Henk Jan Onstwedder, VP Global Markets, Not for Profit, Public Sector. "Nous comptons déjà plus de 600 ONG qui utilisent nos outils". En fait, cette spécialisation sur les ONG existe depuis longtemps, mais ce n'est que récemment qu'elle a été isolée en business unit distincte : "nous avons triplé notre pipeline au cours des 12 derniers mois ; notre objectif est de prendre autant d'importance que les autres business units. C'est un domaine très excitant et valorisant, porteur de beaucoup de passion".
"Les ONG ont des besoins similaires aux entreprises, mais présentent certaines particularités", poursuit-il. "Elles évoluent dans un monde en perpétuel et rapide changement et subissent des phénomènes comme la concentration urbaine, par exemple. Même si l'espérance de vie moyenne augmente, il ne s'agit que d'une moyenne ; ce n'est pas le cas de tous les individus d'autant que certaines villes sont construites sur des volcans ou des terrains instables et on y subit la violence urbaine". Pour Henk Jan Onstwedder, le changement climatique est un autre élément important, car il engendre plus d'inondations et plus de tremblements de terre. Les mouvements de population et les migrations se font plus nombreux, de même que les réfugiés. L'instabilité économique et politique est un autre facteur déterminant. Et de citer les relations entre Donald Trump et la Corée du Nord ou l'Iran, la Syrie ou l'Afghanistan... "et même le Brexit, qui a déjà modifié le financement de certaines organisations". S'agissant de financement, il constate un plus grand besoin de transparence et de traçabilité des fonds versés, tout en essayant de conserver les frais de structure à un minimum, et des besoins de reporting de plus en plus complexes alors que les réglementations évoluent. Ce qui importe, c'est l'impact social des dons : quel est le retour obtenu avec les dons ? Enfin, il mentionne l'accélération des changements technologiques, qui creuse le fossé entre riches et pauvres.
Henk Jan Onstwedder, VP Global Markets, Not for Profit, Public Sector, Unit4
Au vu de ces constats, Henk Jan Onstwedder dégage cinq tendances majeures au sein des ONG : "volatilité et incertitude, complexité et ambiguïté, besoin de transparence et de traçabilité financières, décentralisation des apports de fonds, avec des donneurs qui ont de plus en plus tendance à encourager les initiatives locales, et enfin creusement du fossé technologique entre ceux qui y ont accès et ceux qui n'y ont pas accès, ce qui complique la tâche des ONG si elles veulent rester à niveau.
Après cette analyse, il détaille la position de l'éditeur pour répondre aux besoins spécifiques des ONG en termes d'efficience, au travers de la mise en œuvre d'un certain nombre de concepts étendus comme la gestion de projets, d'efficacité, avec la gestion des sous-traitants, ou encore de business planning, avec l'intégration de programmes multiples. Il rappelle le rachat de la société Prevero par Unit4 il y a deux ans et l'intérêt de ces solutions de business intelligence, de gestion de la performance et de reporting dans le cadre des ONG.
Côté français
En France, la solution métier dédiée aux ONG a le vent en poupe : "Le secteur se développe en ce moment, car on est en train de basculer d'une économie de produits vers une économie de services ; nous enregistrons une accélération très forte de l'activité liée aux ONG depuis le début de l'année. Nous bénéficions d'un avantage concurrentiel dans le domaine grâce à l'agilité de notre offre. Et nous bénéficions aussi du bouche à oreille.", affirme Jérôme Froment-Curtil, managing director de la région Europe du Sud chez Unit4, qui estime que "ces organisations ont toujours été mal servies par les éditeurs d'ERP généralistes". Il détaille la large palette des organisations que sa solution est en mesure de servir, qui vont des associations aux instituts de recherche et aux ONG internationales en passant par les fondations d'entreprises ou les syndicats. Même les partis politiques peuvent bénéficier de ces solutions, car "ils ont besoin de gérer des dons et présentent de ce fait beaucoup de similarités avec les ONG traditionnelles". En France, le parti LREM, par exemple, est utilisateur de Unit4.
Jérôme Froment-Curtil confirme le besoin de plus grande transparence des subventions : "les directeurs financiers ont des difficultés à produire des rapports dédiés à des donateurs individuels. Il faut qu'ils puissent démontrer l'impact final des dons au travers de KPI".
Quelques réussites
Heifer International est une ONG qui lutte contre la pauvreté et la faim. En cinq ans, c'est-à-dire depuis qu'ils ont adopté Unit4, ils ont réussi à réduire leurs frais de back-office financier de 35 % et leurs frais globaux de 28 %. En outre, l'organisation a amélioré son efficacité de 59 %, c'est-à-dire qu'elle aide 59 % de personnes de plus qu'il y a cinq ans.
Des organisations comme le WWF en France, l'armée du salut, le Norwegian Refugees Council ou CGIAR, une organisation qui fait de la recherche et du développement dans l'agriculture, par exemple, utilisent Business World de Unit4. Save the Children, une ONG internationale qui compte quelque 17 000 collaborateurs dans 120 pays au monde, utilise quant à elle Unit4 depuis 1999. Crée en 1919 par Eglantyne Jebb pour aider les enfants souffrant de la faim après la première guerre mondiale, l'organisation s'est surtout développée après le deuxième conflit mondial, lorsque le mouvement a été repris par d'autres pays. Aujourd'hui, Save the Children vient en aide à des dizaines de millions d'enfants tous les ans et son ambition pour 2030 est que tous les enfants puissent manger, apprendre et être en sécurité.
Son DSI en charge des services partagés, Graham Kent, précise qu'une restructuration est intervenue en 2011 et que sur les 120 pays dans lesquels l'organisation est présente, il en dénombre 60 où l'IT est réellement importante. "90 % de mes équipes sont dans les pays. Nous utilisons l'IT selon un modèle de technologie virtuelle ; les serveurs basés à Londres prennent de moins en moins d'importance au profit des installations dans les pays. Et nous n'avons qu'une seule occurrence de Unit4 Business World, dans un datacenter au Royaume-Uni".
Graham Kent, DSI de Save the Children en charge des services partagés
Pour Graham Kent, le challenge est aujourd'hui la taille de son organisation et la complexité du nécessaire passage dans le cloud. "Nous utilisons essentiellement la partie financière et le reporting est très complexe, avec 17 000 utilisateurs répartis dans le monde entier. Mais nous mettons à profit la plate-forme au maximum et la version cloud sera salvatrice, parce que cela nous offrira de nombreuses possibilités d'intégration", explique-t-il.
L'organisation utilise des logiciels d'autres fournisseurs, notamment Oracle HR pour la formation, "et nous sommes sur le point de retenir la solution d'un autre éditeur pour la partie achats. Mais Unit4 est le cœur du système, sert de référentiel, et les autres modules d'y connectent". Save the Children est la deuxième plus importante ONG utilisatrice de Unit4. "Nous bénéficions d'un support très important de la part de l'éditeur, ce qui ne serait absolument pas possible s'il s'agissait d'Oracle ou de SAP. Nous avons besoin d'un éditeur comme cela, avec lequel nous pouvons nous engager simplement. En outre, ils ont beaucoup gagné en maturité ces quelques dernières années".
À noter que Unit4 vient de signer il y a quelques jours un partenariat avec la Humanitarian Software Foundation, un éditeur américain spécialisé dans les logiciels liés à l'humanitaire pour élargir son offre en direction des ONG dans le domaine de la logistique.
Benoît Herr