Cet article traite d'expériences dans le domaine des ERP. Un autre article (à lire ici) fait état d'expériences autour de solutions décisionnelles.
Après une brève introduction de Dominique Dupuis, directrice de la Recherche au CXP, qui a rappelé l'historique de ce rendez-vous annuel qu'est le forum CXP, Patrick Rahali, analyste, a fait une intéressante synthèse de l'évolution qu'ont connue les PGI (Progiciels de Gestion Intégrés) depuis leurs origines dans les années 60/70, jusqu'à la prise en compte du cloud, des plateformes collaboratives et des réseaux sociaux, qui s'opère actuellement. Il a ensuite laissé l'essentiel des développements de cette table ronde aux utilisateurs d'ERP de plusieurs éditeurs : Sage, Oracle, SAP et Generix, en l'occurrence.
Adelya
Philippe Scemama, président d'Adelya - Terre d'hygiène, une PME de 220 personnes dont 100 sur le terrain, générant 50 M€ de CA, est un utilisateur de Sage ERP X3. Spécialisée dans la distribution de produits d'hygiène en B2B, la société s'est beaucoup développée par croissance externe. Étant en contact de longue date avec Adonix, Adelya a intégré l'ERP X3, repris entre temps par Sage, en 2007. "Entre 2007 et 2009, nous avons doublé de taille et réussi à harmoniser simultanément toutes les fonctions back-office régaliennes", explique Philippe Scemama.
(cliquez sur la photo pour l'agrandir)
Il poursuit en constatant que "notre métier est très concurrentiel et comme nous sommes sur des positions moyennes, c'est-à-dire ni parmi les plus gros acteurs ni parmi les acteurs de niche, nous nous attachons à apporter de la valeur ajoutée à nos clients. C'est pourquoi, si notre métier est un peu archaïque, nous essayons de nous moderniser". C'est dans cette optique que trois projets ont été lancés au cours de l'année écoulée, tous tournés vers la vente. Le premier a consisté à développer un site de commandes en ligne. Baptisé e-Adelya, celui-ci est complètement intégré avec l'ERP et tous les utilisateurs de X3 site travaillent en "live" avec le site. "Aujourd'hui, nous doublons tous les mois le nombre des utilisateurs inscrits et notre chiffre d'affaires s'accroît en conséquence", se félicite Philippe Scemama, qui constate aussi que "alors que les forces de vente sont installées dans une routine, le site permet à nos clients de découvrir des produits que les commerciaux ne leur ont pas forcément présentés". Il reconnaît cependant qu'un tel site d’e-commerce "crée aussi des contraintes en interne, car on ne peut pas faire n'importe quoi avec les pièces comptables que cela génère obligatoirement".
Les deux autres projets en cours concernent l'un la gestion des interventions techniques, l'autre les forces de vente. "Nos forces de vente sont équipées d'ordinateurs portables depuis une dizaine d'années et utilisent une solution du marché indépendante. Mais celle-ci créait des contraintes et présentait des lacunes. Nous la remplaçons en ce moment par une application à base de Web services fonctionnant sur iPad". L'application concernant la gestion des interventions techniques passe également par des Web services, mais sur smartphones cette fois. Elle est également interfacée avec l'ERP.
Materis
Groupe de 9 800 personnes générant plus de deux milliards d'euros de chiffre d'affaires, Materis compte parmi les leaders mondiaux de la chimie de spécialités pour la construction. Il décline ses activités, B2B pour l'essentiel, en quatre pôles : mortiers, aluminates, adjuvants et peintures (sous les marques Tollens et Zolpan). À la tête d'une DSI de 60 personnes, Bertrand de Bourqueney anime l'une des rares fonctions transversales de l'entreprise, car les 4 activités sont très indépendantes les unes des autres.
Ayant beaucoup grandi par croissance externe, Materis a cherché à travailler sur la convergence des systèmes ; utilisatrice de JDEdwards depuis 1998, l'entreprise avait à l'époque estimé que les solutions trop spécialisées dans la distribution ne répondaient pas à sa problématique et qu'ils avaient néanmoins besoin de toute la richesse d'un ERP. La short-list incluait quelques grands noms de l'ERP, mais c'est JDEdwards OneWorld qui a emporté la décision, sur des critères de richesse fonctionnelle et de polyvalence. "Le choix de l'ERP est extrêmement important", souligne Bertrand de Bourqueney : "il nous fallait un système très interopérable, pas trop compliqué, avec des écrans relativement simples et une ergonomie conviviale". Et le résultat est là : tout est à l'écran dès l'appel entrant du client. "C'est un élément différenciateur par rapport à notre principal concurrent", conclut Bertrand de Bourqueney. Didier Faure, responsable avant-vente JDEdwards EMEA chez Oracle estime que "le maître mot de l'évolution de la consommation d'ERP est aujourd'hui l'accroissement du nombre des utilisateurs du système dans l'entreprise".
SBP
Composé d'une vingtaine de personnes, le cabinet d'expertise comptable SBP créé par Stéphane Benayoun s'adresse essentiellement à des entreprises : AMD, Vueling ou encore CNRS Editions en font partie. "Nous sommes le plus petit des témoins de cette table ronde et nous sommes équipés d'une solution proposée par le plus gros des éditeurs : SAP", constate Stéphane Benayoun.
En fait, SBP utilise Business ByDesign, la solution on-demand de l'éditeur. De simple utilisateur, au départ, SBP est, en septembre 2010, devenu prescripteur de Business ByDesign pour ses clients, tant Stéphane Benayoun était convaincu de l'intérêt de la solution pour les PME. "Initialement, ça me paraissait 'stratosphérique' d'envisager de travailler avec SAP", commente-t-il.
(cliquez sur la photo pour l'agrandir)
L'idée première était de rendre l'entreprise plus agile, notamment en favorisant l'utilisation de l'outil en mobilité. "Dans ce domaine, il faut une dimension ludique (ou 'gaming') pour que les collaborateurs adoptent plus facilement l'outil. Il est essentiel de mobiliser des équipes", affirme Stéphane Benayoun, qui se fait également l'apôtre du SaaS : "les ERP en mode SaaS sont des cost-killers : le mode SaaS réduit les coûts et rend l'entreprise plus agile". Il ajoute qu'un autre point fondamental lié au SaaS est la réduction de la distance entre les acteurs du système, détenteurs de l'information, et l'utilisateur de celle-ci.
Kindy
Utilisatrice de GCE (Generix Collaborative Enterprise) de Generix, Kindy a implémenté cette solution dès 1999, essentiellement parce que l'ancien système ne passait pas l'an 2000. C'est Nathalie Seguinot, DSI du groupe Kindy, qui a fait état de son expérience lors de cette table ronde. GCE a beaucoup évolué depuis et a permis au groupe de s'adapter aux nombreuses évolutions qu'il a connues ; nous nous sommes déjà fait l'écho de cette adaptabilité et de cette réactivité ici : Multi-canal et SaaS remodèlent Generix. Parmi les projets en cours ou à venir, on peut citer la mise en place du module logistique de GCE et, à plus long terme, celle du module de commandes vocales.
C'est Isabelle Saint Martin, chef de marché ERP au sein de la division MGE (Moyennes et Grandes Entreprises) de Sage, qui a le mieux synthétisé ces différents témoignages : "Ce qu'attendent aujourd'hui les entreprises de leur l'ERP, c'est qu'il les accompagne dans leur développement", a-t-elle constaté. "Et la technologie fait partie intégrante de la création de valeur : les solutions attendues sont composites et non plus monolithiques".
Benoît Herr