Pour Nicky Tozer, VP EMEA de Netsuite, la réponse ne fait aucun doute : "ces trophées sont le reflet du succès de l'acquisition [de Netsuite par Oracle]". Elle confirme par ailleurs le chiffre qu'avançait Karine Picard, VP EMEA applications strategy chez Oracle, de 130 clients dans l'Hexagone (voir Premières annonces de SuiteWorld). "Nous avons connu une croissance importante sur la région EMEA ces 18 derniers mois", affirme la Nicky Tozer. "Lors de l'acquisition, nous n'étions présents qu'au Royaume-Uni. Aujourd'hui, nous sommes dans 15 pays européens. Mais nous avions toutefois des clients dans divers pays via de petits partenaires". Sans doute que Capgemini et sa filiale dédiée Cloud ERP Solutions, créée dès la fin 2015 (voir Netsuite arrive en France) compte au nombre de ces "petits partenaires"... Paul Farrell, VP product marketing de Netsuite confirme la bonne santé de l'Europe : "l'Asie-Pacifique est aussi une région en croissance pour nous, mais l'Europe croît plus rapidement. Quant à la France, elle présente un potentiel important. Et Oracle aide à lancer des pays de ce type ; nous nous sommes rapprochés d'Oracle, mais les équipes de management sont restées. La seule chose vraiment ennuyeuse avec Oracle, c'est que tout est poussé vers les employés... il faut tout faire soi-même", plaisante le dirigeant.
Par ailleurs, la volonté de l'éditeur est d'étendre vers le bas son segment de marché, c'est-à-dire vers les PME. Sans doute est-ce du fait de la segmentation imposée par Oracle, qui destine sa solution Oracle ERP Cloud aux entreprises générant plus de 100 M€ de chiffre d'affaires annuel et Netsuite à celles se situant en dessous (voir aussi Premières annonces de SuiteWorld), même si "nous avons aussi des clients de plus de 100 M€ de CA", se défend Nicky Tozer.
Des utilisateurs primés
Parmi ces 130 clients, la Compagnie du Ponant, qui s'est vu décerner le trophée "anticipation & conformité" des clubs utilisateurs, Quadran (groupe Direct Energie) pour le trophée "Pionniers" et Ecovadis, qui outre le trophée "Agilité", a décroché le trophée des trophées – toutes des PME.
Ecovadis se donne pour mission d'améliorer les pratiques sociales et environnementales des entreprises en s'appuyant sur l'influence des chaînes d'approvisionnement mondiales. L'entreprise édite et gère une plate-forme collaborative destinée à évaluer la performance développement durable des fournisseurs pour les chaînes d'approvisionnement mondiales. Engagée en faveur de la qualité et de l'intégrité, l'entreprise a grandi rapidement : depuis sa création en 2007, elle est devenue le partenaire de confiance des équipes d'achats de plus de 300 multinationales. Ecovadis a mis en place une équipe de pointe, une technologie innovante et une méthodologie d'évaluation RSE originale, couvrant 198 catégories d'achats, 155 pays et 21 indicateurs RSE. De 300 collaborateurs en 2017, elle est passée à quelque 600 aujourd'hui, dont 150 analystes.
Ne disposant pas d'ERP jusqu'en 2017, l'entreprise s'appuyait alors en France sur la solution Cegid Expert, une solution métier destinée aux cabinets d'expertise comptable. Sophie Walch, responsable comptable groupe, recrutée en 2016 pour gérer la comptabilité et la mise en place de l'ERP, ajoute que "sept systèmes différents coexistaient alors dans sept pays".
L'entreprise a donc consulté le marché : "nous avons étudié différentes solutions, dont, outre Netsuite, SAP, Sage et Exact Software. Nous avons eu quelques hésitations, mais au final, notre fond d'investissement aidant, nous avons retenu Netsuite au premier trimestre 2017". Le projet a démarré en mai de la même année et au premier octobre, la France était opérationnelle. Les autres pays ont suivi en janvier 2018. Capgemini a été partenaire sur le projet, mais "nous avons beaucoup fait nous-mêmes et avons recruté un développeur en interne", précise Sophie Walch.
Sophie Walch, responsable comptable groupe, Ecovadis, et son DAF, Chao Lam (cliquez pour agrandir)
Quant à la gestion du changement, "Netsuite nous a obligés à adapter nos processus", souligne Sophie Walch. "Si dans l'ensemble les utilisateurs se sont bien adaptés, une personne ne s'est toutefois pas faite à l'outil et a quitté l'entreprise". Aujourd'hui, les 150 analystes saisissent leurs temps dans Netsuite et on dénombre 380 utilisateurs au total, dans 9 pays.
"De nombreuses choses se sont améliorées depuis le passage à Netsuite", se satisfait Sophie Walch. "Mais il en reste encore à faire et des fonctionnalisés à mettre en place, comme par exemple l'approbation d'une facture fournisseur sur un smartphone". Parmi les évolutions à venir dans un avenir proche, on note aussi l'interfaçage avec la solution de dématérialisation Yooz, avec la solution d''intégration continue Bamboo ou encore avec l'outil interne de facturation fournisseurs, mais aussi la mise en place de la gestion des contrats, celle des temps, la gestion budgétaire... bref, les projets ne manquent pas.
Quant au prix assorti au trophée des trophées remporté par Ecovadis, en l'occurrence un voyage à Oracle World, "nous allons le mettre à profit pour voir ce qui se fait en matière de BI", déclare Sophie Walch.
Se développer à l'international
Outre Ecovadis en France, nombreux sont les clients qui étaient venus témoigner de leur expérience à l'occasion de SuiteWorld, la grande conférence du mois dernier. Parmi eux un certain nombre sont venus expliquer en quoi Netsuite a contribué à leur développement international, un domaine dans lequel l'éditeur se targue d'exceller, en droite ligne avec la thématique principale de la conférence (voir Toute la puissance d'Oracle), axée sur la croissance.
Ainsi en va-t-il de Deliveroo : fondée en 2013 au Royaume-Uni, l'entreprise est aujourd'hui présente dans 14 pays (Royaume-Uni, Pays-Bas, France, Allemagne, Belgique, Irlande, Espagne, Italie, Autriche, Singapore, Émirats Arabes Unis, Hong Kong, Koweit et Taiwan). Cette entreprise de livraison de repas à domicile utilise Netsuite depuis 2016. "Chaque pays a sa propre approche et ses propres contraintes pour la nourriture. Nous avons dû adapter notre modèle d'affaires", explique Avinoam Gal, DSI.
"La culture a un impact important", confirme Pierre-Emmanuel Jacquin, VP Sales, marketing & channel de l'entreprise brésilienne Intelipost Consultoria e Tecnologia de Logistica S.A. Il évolue pourtant dans un tout autre domaine, celui de l'édition de logiciels spécialisés dans la logistique. "Chaque pays a des règles différentes pour les taxes : c'est un facteur différenciant que de les gérer correctement", déclare-t-il. Comprenez que l'outil qu'il utilise en est capable. Cette PME de 100 collaborateurs basée à Sao Paulo ambitionne rien moins que de devenir le leader du SaaS pour la logistique en Amérique Latine à l'horizon 2020, c'est-à-dire demain. Cliente mais également partenaire de Netsuite, Intelipost a démarré en 2016, alors qu'elle ne comptait que 20 employés. "Nous avons multiplié notre CA par 12 depuis", assure Pierre-Emmanuel Jacquin. "Nous disposons d'une solution unifiée, intégrée dans l'écosystème et nombreux sont nos outils intégrés à Netsuite".
Chez Gymshark, une marque de vêtements et accessoires de fitness créée elle aussi au Royaume-Uni, en 2012, Chris Perrins, COO, affirme que "nos ventes à l'international ont cru de 228 % en 2018".
Alors, bien sûr, Netsuite n'est pas le seul responsable de ces réussites, mais y contribue sans doute. Après quelques atermoiements lors de ses débuts, l'éditeur semble donc bien avoir le vent en poupe en Europe et en France, un vent de couleur rouge vermillon.
Benoît Herr