Le syndicat, a présenté il y a quelques jours son observatoire semestriel, réalisé en collaboration avec IDC. Il se félicite de ses près de 300 nouveaux adhérents cette année, révise son chiffre de croissance pour 2018, à +4,1 % (il était estimé à 4,2 % en juin dernier) et s'attend à une croissance de 3,9 % en 2019. Un léger tassement à venir, donc, mais rien d'alarmant, car le secteur reste toujours très dynamique et porteur. Il a représenté 56,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2018, générés par les 28 000 entreprises recensées au 1er janvier dans l'édition de logiciels et le conseil et services. Il est toujours majoritairement composé de TPE et de PME, 54 % de ces entreprises comptant de 1 à 2 salariés et 42 % de 3 à 49 salariés. Seules 3 % des entreprises du secteur comptent entre 50 à 249 salariés et 1 % plus de 250 salariés.

La croissance est soutenue par les projets de transformation numérique, notamment les SMACS (Social, Mobilité, Analystics, Cloud, Sécurité), qui progressent de 15,4 % en 2018 et atteignent 25,8 % du marché des logiciels et services, soit 12 milliards d'euros. En 2019, les SMACS devraient, selon le syndicat, atteindre 28,5 % du marché des logiciels et services et pour cela connaître une croissance de 14,7 %.
Dans le détail
Syntec Numérique fractionne, comme à son habitude, le secteur en trois : le conseil et les services, l'édition de logiciels et le conseil en technologies.
Le conseil et les services (61 % du marché) ont connu en 2018 une croissance de 3,3 % et devraient progresser de 3,0 % en 2019. Côté édition de logiciels (22 % du marché), le secteur a connu 5,3 % de croissance cette année et devrait atteindre 5,1 % l'an prochaine. Le conseil en technologie (17 % du marché) quant à lui, a connu 5,5 % de croissance en 2018 et doit s'attendre à 5,2 % en 2019.
Les SMACS représentent 90 % de la croissance des ESN, tandis que dans l'édition de logiciels les moteurs de croissance sont plutôt le développement du modèle SaaS et la mise sur le marché de nouvelles offres logicielles. Quant au milliard d'euros de chiffre d'affaires annoncé autour du RGPD pour 2018, "il s'est confirmé et on devrait encore atteindre ce chiffre en 2019, pour constater une décroissance à partir de 2020 sur le sujet", estime Godefroy de Bentzmann, président de Syntec Numérique. De son côté, Gilles Mezari, président du collège éditeurs de logiciels, estime "avoir connu une belle progression". Côté conseil en technologies, les moteurs de croissance sont l'ingénierie de process, l'accompagnement de la transformation des modèles d'affaires des clients industriels vers la vente de solutions et le développement de prestations dans le domaine des objets connectés.
Du point de vue social
Le secteur du numérique poursuit son dynamisme en créant des emplois pour la 8ème année consécutive, portant les effectifs du secteur à 474 000 salariés, soit une croissance de 6,3 % (à comparer aux 371 000 emplois en 2010). Syntec Numérique multiplie les initiatives en faveur de l'emploi et de la formation : tout récemment s'est tenue la troisième édition du Day Click, événement destiné à faire découvrir les métiers de demain, les nouvelles technologies et les dernières innovations du secteur à des lycéens, étudiants et personnes en reconversion.

En partenariat avec Pôle Emploi, 4 350 demandeurs d'emplois ont été formés et recrutés dans la branche via les POE (Préparation Opérationnelle à l'Emploi) au cours des neuf premiers mois de 2018 (et près de 20 000 en 5 ans). La Grande Ecole du Numérique a labellisé 410 formations en 2017 et les entreprises adhérentes à Syntec Numérique se sont engagées à recruter 3 000 à 3 500 demandeurs d'emploi dans le cadre du plan 10 000 formations au numérique. Citons d'autres dispositifs encore, comme Talents du Numérique, le programme Femmes du numérique, mon stage numérique, lien numérique, qui ont pour vocation de faire connaître les métiers du numérique au plus grand nombre et d'attirer les talents.
Où est passé le manque de compétences adaptées et les difficultés à recruter dont Syntec Numérique faisait jusqu'ici état (voir Syntec Numérique mise sur 3,6 % de croissance en 2018) ? "Nous constatons que les plans de recrutement se réalisent et ne voyons pas de perte de chiffre d'affaires liée à des difficultés à recruter", estime Benoît Darde, administrateur de Syntec Numérique. "Apparemment, la situation a évolué et les acteurs ont mis les moyens pour recruter". "Mais la chasse aux talents reste un sujet", tempère Thierry Siouffi, vice-président du syndicat. "Le marché reste tendu et les métiers de demain, comme ceux concernant l'IA par exemple, sont une préoccupation".
Responsabilisation de la croissance
Godefroy de Bentzmann se félicite de la collaboration de plus en plus fréquente de Syntec Numérique avec le Cigref. Celle-ci a récemment donné naissance à un référentiel pratique pour les acteurs du numérique intitulé "Éthique et numérique" (paru en octobre dernier). Ce document catégorise les questions d'éthique liées au numérique et invite à la réflexion. Il identifie trois grandes catégories pour une éthique appliquée au numérique : l'éthique "by design", l'éthique des usages et l'éthique sociétale.
Le président explique également que son syndicat appelle à la co-construction et cite le discours du Président de la République, Emmanuel Macron, lors du forum sur la gouvernance de l'Internet le 12 novembre, auquel il adhère : "Réguler ensemble pour bien réguler et privilégier la 'régulation coopérative'". Et de citer, pour illustrer ce mouvement, les nombreux partenariats existant, avec France Num autour des PME/TPE, ou de l'industrie avec l'alliance industrie du futur et le Conseil National de l'Industrie (CNI), avec qui il souhaite créer une filière transverse. Il rappelle l'adhésion à l'appel de Paris pour la confiance et la sécurité dans le cyberespace du même 12 novembre 2018 et au programme gouvernemental d’aide aux victimes de cybermalveillance ACYMA. Dans le domaine, Godefroy de Bentzmann déclare qu'il "est temps de sortir du modèle PoC (Proof of Concept) et de passer à la phase de scale-up".
Enfin, la transformation en cours des acteurs du numérique répond aux enjeux de celle des clients. Pour Benoît Darde, parmi les priorités 2018 de ces entreprises on trouve la définition de nouvelles offres mais aussi les plans de carrière, l'aménagement des locaux, la flexibilité du travail, afin que les collaborateurs se sentent bien dans leur job. "Les indices de satisfaction des équipes se renforcent et sont en progression constante depuis 2014", se satisfait-il.
"Nos entreprises sont engagées et veulent aller encore plus loin", conclut Godefroy de Bentzmann.
Benoît Herr